souverains réunis en congrès à Francfort, n'étant pas encore 
terminées, nous avons pensé qu'il n'en était aucune qui fût plus 
convenable que d'adresser la présente à votre A. Em., afin qu'elle en 
fasse part aux deux collèges. En effet, quel organe pouvions-nous plus 
naturellement choisir, que celui d'un prince à la sagesse duquel a été 
confié le soin de préparer le premier statut fondamental? Nous aurions 
attendu que ce statut eût été arrêté par le congrès, et nous eût été donné 
en communication, s'il ne devait pas contenir des dispositions qui nous 
regardent personnellement. Cela seul a dû nous porter à prendre 
nous-même l'initiative pour soumettre nos sentimens et nos réflexions à 
la sagesse des princes confédérés. 
Lorsque nous avons accepté le titre de protecteur de la confédération du 
Rhin, nous n'avons eu en vue que d'établir en droit ce qui existait de fait 
depuis plusieurs siècles. En l'acceptant, nous avons contracté la double 
obligation de garantir le territoire de la confédération contre les troupes 
étrangères et le territoire de chaque confédéré contre les entreprises des 
autres. Ces observations, toutes conservatrices, plaisent à notre coeur; 
elles sont conformes à ces sentimens de bienveillance et d'amitié dont 
nous n'avons cessé, dans toutes les circonstances, de donner des 
preuves aux membres de la confédération. Mais là se bornent nos 
devoirs envers eux. Nous n'entendons en rien nous arroger la portion de
souveraineté qu'exerçait l'empereur d'Allemagne comme suzerain. Le 
gouvernement des peuples que la providence nous a confié, occupant 
tous nos momens, nous ne saurions voir croître nos obligations sans en 
être alarmé. Comme nous ne voulons pas qu'on puisse nous attribuer le 
bien que les souverains font dans leurs états, nous ne voulons pas non 
plus qu'on nous impute les maux que la vicissitude des choses 
humaines peut y introduire. Les affaires intérieures de chaque état ne 
nous regardent pas. Les princes de la confédération du Rhin sont les 
souverains qui n'ont point de suzerain. Nous les avons reconnus comme 
tels. Les discussions qu'ils pourraient avoir avec leurs sujets, ne 
peuvent donc être portées à un tribunal étranger? La diète est le tribunal 
politique, conservateur de la paix entre les différens souverains qui 
composent la confédération. Ayant reconnu tous les autres princes qui 
formaient le corps germanique, comme souverains indépendans, nous 
ne pouvons reconnaître qui que ce soit comme leur suzerain. Ce ne sont 
point des rapports de suzeraineté qui nous lient à la confédération, mais 
des rapports de simple protection. Plus puissant que les princes 
confédérés, nous voulons jouir de la supériorité de notre puissance, non 
pour restreindre leurs droits de suzeraineté, mais pour leur en garantir 
la plénitude. 
Sur ce, nous prions Dieu, mon frère, qu'il vous ait en sa sainte et digne 
garde. 
NAPOLÉON. 
 
Au palais de Saint-Cloud, le 21 septembre 1806. 
A.S.M. le roi de Bavière. 
Monsieur mon frère! 
Il y a plus d'un mois que la Prusse arme, et il est connu de tout le 
monde qu'elle arme contre la France et contre la confédération du Rhin. 
Nous cherchons les motifs sans pouvoir les pénétrer. Les lettres que S. 
M. prussienne nous écrit sont amicales; son ministre des affaires
étrangères a notifié, à notre envoyé extraordinaire et ministre 
plénipotentiaire, qu'elle reconnaissait la confédération du Rhin, et 
qu'elle n'avait rien à objecter contre les arrangemens faits dans le midi 
de l'Allemagne. 
Les armemens de la Prusse sont-ils le résultat d'une coalition avec la 
Russie, ou seulement des intrigues des différens partis qui existent à 
Berlin, et de l'irréflexion, du cabinet? Ont-ils pour objet de forcer la 
Hesse, la Saxe et les villes anséatiques à contracter des liens que ces 
deux dernières puissances paraissent ne pas vouloir former? La Prusse 
voudrait-elle nous obliger nous-même à nous départir de la déclaration 
que nous avons faite, que les villes anséatiques ne pourront entrer dans 
aucune confédération particulière; déclaration fondée sur l'intérêt du 
commerce de la France et du midi de l'Allemagne, et sur ce que 
l'Angleterre nous a fait connaître que tout changement dans la situation 
présente des villes anséatiques, serait un obstacle de plus à la paix 
générale? Nous avons aussi déclaré que les princes de la confédération 
germanique, qui n'étaient point compris dans la confédération du Rhin, 
devaient être maîtres de ne consulter que leurs intérêts et leurs 
convenances, qu'ils devaient se regarder comme parfaitement libres, 
que nous ne ferions rien pour qu'ils entrassent dans la confédération du 
Rhin, mais que nous ne souffririons pas que qui que ce fût les forçât de 
faire ce qui serait contraire à leur volonté, à leur politique, aux intérêts 
de leurs peuples. Cette déclaration si juste aurait-elle blessé le cabinet 
de Berlin, et voudrait-il nous obliger à la rétracter! Entre tous ces 
motifs, quel peut être le véritable? Nous ne saurions le deviner, et 
l'avenir seul pourra révéler le secret d'une conduite aussi    
    
		
	
	
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