Sous le burnous, by Hector 
France 
 
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Title: Sous le burnous 
Author: Hector France 
Release Date: February 20, 2006 [EBook #17809] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK SOUS LE 
BURNOUS *** 
 
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SOUS LE BURNOUS
PAR 
HECTOR FRANCE 
 
PARIS G. CHARPENTIER ET Cie ÉDITEURS 13, RUE DE 
GRENELLE, 13 
1886 
 
«Plust à Dieu que nous qui portons les armes prinsions cette coutume 
d'escrire ce que nous voyons et faisons; car il me semble que cela serait 
mieux accomodé de notre main,--j'entends du fait de la guerre,--que 
non pas des gens de lettres, car ils deguisent trop les choses et cela sent 
trop son clerc.» 
BLAISE DE MONTLUC. 
 
SOUS LE BURNOUS 
 
A EDMOND LEPELLETIER 
Vous avez, dans le Réveil, donné une cordiale hospitalité à ces 
souvenirs de ma vie d'Afrique, que vos conseils m'ont engagé à 
recueillir; le mérite, si mérite il y a, vous en revient à vous, qui avez 
aussi porté volontairement le noble harnais de guerre qu'essayent et ont 
de tous temps essayé de bafouer les indignes et les couards. 
Laissez-moi donc, mon cher ami, y inscrire votre nom et vous répéter 
comme à tous, les paroles de Blaise de Montluc: «Or, seigneurs et 
capitaines, qui me ferez cest honneur de me lire, n'y apportez nul mal 
talent; croyez que j'ay dit le vray, sans dérober l'honneur d'autruy. Et 
sçay bien qu'il y en aura qui mettront en dispute mon escrit, pour voir si 
j'auray touché quelque mensonge; si les asseuray-je que j'ay laissé 
infinies particularités à escrire, car je n'avais jamais rien escrit ny pensé
à faire des livres... Je vous supplie, mes bons seigneurs, si mon livre 
tombe entre vos mains, de faire jugement si ce que je dis est vray ou 
faux, car vous en avez veu une partie... Plusieurs vivent, qui ont esté 
mes compagnons d'armes, et plusieurs aussi qui ont marché sous moy, 
tous lesquels peuvent estre fidèles tesmoings de ce que j'ay dit...» 
HECTOR FRANCE. 
 
I 
LE VENTRE 
Il était blanc et poli, un peu élastique, doux à l'oeil et au toucher, jeune 
et sain, un ventre de femme. 
Je ne pourrais l'affirmer cependant et à vrai dire je ne m'en préoccupais 
guère; mais ce dont je me souviens exactement, c'est du couteau, parce 
que longtemps après je l'ai gardé accroché à l'arçon de ma selle. Une 
bonne et solide lame large d'un demi pouce, longue de dix, effilée, 
légèrement recourbée vers la pointe avec une forte poignée de chêne 
que quelque chamelier de Flissa, artiste inconscient, avait orné de 
bizarres arabesques. 
Je me rappelle avoir hésité une minute, puis fermé les yeux, et alors... 
un jet très chaud me cingla le visage. 
Je vois encore le trou béant et la lame ruisselante et il me sembla qu'une 
bise chargée d'aiguilles de glace me fouettait la tête. 
C'étaient mes cheveux qui se dressaient. Pour un coup d'essai, l'on 
pardonnera mon épouvante, j'avais à peine vingt ans. 
Ce qui me terrifiait surtout, c'est que dans la lueur vague flottant sur ce 
corps, je venais d'apercevoir un oeil immobile, vitreux, sinistre, attaché 
sur moi. 
Ah! ce regard, il fallait l'éteindre! je frappai un second coup. Mais il
restait sur moi avec l'implacable ténacité d'un remords, fixe, morne, 
comme un oeil de l'autre monde qui regarde à travers la vitre des 
ombres. 
--Tu baisseras ta paupière maudite! criai-je, je ne veux pas que tu me 
voies! 
Et une troisième fois, je replongeai la lame. 
J'ignorais que ceux qui meurent assassinés s'en vont les yeux ouverts 
comme s'ils ne pouvaient les détacher des choses de la vie et qu'il m'eût 
suffi d'un coup de pouce pour fermer à jamais cette paupière, mais 
jeune et inexpérimenté, je continuai les coups de couteau. 
Je trouais, je trouais, et en trouant cette chair et ces entrailles, passaient 
devant moi comme une nuée de fantômes, des essaims de souvenirs. 
Je pensais à ces héros des temps antiques dont on nous a fait admirer ou 
maudire, sur les bancs de l'école, les glorieux coups de poignard, selon 
que la cause qu'ils ont servie se rapproche on s'éloigne de l'orthodoxie 
officielle; à ces vaillantes légions entrées par la brèche, dans les villes 
affolées et éventrant bravement tout ce qui se trouvait sous leur rage, 
depuis l'enfant dans    
    
		
	
	
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