Phénissa 
 
The Project Gutenberg EBook of Phénissa, by Remy de Gourmont This 
eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no 
restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it 
under the terms of the Project Gutenberg License included with this 
eBook or online at www.gutenberg.org 
Title: Phénissa 
Author: Remy de Gourmont 
Release Date: January 18, 2006 [EBook #17542] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK PHÉNISSA 
*** 
 
Produced by Carlo Traverso, Pierre Lacaze and the Online Distributed 
Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. This file was produced 
from images generously made available by the Bibliothèque nationale 
de France (BnF/Gallica) 
 
LE PÈLERIN DU SILENCE 
REMY DE GOURMONT
LE PÈLERIN 
DU 
SILENCE 
ORNÉ D'UN FRONTISPICE D'ARMAND SEGUIN 
PARIS 
SOCIÉTÉ DV MERCVRE DE FRANCE XV, RVE DE 
L'ÉCHAUDÉ-SAINT-GERMAIN, XV 
M DCCC XCVI 
[Illustration] 
 
PHÉNISSA 
HISTOIRE TRAGIQUE DE LA PRINCESSE PHÉNISSA 
* EXPLIQUÉE EN QUATRE ÉPISODES * 
Le prince PHÉBOR. La princesse PHÉNA. PHÉNISSA, fille de Phéna 
et femme de PHÉBOR. LE MESSAGER. LES SUIVANTES. LA 
PETITE. LE PAUVRE. Soldats et valets. 
Cela se passait autrefois. 
 
PREMIER ÉPISODE 
(Phéna est assise au seuil du palais. Ses femmes l'entourent. 
Quelques-unes causent deux à deux. Les plus jeunes, avec des rires et 
des cris, jouent à colin-maillard. Une petite, agenouillée sur le coussin 
où Phéna pose ses pieds, assemble un bouquet de jasmins, d'oeillets et 
de diverses fleurs.)
PHÉNA 
Suis-je belle? Regarde-moi bien. 
LA PETITE 
Oh! oui, tout à fait belle. 
PHÉNA 
Comme quoi? 
LA PETITE 
Je ne sais pas, moi. Oh! oui, comme un verger d'automne, comme les 
belles pommes rouges et bien mûres qui tombent, qui tombent, et qu'on 
emporte au pressoir. 
PHÉNA 
Petite, regarde-moi bien. Suis-je belle? 
LA PETITE 
Prenant la main de Phéna et la baisant cordialement. 
Oh! oui, tout à fait belle. 
PHÉNA 
Belle comme quoi encore? 
LA PETITE 
Belle comme tout! 
PHÉNA 
Que tu es sotte! Sais-tu à quoi je me compare, moi? A une louve, à une
belle louve aux yeux sanglants, aux dents aiguës et blanches,--oui, à 
une louve! 
LA PETITE 
Vous me faites peur! 
PHÉNA 
Si tu as peur, tais-toi! Pour qui ces fleurs? 
LA PETITE 
Pour Phénissa. 
PHÉNA 
Donne-les moi. 
LA PETITE 
Oh! non, c'est pour Phénissa. D'autres, si vous voulez, toutes les autres, 
mais celles-là, c'est pour Phénissa. 
PHÉNA 
Insupportable petite mauvaise tête! Tiens, va-t'en, toi et tes fleurs. 
(La petite s'éloigne. Au même instant, la trompe du guetteur se fait 
entendre au haut de la tour: Phéna sursaute, les conversations et les jeux 
se taisent; toutes les femmes s'avancent et bientôt crient:) 
Le voilà! Le voilà! Oh! comme il court! Il court comme le vent. 
(Phéna se lève, puis se rassied, quand le messager paraît. Deux femmes 
descendent vers lui, essuient la sueur de son front, lui font boire un 
cordial, puis l'amènent devant Phéna.) 
PHÉNA
Tu les as vus? 
LE MESSAGER 
Je les ai vus. Ils ne sont pas loin maintenant, mais les chemins sont 
mauvais, leurs chevaux sont fatigués et la chaleur les incommode. 
PHÉNA 
Phénissa doit être bien lasse. Un si long pèlerinage! Des bords du Rhin 
à Saint-Jacques de Compostelle! Elle doit être pâle, malade, peut-être? 
Elle doit être devenue laide. Le soleil l'aura hâlée; je la vois, le visage 
tout couvert de taches de son, la peau brûlée... 
LE MESSAGER 
Nullement. Elle est fraîche comme la rosée. 
PHÉNA 
Ah! Et le prince Phébor? Il doit être vaillant comme au premier jour! 
LE MESSAGER 
Nullement. C'est lui qui est pâle et las; son regard a été un peu triste, 
mais sa bouche m'a souri. 
PHÉNA 
Sa bouche doit être amère. Les fruits verts sont amers... Enfin, tu l'as vu 
et il va revenir. Maintenant, répète-moi ses paroles, les paroles de 
salutation qu'il m'adresse. 
LE MESSAGER 
Il n'a rien dit. 
PHÉNA
Ah! 
LE MESSAGER 
Il m'a souri, et voilà tout. Mais Phénissa m'a dit: «Tu baiseras pour moi 
la main de ma mère.» 
PHÉNA 
Voici ma main, fille révérentieuse. _(Le Messager s'agenouille et baise 
la main que lui tend Phéna.)_ Qu'on traite le messager comme un favori. 
Allez, toutes, j'attendrai seule l'arrivée de mes enfants. 
LE MESSAGER 
Ils seront ici avant le coucher du soleil. 
(Les femmes de Phéna s'emparent du messager et amoureusement lui 
font fête. Elles chantent, en se retirant avec lui:) 
Les sirènes Etaient trois reines, Chacune a choisi son roi. 
Les sirènes Etaient trois reines, Choisis ta reine, ô messager! 
Les sirènes Etaient trois reines, Choisis ta reine, ô messager! 
Les sirènes Etaient trois reines, O messager, sois notre roi! 
PHÉNA 
Prince Phébor sois mon roi! Sois toujours mon roi, comme jadis! Jadis! 
Quelques semaines ont fait du glorieux passé un jadis... (_Elle se dresse, 
inquiète_.) Non, je suis bien seule et nul n'a pu m'entendre, nul que lui, 
peut-être, à travers les    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
