Napoléon Le Petit, by Victor 
Hugo 
 
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Title: Napoléon Le Petit 
Author: Victor Hugo 
Release Date: July 11, 2007 [EBook #22048] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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NAPOLÉON LE PETIT *** 
 
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NAPOLÉON LE PETIT
VICTOR HUGO 
ÉDITION DÉFINITIVE D'APRÈS LES MANUSCRITS ORIGINAUX 
PARIS 
J. HETZEL & Cie--A. QUANTIN 
1882 
 
LIVRE PREMIER 
L'HOMME 
 
I 
LE 20 DÉCEMBRE 1848 
Le jeudi 20 décembre 1848, l'assemblée constituante, entourée en ce 
moment-là d'un imposant déploiement de troupes, étant en séance, à la 
suite d'un rapport du représentant Waldeck-Rousseau, fait au nom de la 
commission chargée de dépouiller le scrutin pour l'élection à la 
présidence de la république, rapport où l'on avait remarqué cette phrase 
qui en résumait toute la pensée: «C'est le sceau de son inviolable 
puissance que la nation, par cette admirable exécution donnée à la loi 
fondamentale, pose elle-même sur la constitution pour la rendre sainte 
et inviolable»; au milieu du profond silence des neuf cents constituants 
réunis en foule et presque au complet, le président de l'assemblée 
nationale constituante, Armand Marrast, se leva et dit: 
«Au nom du peuple français, 
«Attendu que le citoyen Charles-Louis-Napoléon Bonaparte, né à Paris, 
remplit les conditions d'éligibilité prescrites par l'article 44 de la 
constitution;
«Attendu que, dans le scrutin ouvert sur toute l'étendue du territoire de 
la république pour l'élection du président, il a réuni la majorité absolue 
des suffrages; 
«En vertu des articles 47 et 48 de la constitution, l'assemblée nationale 
le proclame président de la république depuis le présent jour jusqu'au 
deuxième dimanche de mai 1852.» 
Un mouvement se fit sur les bancs et dans les tribunes pleines de 
peuple; le président de l'assemblée constituante ajouta: 
«Aux termes du décret, j'invite le citoyen président de la république à 
vouloir bien se transporter à la tribune pour y prêter serment.» 
Les représentants qui encombraient le couloir de droite remontèrent à 
leurs places et laissèrent le passage libre. Il était environ quatre heures 
du soir, la nuit tombait, l'immense salle de l'assemblée était plongée à 
demi dans l'ombre, les lustres descendaient des plafonds, et les 
huissiers venaient d'apporter les lampes sur la tribune. Le président fit 
un signe et la porte de droite s'ouvrit. 
On vit alors entrer dans la salle et monter rapidement à la tribune un 
homme jeune encore, vêtu de noir, ayant sur l'habit la plaque et le 
grand cordon de la légion d'honneur. 
Toutes les têtes se tournèrent vers cet homme. Un visage blême dont 
les lampes à abat-jour faisaient saillir les angles osseux et amaigris, un 
nez gros et long, des moustaches, une mèche frisée sur un front étroit, 
l'oeil petit et sans clarté, l'attitude timide et inquiète, nulle ressemblance 
avec l'empereur; c'était le citoyen Charles-Louis-Napoléon Bonaparte. 
Pendant l'espèce de rumeur qui suivit son entrée, il resta quelques 
instants la main droite dans son habit boutonné, debout et immobile sur 
la tribune dont le frontispice portait cette date: 22, 23, 24 février, et 
au-dessus de laquelle on lisait ces trois mots: Liberté, Égalité, 
Fraternité. 
Avant d'être élu président de la république, Charles-Louis-Napoléon
Bonaparte était représentant du peuple. Il siégeait dans l'assemblée 
depuis plusieurs mois, et, quoiqu'il assistât rarement à des séances 
entières, on l'avait vu assez souvent s'asseoir à la place qu'il avait 
choisie sur les bancs supérieurs de la gauche, dans la cinquième travée, 
dans cette zone communément appelée la Montagne, derrière son 
ancien précepteur, le représentant Vieillard. Cet homme n'était pas une 
nouvelle figure pour l'assemblée, son entrée y produisit pourtant une 
émotion profonde. C'est que pour tous, pour ses amis comme pour ses 
adversaires, c'était l'avenir qui entrait, un avenir inconnu. Dans l'espèce 
d'immense murmure qui se formait de la parole de tous, son nom 
courait mêlé aux appréciations les plus diverses. Ses antagonistes 
racontaient ses aventures, ses coups de main, Strasbourg, Boulogne, 
l'aigle apprivoisé et le morceau de viande dans le petit chapeau. Ses 
amis alléguaient son exil, sa proscription, sa prison, un bon livre sur 
l'artillerie, ses écrits à Ham, empreints, à un certain degré, de l'esprit 
libéral, démocratique et socialiste, la maturité d'un âge plus sérieux; et 
à ceux qui rappelaient ses folies ils rappelaient ses malheurs. 
Le général Cavaignac, qui, n'ayant pas été nommé président, venait de 
déposer le pouvoir au sein de l'assemblée avec ce laconisme tranquille 
qui sied    
    
		
	
	
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