Notre-Dame-d'Amour 
 
The Project Gutenberg EBook of Notre-Dame-d'Amour, by Jean 
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Title: Notre-Dame-d'Amour 
Author: Jean Aicard 
Release Date: June 19, 2006 [EBook #18627] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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NOTRE-DAME-D'AMOUR *** 
 
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JEAN AICARD 
NOTRE-DAME-D'AMOUR
PARIS 
E. FLAMMARION, ÉDITEUR 
26, RUE RACINE (PRÈS L'ODÉON) 
 
DEDICACE 
À MADEMOISELLE MADELEINE AICARD 
Ma bonne vieille tante, 
Pourquoi je vous dédie ce livre? Parce qu'on y voit passer deux figures 
qui, je le sais, vous toucheront. 
C'est, d'abord, dans la chapelle abandonnée, la pauvre statuette de 
Notre-Dame-d'Amour. 
C'est, ensuite, la vieille mère du gardian Pastorel.... Ne trouvez-vous 
pas qu'elle ressemble un peu à la vôtre, à ma grand'mère? Et n'est-ce 
pas que, pour cela, vous aimerez mon livre? 
Votre neveu dévoué, 
JEAN AICARD. 
 
NOTRE-DAME-D'AMOUR 
 
I 
NOTRE-DAME-D'AMOUR. 
Zanette, c'était son nom de Jeanne, de Jeannette, comme elle le 
prononçait en zézayant, lorsqu'elle était toute petite. Tel il lui était resté. 
Ce qui, aussi, lui était resté, c'était sa grâce d'enfance, on ne sait quoi de
tout mignon, de plus jeune qu'elle-même. Elle était belle de ses beaux 
seize ans, de son profil de Grecque, et de ses cheveux noirs, qui, sous le 
hennin à l'arlésienne, pendaient lourdement sur la blancheur dorée de 
son cou. 
Elle avait seize ans avec l'air d'en avoir douze. Pourtant, on sentait la 
vie jeune et forte palpiter dans la chapelle, c'est-à-dire dans 
l'entre-bâillement des fichus aux plis innombrables, qui laissent voir un 
peu de la poitrine nue sur laquelle brille la croix d'or suspendue à la 
chaînette des grand'mères. 
Zanette vivait à la ferme de la Sirène, bien tranquille à soigner ses 
poules, ses lapins, auprès de son père, maître Augias, le bayle. À 
l'ordinaire elle allait en Arles tous les dimanches. 
Et bien souvent, assise au bord du Petit Rhône, seule, sous les saules et 
les aubes, elle rêvait en regardant l'eau, l'eau qui s'en allait vers la mer, 
vers la mer si grande, où des bateaux vont et viennent, comme des bêtes 
de rêve, comme de grands oiseaux aux ailes blanches.... Un songe 
d'inconnu accompagnait toujours Zanette. Ses beaux seize ans 
espéraient. 
...N'est-ce pas qu'elle porte un joli nom, la ferme de la Sirène? La 
Sirène (la Sereno) si vous interrogez les paysans, ils vous le diront, est 
un oiseau de passage, qui jamais ne s'arrête chez nous, et qui traverse 
seulement notre ciel, très haut. Quelquefois, le laboureur, en novembre, 
arrête son attelage, parce qu'il a entendu une harmonie lointaine, 
confuse, comme un son prolongé de viole ou de mandoline.... 
Et il écoute, en rêvant.... 
Ce sont les sirènes qui passent là-haut, tout là-haut. Elles sont plus 
petites que des tourterelles et leurs plumes miroitantes ont toutes les 
couleurs de l'arc-en-ciel. On ne sait pas si la musique qu'elles font sort 
de leur gosier ou vient simplement de le vibration de leurs ailes. On 
croit plutôt que leur vol est harmonieux. Leur voix y ajoute une seule 
note qui, de temps en temps, scande et domine la mélodie des ailes.... 
Un jour, dit-on, comme on venait à peine de construire le château et sa
ferme, une sirène un instant se posa sur le bouquet de tamaris en fleurs 
que les maçons plantent au bout d'une perche, sur la toiture, dès qu'elle 
est achevée. Et le château, et la ferme qui le touche, furent, voilà bien 
longtemps, baptisés du nom qu'ils portent encore. 
Entre la ferme et la château, une vieille chapelle décrépite, où jadis on 
disait la messe, se dresse, étroite et longue. 
On la dirait bâtie sur le modèle des huttes camarguaises. 
Les huttes sont en «tape», en argile desséchée, recouvertes de roseaux, 
et la chapelle est en moellons, et recouverte de pierres plates, mais les 
deux toits ont la même forme, celle d'un bateau long, la quille en l'air; 
et sur leurs toitures, les cabanes, aussi bien que la chapelle, portent 
toutes une croix penchée, comme renversée en arrière. Toutes ces croix 
penchantes font songer au mistral éternel qui incline ainsi un peu tous 
les arbres des plaines provençales, dans la même direction. Tous ils 
gardent un peu la marque du vent maître, «magistral», à qui les 
Romains avaient élevé un temple, comme à la puissance divine, 
protectrice de ce pays qu'il balaye et assainit sans cesse.... Elles 
donnent encore, les petites croix qu'on plante ainsi à dessein penchées, 
l'impression des    
    
		
	
	
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