Rose dAmour

Alfred Assollant
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Rose d'Amour

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Title: Rose d'Amour
Author: Alfred Assollant
Release Date: December 18, 2005 [EBook #17344]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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ALFRED ASSOLLANT
ROSE D'AMOUR

PARIS E. DENTU, ��DITEUR LIBRAIRE DE LA SOCI��T�� DES GENS DE LETTRES 3, PLACE DE VALOIS, PALAIS-ROYAL

1889

I
J'avais �� peu pr��s dix ans quand je fis connaissance avec Bernard...
Mais avant tout, madame, il faut que je vous parle un peu de ma famille.
Mon p��re ��tait charpentier, et ma m��re blanchisseuse. Ils n'avaient pour tout bien que cinq filles dont je suis la plus jeune, et une maison que mon p��re batit lui-m��me, sans l'aide de personne, et sans qu'il lui en co?tat un centime. Elle ��tait perch��e sur la pointe d'un rocher qu'on s'attendait tous les jours �� voir rouler au fond de la vall��e, et qui, pour cette raison, n'avait pas trouv�� de propri��taire. Quand j'��tais enfant, j'allais m'asseoir �� l'extr��mit�� du rocher, sur une petite marche en pierre, d'o�� l'on pouvait voir, �� trois cents pieds au-dessous du sol, la plus grande partie de la ville.
Mon p��re, apr��s sa journ��e finie, venait s'asseoir �� c?t�� de moi. Son plaisir ��tait de me prendre dans ses bras et de regarder le ciel, sans rien dire, pendant des heures enti��res. Il ne parlait, du reste, �� personne, except�� �� ma m��re, et encore bien rarement, soit qu'il f?t fatigu�� du travail,--car la hache et la scie sont de durs outils,--soit qu'il pensat, comme je l'ai cru souvent, �� des choses que nous ne pouvions pas comprendre. C'��tait, du reste, un tr��s-bon ouvrier, tr��s-doux, tr��s-exact et qui n'allait pas au cabaret trois fois par an.
Si mon p��re ��tait silencieux, ma m��re en revanche parlait pour lui, pour elle, et pour toute la famille. Comme elle avait le verbe haut et la voix forte, on l'entendait de tout le voisinage; mais ses gestes ��taient encore plus prompts que ses paroles, et d'un revers de main elle r��tablissait partout l'ordre et la paix. Sa main ��tait, r��v��rence parler, comme un vrai magasin de tapes, et la clef ��tait toujours sur la porte du magasin. Au premier mot que nous disions de travers, mes soeurs et moi, la pauvre ch��re femme (que le bon Dieu ait son ame en son saint paradis!) nous choisissait l'une de ses plus belles giffles et nous l'appliquait sur la joue.
Et croyez bien, madame, que nous n'avions pas envie de rire, car ses mains, endurcies par le travail, avaient la pesanteur de deux battoirs. Du reste, bonne femme, qui pleurait comme une Madeleine les jours d'enterrement, et qui aurait donn�� pour mon p��re et pour nous son sang et sa vie; mais quant �� crier, battre et se disputer avec ses voisins, elle n'y aurait pas renonc�� pour un empire.
Mon p��re, qui ��tait la bont�� m��me, voyait et entendait tout sans se plaindre, se contentait de lever quelquefois les ��paules,--ce qui ne le sauvait m��me pas de tout reproche. Mais il ��tait dur �� la peine. Il disait souvent: ?Nous ne sommes pas en ce monde pour avoir nos aises; et, puisque nous ne pouvons pas avoir d'enfants sans nos femmes, il faut savoir supporter nos femmes.? On l'appelait le vieux _Sans-Souci_, parce que jamais personne n'avait pu le mettre en col��re, ni homme, ni enfant, ni cr��ature vivante, et qu'il n'aurait pas donn�� une chiquenaude, m��me �� un chien, except�� pour se d��fendre de la mort.
Un jour, en revenant du lavoir, ma m��re se sentit fort alt��r��e et toute en sueur. Elle but un grand verre d'eau froide, tomba malade et mourut la semaine suivante. Mon p��re la mena au cimeti��re sans pleurer, et revint �� la maison avec mes soeurs et moi. Il nous embrassa toutes, donna les clefs de ma m��re �� ma soeur a?n��e, qui avait d��j�� dix-huit ans, s'assit dans le coin de la chemin��e, et mit sa t��te entre ses mains. A dater de ce jour-l��, le vieux _Sans-Souci_, qui n'avait gu��re parl�� jusque-l��, ne parla plus du tout: il avait l'air de r��ver nuit et jour, et nous-m��mes, intimid��es par son silence, nous ne parlions plus qu'�� voix basse pour ne pas l'interrompre dans ses r��ves.
Cependant mes soeurs se mari��rent l'une apr��s l'autre, quand l'age fut venu, et laiss��rent l�� mon p��re, avec qui je restai
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