a cherchées? Tout 
ce qu'on peut dire, c'est qu'ils n'ont pas pour ces choses autant d'avidité 
que les autres nations. On voit même parmi eux de la vaisselle d'argent, 
qui a été donnée à leur ambassadeurs ou à leurs princes; mais ils n'en 
font pas plus de cas que de celle de terre. Ceux qui demeurent sur nos 
frontières recherchent l'argent comme moyen de commerce, et 
connaissent certaines pièces anciennes de notre monnaie, qu'ils aiment 
mieux que les autres, par exemple celles qui portent la marque d'une 
scie ou d'un chariot. Ceux qui habitent plus avant dans le pays
négocient avec la simplicité des premiers hommes, par échange. Ils 
aiment mieux l'argent que l'or, sans autre raison, je crois, que parce 
qu'il leur est plus commode pour acheter des choses de peu de valeur. 
VI. On voit par leurs armes que le fer leur manque. Il y en a peu qui 
aient des épées ou des pertuisanes. Leur javelot, ou ce qu'ils appellent 
la framée, a le fer petit et étroit; ils sont très-adroits à s'en servir, soit 
qu'ils combattent de près ou de loin. La cavalerie n'a que la lance et le 
bouclier. L'infanterie est armée de dards, et chaque soldat en a plusieurs 
qu'il sait lancer avec beaucoup de force et d'adresse; ils ne sont point 
embarrassés par leurs habits, ni par leurs armes; ils n'ont qu'une saye 
pour tout vêtement. Ils ne dépensent rien en parures, et ils ne sont 
curieux que de teindre leurs boucliers de quelque belle couleur. Il y en 
a peu qui aient des cuirasses, et encore moins des casques. Leurs 
chevaux n'ont ni vitesse, ni beauté; ils ne sont point exercés comme les 
nôtres à toutes sortes d'évolutions; ils ne savent que tourner à droite et 
aller en avant, en formant le rond; de manière qu'il n'y en a point qui 
soit le dernier. A considérer leurs troupes en général, l'infanterie est la 
meilleure; c'est pourquoi ils la mêlent parmi la cavalerie, dont elle égale 
la vitesse: ils choisissent pour cela les jeunes gens les mieux faits, qu'ils 
mettent aux premiers rangs. Ils en prennent cent de chaque canton: ce 
nombre, qui ne désignait d'abord que des gens d'une riche taille, est 
devenu dans la suite un titre et le prix du courage. Leur armée est 
rangée par bataillons et par escadrons. Ils croient que c'est plutôt une 
marque de prudence que de lâcheté, de reculer, pourvu qu'on revienne à 
la charge. Ils emportent leurs morts, même au plus fort du combat. 
C'est une infamie parmi eux d'abandonner son bouclier, et ceux à qui ce 
malheur est arrivé n'oseraient plus se trouver aux assemblées ni aux 
sacrifices, et plusieurs qui s'étaient échappés de la bataille se sont 
étranglés pour ne point survivre à leur déshonneur. 
VII. Dans l'élection des rois, ils ont égard à la noblesse; mais dans leurs 
généraux ils ne considèrent que la valeur. La puissance royale n'est ni 
absolue, ni souveraine. Les généraux mêmes commandent plutôt par 
leur exemple que par leur rang. Quand on les voit donner les premiers 
dans une action, c'est moins l'obéissance qu'une noble émulation qui 
engage à les suivre. Il n'y a que les prêtres qui aient droit d'emprisonner
et de punir; et les peines qu'ils ordonnent ne sont pas tant prises pour un 
supplice, ni pour un effet de leur autorité, que pour un commandement 
des dieux qu'ils croient présider aux batailles; c'est pour se rappeler la 
présence de ces dieux qu'ils portent à la guerre certaines figures qu'ils 
conservent avec soin dans les bois sacrés. Le motif principal qui excite 
leur valeur vient de ce qu'ils ne s'enrôlent pas au hasard; ils suivent 
l'étendard de leurs familles, d'où ils peuvent entendre les cris de leurs 
femmes et de leurs enfants qui sont les plus assurés témoins de leur 
bravoure, et comme les hérauts de leur gloire. C'est auprès de leurs 
mères et de leurs femmes qu'ils se retirent lorsqu'ils sont blessés, et 
elles ont le courage de sucer leurs plaies et de leur porter des 
rafraîchissements dans le combat. 
VIII. On dit que des armées entières, sur le point d'être défaites, ont été 
reformées par les femmes, qui venaient se présenter aux coups et à une 
captivité presque certaine; ce que leurs maris appréhendent plus pour 
elles que pour eux-mêmes. Lorsqu'il s'agit de recevoir des otages, ils 
demandent surtout des filles nobles; ils les regardent comme un gage 
très-assuré. Ils croient même que ce sexe a quelque chose de divin, ils 
ne négligent ni leurs conseils, ni leurs réponses. Nous avons vu sous 
Vespasien une Velleda qui a passé longtemps parmi eux pour une 
déesse. Ils ont eu depuis la même opinion à peu près d'Aurinia et de 
plusieurs autres, auxquelles ils ont témoigné la vénération la plus 
grande, et cela par une véritable    
    
		
	
	
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