Tribulat Bonhomet

Auguste
뜶
Tribulat Bonhomet, by

Auguste, comte de Villiers de L'Isle-Adam This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org
Title: Tribulat Bonhomet
Author: Auguste, comte de Villiers de L'Isle-Adam
Release Date: December 26, 2005 [EBook #17399]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK TRIBULAT BONHOMET ***

Produced by Credits line: Carlo Traverso, C. Tanguy and the Online Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net

TRIBULAT BONHOMET
par le Comte de Villiers de l'Isle-Adam
?Je m'appelle Légion.? N.T.
Paris, Tresse & Stock, éditeurs. 8, 9, 10, 11, Galerie du Théatre-Fran?ais.

1887
AVIS AU LECTEUR
Nous donnons, aujourd'hui, pour initier le public au CARACTèRE du docteur Bonhomet, d'abord trois nouvelles qui indiquent, à grands traits, l'intime de son individu.
Le Docteur prend, ensuite, lui-même, la parole et nous raconte l'histoire plus qu'étrange de CLAIRE LENOIR,--dont nous lui laissons entièrement la lourde responsabilité.
Plus un éPILOGUE.
Si, comme nous sommes fondés à le craindre, ce Personnage (incontestable, s'il en fut!) obtient quelque vogue, nous publierons, bient?t, non sans regrets, les ANECDOTES dont il est le héros et les APHORISMES dont il est l'auteur.
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM.

AUX CHERS INDIFFéRENTS

LE TUEUR DE CYGNES
?Les cygnes comprennent les signes.? VICTOR HUGO.Les Misérables[1].
[Note 1: Inutile (pensons-nous) d'ajouter qu'en cette authentique citation, ce n'est pas l'Auteur de La Bouche d'ombre qui parle,--mais simplement l'un de ses personnages. Il serait peu juste, en effet, d'attribuer à un Auteur même les prud'homies, monstruosités blasphématoires ou vils jeux de mots--que, pour des raisons spéciales et peut-être hautes--il se résout, tristement, à prêter à certains Ilotes de son imagination.]
A Monsieur Jean MARRAS.
A force de compulser des tomes d'Histoire naturelle, notre illustre ami, le docteur Tribulat Bonhomet avait fini par apprendre que ?le cygne chante bien avant de mourir?.--En effet (nous avouait-il récemment encore), cette musique seule, depuis qu'il l'avait entendue, l'aidait à supporter les déceptions de la vie et toute autre ne lui semblait plus que du charivari, du ?Wagner?.
--Comment s'était-il procuré cette joie d'amateur?--Voici:
Aux environs de la très ancienne ville fortifiée qu'il habite, le pratique vieillard ayant, un beau jour, découvert dans un parc séculaire à l'abandon, sous des ombrages de grands arbres, un vieil étang sacré--sur le sombre miroir duquel glissaient douze ou quinze des calmes oiseaux,--en avait étudié soigneusement les abords, médité les distances, remarquant surtout le cygne noir, leur veilleur, qui dormait, perdu en un rayon de soleil.
Celui-là, toutes les nuits, se tenait les yeux grands ouverts, une pierre polie en son long bec rose, et, la moindre alerte lui décelant un danger pour ceux qu'il gardait, il e?t, d'un mouvement de son col, jeté brusquement dans l'onde, au milieu du blanc cercle de ses endormis, la pierre d'éveil:--et la troupe à ce signal, guidée encore par lui, se f?t envolée à travers l'obscurité sous les allées profondes, vers quelques lointains gazons ou telle fontaine reflétant de grises statues, ou tel autre asile bien connu de leur mémoire.--Et Bonhomet les avait considérés longtemps, en silence,--leur souriant, même. N'était-ce pas de leur dernier chant dont, en parfait dilettante, il rêvait de se repa?tre bient?t les oreilles?
Parfois donc,--sur le minuit sonnant de quelque automnale nuit sans lune,--Bonhomet, travaillé par une insomnie, se levait tout à coup, et, pour le concert qu'il avait besoin de réentendre, s'habillait spécialement. L'osseux et gigantal docteur, ayant enfoui ses jambes en de démesurées bottes de caoutchouc ferré, que continuait, sans suture, une ample redingote imperméable, d?ment fourrée aussi, se glissait les mains en une paire de gantelets d'acier armorié, provenue de quelque armure du Moyen age, (gantelets dont il s'était rendu l'heureux acquéreur au prix de trente-huit beaux sols,--une folie!--chez un marchand de passé). Cela fait, il ceignait son vaste chapeau moderne, soufflait la lampe, descendait, et, la clef de sa demeure une fois en poche, s'acheminait, à la bourgeoise, vers la lisière du parc abandonné.
Bient?t, voici qu'il s'aventurait, par les sentiers sombres, vers la retraite de ses chanteurs préférés--vers l'étang dont l'eau peu profonde, et bien sondée en tous endroits, ne lui dépassait par la ceinture. Et, sous les vo?tes de feuillée qui en avoisinaient les atterrages, il assourdissait son pas, au tater des branches mortes.
Arrivé tout au bord de l'étang, c'était lentement, bien lentement--et sans nul bruit!--qu'il y risquait une botte, puis l'autre,--et qu'il s'avan?ait, à travers les eaux, avec des précautions inou?es, tellement inou?es qu'à peine osait-il respirer. Tel un mélomane à l'imminence de la cavatine attendue. En sorte que, pour accomplir les vingt pas qui le séparaient de ses chers virtuoses, il mettait généralement de deux heures à deux heures et demie, tant il redoutait d'alarmer la subtile vigilance du veilleur noir.
Le souffle des cieux sans étoiles agitait plaintivement les hauts branchages dans les ténèbres autour de l'étang:--mais Bonhomet, sans se laisser distraire
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 43
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.