Thaïs

Anatole France
Thaïs

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Title: Thais
Author: Anatole France
Release Date: August, 2004 [EBook #6377] [Yes, we are more than
one year ahead of schedule] [This file was first posted on December 3,
2002]
Edition: 10
Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK, THAIS ***

Produced by Carlo Traverso, Juliet Sutherland, Charles Franks and the
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ANATOLE FRANCE
THAÏS

TABLE
I. LE LOTUS II. LE PAPYRUS III. L'EUPHORBE

LE LOTUS
En ce temps-là le désert, était peuplé d'anachorètes. Sur les deux rives
du Nil, d'innombrables cabanes, bâties de branchages et d'argile par la
main des solitaires, étaient semées à quelque distance les unes des
autres, de façon que ceux qui les habitaient pouvaient vivre isolés et
pourtant s'entr'aider au besoin. Des églises, surmontées du signe de la
croix, s'élevaient de loin en loin au-dessus des cabanes et les moines s'y
rendaient dans les jours de fête, pour assister à la célébration des
mystères et participer aux sacrements. Il y avait aussi, tout au bord du
fleuve, des maisons où les cénobites, renfermés chacun dans une étroite
cellule, ne se réunissaient qu'afin de mieux goûter la solitude.
Anachorètes et cénobites vivaient dans l'abstinence, ne prenant de
nourriture qu'après le coucher du soleil, mangeant pour tout repas leur
pain avec un peu de sel et d'hysope. Quelques-uns, s'enfonçant dans les
sables, faisaient leur asile d'une caverne ou d'un tombeau et menaient
une vie encore plus singulière.
Tous gardaient la continence, portaient le cilice et la cucule, dormaient
sur la terre nue après de longues veilles, priaient, chantaient des
psaumes, et pour tout dire, accomplissaient chaque jour les
chefs-d'oeuvre de la pénitence. En considération du péché originel, ils
refusaient à leur corps, non seulement les plaisirs et les contentements,

mais les soins mêmes qui passent pour indispensables selon les idées
du siècle. Ils estimaient que les maladies de nos membres assainissent
nos âmes et que la chair ne saurait recevoir de plus glorieuses parures
que les ulcères et les plaies. Ainsi s'accomplissait la parole des
prophètes qui avaient dit: «Le désert se couvrira de fleurs.»
Parmi les hôtes de cette sainte Thébaïde, les uns consumaient leurs
jours dans l'ascétisme et la contemplation, les autres gagnaient leur
subsistance en tressant les fibres des palmes, ou se louaient aux
cultivateurs voisins pour le temps de la moisson. Les gentils en
soupçonnaient faussement quelques-uns de vivre de brigandage et de se
joindre aux Arabes nomades qui pillaient les caravanes. Mais à la vérité
ces moines méprisaient les richesses et l'odeur de leurs vertus montait
jusqu'au ciel.
Des anges semblables à de jeunes hommes venaient, un bâton à la main,
comme des voyageurs, visiter les ermitages, tandis que des démons,
ayant pris des figures d'Éthiopiens ou d'animaux, erraient autour des
solitaires, afin de les induire en tentation. Quand les moines allaient, le
matin, remplir leur cruche à la fontaine, ils voyaient des pas de Satyres
et de Centaures imprimés dans le sable. Considérée sous son aspect
véritable et spirituel, la Thébaïde était un champ de bataille où se
livraient à toute heure, et spécialement la nuit, les merveilleux combats
du ciel et de l'enfer.
Les ascètes, furieusement assaillis par des légions de damnés, se
défendaient avec l'aide de Dieu et des anges, au moyen du jeûne, de la
pénitence et des macérations. Parfois, l'aiguillon des désirs charnels les
déchirait si cruellement qu'ils en hurlaient de douleur et que leurs
lamentations répondaient, sous le ciel plein d'étoiles, aux miaulements
des hyènes affamées. C'est alors que les démons se présentaient à eux
sous des formes ravissantes. Car si les démons sont laids en réalité, ils
se revêtent parfois d'une beauté apparente qui empêche de discerner
leur nature intime. Les ascètes de la Thébaïde virent avec épouvante,
dans leur cellule, des images du plaisir inconnues même aux
voluptueux du siècle. Mais, comme le signe
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