Mémoire pour le service actuel des messageries | Page 3

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les vices invétérés des anciens usages des précédentes exploitations.
La Régie à laquelle elle succédoit lui livra une grande quantité de chevaux, mais exténués & presque tous à réformer; par conséquent elle se vit obligée, dès son entrée en jouissance, à des remplacemens considérables, & d'autant plus chers, que les besoins étoient pressans à l'entrée d'un hiver si pluvieux que les chemins étoient devenus impraticables; à la seconde année, il ne lui restoit pas 200 chevaux des 1010 qu'elle avoit re?us de la Régie.
Les Fermiers avoient été obligés de reprendre toutes les voitures des anciennes Messageries que M. Turgot avoit fait réformer en 1775, & qui n'ont jamais servi depuis; celles qui étoient en activité étoient d'une construction si lourde, que les Ma?tres de poste, qui avoient été forcés par l'autorité de les conduire, refusèrent absolument de continuer ce service, aussi-t?t qu'ils apprirent que les Messageries étoient en ferme, quoique les conditions du bail fussent que les Ma?tres de poste continueroient pendant un an cette conduite, aux mêmes prix que ceux de la Régie. Cette contradiction, pour laquelle ils ne purent obtenir justice ni protection, exposa les fermiers à l'inquiétude de voir le service public au moment d'être interrompu. Ce ne fut qu'à force de sacrifices d'argent, qu'ils engagèrent les Ma?tres de poste à ne pas leur refuser leur secours, & en envoyant des chevaux dans les endroits où absolument ils s'y refusèrent.
Les Fermiers se déterminèrent bient?t à faire construire d'autres voitures, d'une forme plus légère & plus commode; ils en firent venir d'Angleterre pour leur servir de modèles; & en deux années, ils parvinrent à monter la plus grande partie de leurs routes en nouvelles voitures, & à renouveller tous leurs chevaux.
La première année avoit été ruineuse, par les remplacemens de chevaux & de voitures, par les dépenses extraordinaires que les refus des Ma?tres de poste leur avoient occasionnées, & par l'état des chemins que les pluies avoient rendus impraticables. La seconde fut encore plus désastreuse, par l'abondance des neiges & la rigueur de ce long hiver, & par les efforts considérables qu'ils firent pour satisfaire aux transports d'espèces & de piastres dont le Gouvernement avoit le plus grand besoin; ce qui détermina les Fermiers à tripler le nombre de leurs chevaux & voitures, pour, malgré les obstacles des neiges, faire arriver de Bayonne au Trésor Royal jusqu'à 2 millions par semaine.
Enfin, la troisième année fut la plus malheureuse & la plus chère de toutes, par la perte totale des récoltes, ce qui fit monter les fourrages à des prix où jamais on ne les avoit vus.
C'est au milieu de ces désastres que les Fermiers ne perdirent pas courage & qu'ils ne cessèrent de s'occuper des changements à faire dans leur service, pour lui donner plus d'activité, d'ensemble & d'utilité pour le Public & pour le commerce.
[En marge: Réunion dans un seul local des établissemens divisés dans Paris.]
Ils avoient éprouvé les inconvénients de la dispersion de leurs établissements dans les différents quartiers de Paris, tant pour leur surveillance que pour le Public.
Ils présentèrent au Ministre un Mémoire pour obtenir l'autorisation de réunir dans un seul local au centre de Paris, tous leurs bureaux d'exploitation, d'administration & de comptabilité, & même tous leurs ateliers de constructions, afin d'avoir tout sous leurs yeux, & que le Public e?t un seul point de réunion & n'e?t plus à courir les quatre coins de Paris, lorsqu'il auroit des renseignements à demander.
Ce plan plut au Ministre, il l'approuva & il fit rendre un arrêt du Conseil, qui autorisa les Fermiers à donner congé de toutes les maisons dispersées que la Régie avoit louées, ils payèrent une année de dédommagement aux propriétaires de ces maisons.
[En marge: Acquisition de l'h?tel Boulainvilliers.]
Les Fermiers firent l'acquisition de l'h?tel Boulainvilliers, pour y établir tous leurs bureaux, ils louèrent pour 18 ans le terrein des Petits-Pères, sur lequel ils firent construire les batiments convenables aux atteliers de tous les travaux de leur exploitation.
M. Turgot avoit eu ce projet de réunion; il vouloit acheter l'h?tel Bouillon & une grande partie du terrein des Petits Augustins qui y est contigu: ce projet étoit beau, mais l'exécution auroit co?té quatre fois plus que n'a co?té celui qui existe aujourd'hui & qui remplit l'objet à la satisfaction du Public.
Tous ces travaux ont été achevés en moins d'une année & les bureaux établis.
Ils ont co?té aux Fermiers avec l'acquisition de l'h?tel, près de 1,300,000 livres.
[En marge: Le Roi en fait l'acquisition.]
[En marge: Les Fermiers chargés de toutes les réparations & entretiens.]
Les plans en furent mis sous les yeux du Roi après que le Ministre eut visité & applaudi à tous les détails, à son exécution & à son utilité. Le Roi consentit à en faire l'acquisition, mais sous la condition que les Fermiers & leurs successeurs seroient chargés des entretiens & réparations grosses & menues comme
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