Souvenirs d'un sexagénaire, 
Tome I, by 
 
Antoine Vincent Arnault This eBook is for the use of anyone anywhere 
at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, 
give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg 
License included with this eBook or online at www.gutenberg.org 
Title: Souvenirs d'un sexagénaire, Tome I 
Author: Antoine Vincent Arnault 
Release Date: September 16, 2007 [EBook #22633] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK 
SOUVENIRS D'UN SEXAGÉNAIRE, TOME I *** 
 
Produced by Mireille Harmelin, Eric Vautier and the Online 
Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. This file was 
produced from images generously made available by the Bibliothèque 
nationale de France (BnF/Gallica) 
 
SOUVENIRS D'UN SEXAGÉNAIRE. 
PAR A.V. ARNAULT, DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
TOME PREMIER. 
Verum amo Verum volo diei PLAUTE, Mostellaria 
PARIS. 
LIBRAIRIE DUFEY, RUE DES MARAIS-S.-G. 17. 
1833. 
 
INTRODUCTION. 
Des Mémoires en général, et de quelques Mémoires en particulier.--Du 
but que je me suis proposé en publiant ces Souvenirs. 
Quel est le sens précis de ce mot Mémoires? veut-il dire voilà ce dont je 
me souviens, ou voilà ce dont il importe qu'on se souvienne? 
Dans ce dernier sens, tous les ouvrages qui portent ce titre n'auraient 
pas droit de le garder, et il y a eu pis que de la vanité aux auteurs à le 
leur donner. 
Pour me mettre à l'abri d'un pareil reproche, j'ai cru devoir intituler ce 
livre Souvenirs: c'est au lecteur à juger si ce qui se trouve dans ma 
mémoire mérite d'être conservé dans la mémoire des autres. 
Ce titre me semble plus précis que Mémoires, et il répond parfaitement 
au mot Réminiscences, titre, que des Anglais ont donné à des ouvrages 
de la nature de celui-ci. 
Il est un rapport néanmoins, et cette petite discussion le démontre, sous 
lequel ces mots Mémoires et Souvenirs sont tout-à-fait synonymes: c'est 
qu'ils annoncent que dans le livre en tête duquel ils se trouvent l'auteur 
parlera beaucoup de lui ou de soi. 
Parler de soi fut de tout temps une manie assez générale, et jamais elle 
n'a été plus en vogue qu'aujourd'hui. On trafique aujourd'hui de tout et
même de soi; et quand le soi physique ne peut plus servir de base à 
spéculations, on spécule sur le soi moral, et, se débitant sous une forme 
nouvelle, on donne sur soi des Mémoires qui ne sont pas toujours de soi. 
Un des éditeurs les plus accrédités des romans qui se publient 
journellement sous le titre de Mémoires disait, en achetant le manuscrit 
d'un auteur qui avait travaillé sur soi, et lui témoignait l'intention de 
revoir son travail: «C'est moi que ce soin regarde; laissez-moi faire, je 
vous arrangerai cela; je ferai pour vous comme pour les autres; car, en 
fait de Mémoires, soit dit entre nous, je ne publie que ceux que je fais.» 
En publiant ses Mémoires, fait-on toujours une chose utile à la société? 
La question serait superflue s'il s'agissait des Mémoires de Sully, de 
ceux du cardinal de Retz, ou des Commentaires de César, le plus ancien 
livre connu qu'un auteur ait laissé sur lui-même. 
Qu'un des hommes portés par un génie supérieur à la tête des affaires 
publiques ou au commandement des armées entretienne la postérité de 
l'art auquel il a dû son importance ou sa gloire, de l'art de commander, 
d'administrer ou de gouverner, il en a le droit: ce sont des secrets qu'il 
lui révèle; un franc exposé de ses principes, de ses hauts faits, de ses 
fautes même, ne peut offrir aux lecteurs que d'utiles leçons, que de 
nobles exemples. 
Ainsi en est-il des écrits dont certains moralistes se sont faits l'objet. 
Saint Augustin et Jean-Jacques ont eu droit de parler d'eux, et l'on ne 
lira pas sans profit les Confessions même du dernier, si on sait les lire. 
Mais les utiles leçons qui se mêlent aux étranges écarts avoués par 
Rousseau, qui ne s'en croit pas moins le meilleur des hommes, se 
retrouvent-elles dans beaucoup de Mémoires? 
Quel fruit peut-on retirer, par exemple, des Mémoires du comte de 
Gramont, Mémoires rédigés par Hamilton, sur des notes fournies par 
son beau-frère? Que vous apprennent-ils, sinon que leur héros n'avait 
pas, à beaucoup près, dans le coeur, la délicatesse que son interprète 
avait dans l'esprit, et que telle est la différence des moeurs de notre 
siècle à celles du sien, qu'aujourd'hui un bourgeois se croirait diffamé 
s'il était accusé des espiègleries dont se glorifie ce seigneur?
Modèle d'élégance et de grâces quant à la forme, et monument de 
dissolution quant au fond, ces Mémoires sont néanmoins de la morale 
la plus innocente, comparés à certains Mémoires publiés tout 
récemment. 
Qu'est-ce, en définitive, que les Mémoires du comte de Tilly? Un 
recueil de faits plus scandaleux les uns que les autres. La corruption 
a-t-elle    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
