tomber sur un banc 
de gazon: ses compagnes l'entourent et tâchent de la rassurer; elles la 
complimentent sur l'amour qu'elle a inspiré au roi; mais Sacountalâ, 
oppressée et brûlante, cache sa tête dans ses mains. Pour calmer la 
fièvre laquelle elle est en proie, ses amies l'éventent doucement, lui 
jettent des fleurs fraîches, et, voyant le sommeil descendre sur ses yeux, 
s'éloignent avec précaution sur la pointe du pied. 
SCÈNE VII. 
Après avoir tué l'éléphant, le roi revient; inquiet de ne pas voir 
Sacountalâ, il parcourt la scène à grands pas. Il aperçoit à la fin celle 
qu'il aime, endormie sur les fleurs. Il se rapproche, s'agenouille, 
l'admire dans une contemplation passionnée, tend les mains vers elle et 
lui envoie des baisers; à travers son sommeil, Sacountalâ semble avoir 
conscience du retour de son royal amant: elle soupire, elle tressaille et 
se lève comme en extase, se rapprochant toujours de Douchmanta qui 
l'attire; au bout de quelques pas, elle finit par se trouver entre les bras 
du roi et se réveille avec un mouvement d'effroi et de pudeur. On 
pourrait les voir. Les jeunes brahmes errent dans la forêt. 
Douchmanta, sans l'écouter, lui dit qu'il l'aime éperdûment; mais 
Sacountalâ ne veut pas croire à ses protestations. Un trop grand 
intervalle les sépare, toute union est impossible entre eux; elle essaye 
de se dégager des étreintes du roi, lui échappe, et va se réfugier dans le 
temple. Douchmanta la détache de l'autel, la ramène près du banc de 
mousse, se jette à ses pieds, l'entoure de ses bras et lui promet de 
l'épouser. Elle sera reine dans le beau palais d'Hastinapourou, la ville 
sainte. La jeune fille, comme enivrée, penche sa tête sur l'épaule du roi, 
qui lui met un baiser au front; en même temps, il lui passe au doigt son 
anneau qui lui ouvrira les portes du palais et la fera reconnaître pour 
une fiancée royale. 
SCÈNE VIII.
Pendant la fin de cette scène, le mouni (ermite) Durwasas, personnage 
très-orgueilleux de sa science, et connu dans les poëmes de l'Inde pour 
son extrème irascibilité, traverse la forêt sacrée avec un air de fatigue et 
d'accablement; il est las, il a faim, il a soif, et demande l'hospitalité. Il 
s'incline à plusieurs reprises auprès du groupe amoureux, qui ne prend 
pas garde à lui et reste comme perdu dans son extase. Durwasas, déjà 
mécontent qu'on ne lui rende pas les hommages voulus, est en outre 
choqué de voir profaner de la sorte par un amour coupable la retraite 
des dieux et des sages, et adresse des reproches aux deux amants qui se 
réveillent comme d'un songe. Sacountalâ se précipite aux pieds de 
Durwasas et tâche de le fléchir, mais en vain. Le roi joint ses prières à 
celles de Sacountalâ; mais le courroux du farouche personnage ne 
s'apaise pas. Se laissant aller à un mouvement de colère, Douchmanta 
menace l'ermite, qui se redresse de toute sa hauteur et prononce avec 
des gestes magiques une terrible formule d'imprécation. 
Sous le coup de cette malédiction, la tête du roi paraît se troubler, ses 
yeux deviennent hagards; il repousse Sacountalâ. La puissance de 
Durwasas bouleverse la nature: le ciel se couvre, des lueurs rouges 
brillent, les feuillages de la forêt sacrée s'agitent, et à travers les 
branches on voit se dessiner les formes monstrueuses de rakkasâs 
(mauvais génies) qui grimacent, ricanent et désignent du doigt comme 
maudits le roi et Sacountalâ. 
SCÈNE IX. 
Douchmanta a perdu la raison et la mémoire. Il ne reconnaît plus celle 
qui tout à l'heure il offrait la couronne. C'est ainsi que Durwasas se 
venge de ceux qui le dédaignent ou qui le bravent. 
Les courtisans à la recherche du roi entrent et le trouvent en proie au 
délire. Il se débat entre leurs mains et ils l'emmènent en donnant des 
signes de respect et de douleur. Sacountalâ est tombée évanouie au pied 
d'un arbre. 
SCÈNE X. 
Durwasas, satisfait de son commencement de vengeance, s'approche de
Sacountalâ; profitant de son évanouissement, il retire du doigt de la 
jeune fille l'anneau que le roi lui a remis et va le jeter au loin dans 
l'étang sacré; les jeunes filles, les brahmatcharis, les gourous rentrent 
ayant en tête le sage Canoua. Ils aperçoivent Sacountalâ évanouie, la 
relèvent et la font revenir à elle. Du doigt elle désigne l'ermite dont la 
physionomie exprime toujours le courroux, et raconte Canoua, son père 
adoptif, qu'elle est aimée du roi, qu'elle l'aime et qu'il lui a juré de 
l'épouser; mais Durwasas, offensé involontairement, a, par ses 
maléfices, fait perdre la raison et le souvenir au roi 
Douchmanta.--Durwasas, qui a écouté ce récit, se rapproche du groupe 
et dit:--Jamais ta fille ne sera la femme du roi.--Et qui l'empêcherait? 
répond Canoua.--Moi, réplique Durwasas, les yeux brillants de haine, 
sans se laisser attendrir par les supplications de Sacountalâ    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
