Mademoiselle Clocque, by René 
Boylesve 
 
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Title: Mademoiselle Clocque 
Author: René Boylesve 
Release Date: July 23, 2006 [EBook #18899] 
Language: NU 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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MADEMOISELLE CLOCQUE *** 
 
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RENÉ BOYLESVE 
MADEMOISELLE CLOQUE
Éditions de LA REVUE BLANCHE 
1 rue Laffitte--Paris 
1899 
 
I 
UNE ENTREVUE AVEC CHATEAUBRIAND 
Vers 188.., vivait à Tours une vieille demoiselle très distinguée et d'un 
grand mérite, qui avait eu, dans sa jeunesse, l'heureuse fortune de voir 
et d'entendre le vicomte de Chateaubriand. 
Cette circonstance était pour elle un motif de coquetterie bien 
excusable et lui valait une renommée d'une originalité charmante. 
Beaucoup de personnes l'écoutaient en souriant, à cause de la manie 
qu'elle avait d'y faire des allusions fréquentes, et la quittaient gagnées 
par l'accent de respectueuse émotion dont elle ne manquait point 
d'embellir ce sujet. 
Cela s'était passé en 1833, au moment où Chateaubriand, plus que 
jamais célèbre, venait d'atteindre une grande popularité par sa défense 
généreuse de la duchesse de Berry, suivie d'un procès personnel 
retentissant. Il était sur le point de partir pour Prague, allant porter à 
Charles X exilé et aux Enfants de France, un message secret de la mère 
du jeune Henri V, enfermée à Blaye. Ce n'était pas une petite affaire à 
une jeune fille qui n'avait pour se recommander que son enthousiasme, 
d'aborder un personnage si considérable. Elle s'était rendue rue d'Enfer, 
où il habitait une maison simple, entourée de verdure, presque au 
milieu des champs. Quel prétexte à sa visite? Aucun. Elle voulait 
seulement le voir et lui dire, si toutefois elle en trouvait la force: 
«Monsieur, je vous admire, et chez moi, toute ma famille et les voisins, 
et tous les gens que nous connaissons vous admirent...» et s'en aller 
là-dessus, brisée peut-être par la secousse, mais soulagée pour 
longtemps.
Un domestique lui avait ouvert et lui avait demandé: 
--Qu'est-ce que vous voulez? 
--Je voudrais voir Monsieur le vicomte de Chateaubriand... 
--Votre nom? 
--Oh! ce n'est pas la peine; il ne me connaît pas; dites que je suis une 
jeune fille. 
On avait fait toutes sortes de difficultés. Le valet de chambre, puis 
d'autres domestiques la regardaient d'un oeil soupçonneux. Sans doute 
fût-elle demeurée longtemps dans l'antichambre si, par hasard, M. le 
vicomte n'eût ouvert lui-même brusquement une porte, tout botté, 
coiffé, la canne à la main. Il sortait, l'air préoccupé et chagrin. Il faillit 
bousculer la pauvre fille. Elle tomba, mais volontairement, s'étant jetée 
littéralement à ses pieds. Elle l'entendit qui disait: «Qu'est-ce qu'il y a? 
que me veut-on?» Elle fut si épouvantée qu'elle crut se trouver mal et 
poussa un cri désespéré. Chateaubriand se pencha, lui prit la main et la 
releva avec bienveillance, à peine surpris quant à lui de ces émotions 
féminines maintes fois causées par sa personne. Et après l'avoir mise 
debout, il lui avait adressé cette question banale: 
--Comment vous appelez-vous, mademoiselle? 
Elle, avec simplicité: 
--Athénaïs Cloque, monsieur le vicomte... 
--Vous dites... Athénaïs...? 
--Cloque, monsieur le vicomte. 
Alors le grand homme avait souri, peut-être à la surprise de ce nom 
modeste, peut-être à ses songes intérieurs. Mais, tout de suite, et avec 
une grande facilité, il élevait la voix, comme s'il s'adressait à plusieurs 
personnes, et il laissait tomber sur cette jeune fille émue des paroles 
élégantes et désenchantées. Il s'en fallait qu'elle comprit tout, tant était
grand son trouble; mais elle retenait qu'il louait sa jeune foi et sa faculté 
d'enthousiasme «si rares dans une période de médiocrité où la France et 
le monde même semblaient s'engager pour une durée indéterminable». 
N'avait-il pas dit aussi que «la nature humaine elle-même allait sans 
cesse en s'amoindrissant,» ce qui eût mérité au moins une explication? 
Enfin, et, comme il reconduisait doucement la visiteuse, il avait cru 
devoir faire allusion au jeune prince, dernier espoir de tous ceux qui 
manifestaient en ce moment leur reconnaissance au défenseur de la 
duchesse de Berry, et c'est alors qu'il avait répété un mot dont Mlle 
Cloque s'était sentie frappée définitivement: «lui-même, avait-il dit, en 
parlant d'Henri V, s'il veut régner, devra s'engager résolument dans la 
série des faits médiocres». Il ajoutait encore: «Et qui sait s'il ne naîtra 
pas de ces tristes conditions de la vie nouvelle, une sorte d'héroïsme 
que l'on a ignorée jusqu'ici?» Après quoi, il la saluait et la congédiait. 
Rien de plus. Elle le revoyait quelques minutes après, dans la rue 
déserte, passant dans un cabriolet:    
    
		
	
	
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