Poésies populaires Serbes | Page 3

Auguste Dozon
p 123).
Tzerna Gora, nom serbe du Montenégro.
Tzetigna, rivière de Dalmatie--Tzetigne (au fém. plur. ), Cettigne,
capitale du Montenégro.
Varadin, nom serbe de Petervardein, forteresse de Hongrie.
Vila, espèce de nymphe des bois (Voir note 7 de la 2e partie, p. 120).
Vilindar (Chilendar), monastère de l'Athos, fondé par un tzar serbe.
Voukachine, l'un des grands feudataires des tzars serbes Douchan et
Ouroch, père de Marko Kralievitch.
Zadoujbina, fondation pieuse.(Voir note 9 de la 2e partie, p. 120.)
Zadrouga, association domestique (Voir note 2 de la 4e partie, p. 221.)
_Zagorié_, district de l'Hertzégovine.
Zadar (Zara), ville de Dalmatie.
Yatak, recéleur des haïdouks, qui les héberge et les cache pendant
l'hiver.
INTRODUCTION
I
Les poésies populaires dont le présent recueil contient un choix
restreint, mais fait avec soin, et traduit uniquement sur les originaux[1],
appartiennent à toute la race serbe répandue, sous divers noms, dans la
principauté actuelle de Serbie (_Sèrbia_), la Bosnie, l'Hertzégovine, le
Montenégro (_Tzèrna Gora_), quelques districts de la Bulgarie et de
l'Albanie, la Dalmatie et les provinces méridionales de la Hongrie
(Batchka, Sirmie et Banat). Elles sont encore à l'état de tradition orale,
et le patriote éclairé, M. Vouk Stefanovitch Karadjitch, qui, depuis plus

de quarante ans, s'occupe avec un zèle intelligent et une scrupuleuse
fidélité à les recueillir de la bouche même du peuple, n'a pas encore
entièrement accompli sa tâche, tant la mine où il puise est abondante,
tant aussi l'accès en est parfois difficile, tant il faut de patience et de
sagacité pour faire un choix parmi les matériaux qu'elle fournit[2].
Pour juger ces poésies, pour les goûter même, et surtout pour
comprendre leur valeur comme documents de l'histoire littéraire
générale, il est indispensable de connaître certaines circonstances qui se
rattachent à leur origine et à leur composition. Les détails qui suivent,
empruntés à leur savant éditeur[3], sont les plus propres à mettre le
lecteur au courant de ces circonstances. J'y ajouterai ensuite quelques
remarques qui me sont personnelles.
«Toutes nos poésies populaires, dit M. Vouk, se divisent en chants
héroïques (_pèsmè ïounatchké_) que les hommes chantent (ou plutôt
déclament, comme je le dirai plus loin) en s'accompagnant de la
_gouslé_, et en poésies domestiques ou féminines (_jénské_), que
chantent non-seulement les femmes et les jeunes filles, mais aussi les
hommes, particulièrement les jeunes gens, le plus souvent à deux voix.
Ceux qui chantent les poésies féminines le font pour leur propre
amusement, tandis que les poésies héroïques sont destinées à des
auditeurs; c'est pourquoi, dans les premières, on a surtout égard à la
partie musicale, à la mélodie, et dans les secondes, à l'expression
poétique.
«Aujourd'hui, c'est dans la Bosnie, l'Hertzégovine, le Montenégro et les
régions montagneuses du midi de la Serbie, que le goût pour les poésies
héroïques est le plus vif et le plus général. Actuellement encore, dans
ces contrées, il est à peine une maison où l'on ne trouve une _gouslé_,
qui surtout ne manque jamais dans les stations des pâtres; et il serait
difficile d'y trouver un homme qui ne sût pas jouer de cet instrument,
chose même que beaucoup de femmes et de jeunes filles sont en état de
faire. Dans les districts inférieurs de la Serbie (ceux qui avoisinent le
Danube et la Save), les _gouslé_ deviennent déjà plus rares, bien que je
pense que dans chaque village (surtout sur la rive gauche de la Morava),
on en trouverait au moins une.

«Pour ce qui est de la Sirmie, de la Batchka et du Banat, les aveugles
sont les seuls qui y possèdent des _gouslé_, et encore doivent-ils
apprendre à en toucher et la plupart ne s'en servent-ils que pour
accompagner des complaintes; toute autre personne regarderait comme
une honte d'avoir dans sa maison un instrument d'aveugle. Aussi, dans
les pays que je viens de nommer, les poésies héroïques (ou, comme on
les y appelle déjà, d'aveugles) ne sont-elles chantées que par des
mendiants privés de la vue, ou par des femmes qui ne font point usage
de la _gouslé_. Cela explique pourquoi les poésies héroïques se
chantent plus mal et sont plus corrompues dans la Sirmie, la Batchka et
le Banat, qu'en Serbie, et en Serbie, aux environs du Danube et de la
Save, plus que dans l'intérieur des terres, en Bosnie et en Hertzégovine
surtout....
«La poésie domestique ou féminine, à ce que je crois, est surtout
répandue là où l'autre l'est moins, et dans les villes de la Bosnie; car de
même que dans les contrées qui bordent le Danube et la Save, les
moeurs des hommes se sont adoucies, de même dans les autres (les
villes exceptées), le caractère des femmes a conservé plus de rudesse, et
la guerre, plus que l'amour, occupe la pensée de la population. Une
autre raison encore, c'est que là les femmes vivent plus dans la société.
Ajoutons
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