des 
souteneurs.» 
Quelles expressions! C'est sans doute dans les carrières d'Amérique que le pamphlétaire 
les a recueillies. 
Page 193: 
«Des soldats attirés par le fracas de la musique avaient envahi la salle, s'y bousculaient 
pour tarir les bouteilles, recueillir le fond des verres, boire au moins l'ivresse des autres, 
pendant que Blanc, à croupetons dans un coin, facilitait paisiblement la libération de son 
estomac.» 
Cela se passe le 14 Juillet, dans une cantine où nos braves sous-officiers célèbrent par un 
banquet fraternel notre grande fête nationale! 
Page 201: 
«C'était jour de repos officiel, jour de trêve. Le gros numéro et le numéro matricule 
prenaient campos. La Prostituée suspendait l'adultération du sang français QUE LA 
PATRIE LUI ABANDONNE, quand ses chantiers de carnage n'en ont pas soif.» 
C'est encore le 14 juillet, qu'on n'a pas honte de choisir, pour lancer un crachat à la face 
de la Patrie! 
O jour anniversaire de la prise de la Bastille, jour immortel, où le sang d'un peuple 
secouant ses chaines a scellé le monument de la Liberté future, c'est en vain que des 
reptiles visqueux essayent de te souiller de leur bave; tu es un soleil radieux et sans tache, 
qui planes trop haut dans les cieux modernes pour que l'outrage puisse t'atteindre jamais! 
Une imagination en délire aura beau vouloir te représenter, fête auguste, comme une 
odieuse saturnale, comme une priapée abjecte, tu n'en resteras pas moins le grand jour, 
sacré entre tous, où pas un Français--si ce n'est peut-être M. Descaves--n'oserait se 
déshonorer par une intempérance qui ferait la joie de nos ennemis! 
Ils ne sont pas nés en France, les ivrognes du 14 Juillet! 
* * * * * 
Toutes les concessions qu'on peut accorder à la thèse de M. Descaves, elles ont été 
énumérées par la plume trop impartiale peut-être de M. Edmond Lepelletier. 
«Tous nos sous-officiers, écrivait-il dans l'Écho de Paris du 15 décembre 1889, ne sont 
pas des anges. Il est parmi eux, comme partout, des souteneurs, des hypocrites, des lâches,
des débauchés, des filous et des Alphonses. Ils sortent de la société, les sous-offs, avant 
de sortir du rang. 
«Mais tous des misérables, des gibiers de lupanar, en attendant qu'ils deviennent gibier de 
bagne ou de peloton, allons donc! 
«Ce n'est pas seulement calomnier les gradés de la jeunesse armée, c'est insulter 
odieusement toute la jeunesse française.» 
L'éminent écrivain, à qui nous empruntons ces lignes, a dû se borner, dans un article de 
journal, à montrer l'exagération cynique des reproches adressés aux moeurs des 
sous-officiers. Il a montré ce qu'ils ne sont pas, nous allons faire voir ce qu'ils sont. 
Qui n'a pas vu, par un radieux matin de printemps, par une belle après-midi d'été, par un 
beau ciel d'automne clair et rose, le pays et la payse, ce couple légendaire, s'avancer à pas 
lents, côte à côte, pleins d'affectueux respects mutuels, et chuchotant, avec une passion 
contenue, des mots d'amour?--Vision attendrissante que l'un de nos poëtes militaires les 
plus distingués rendait en ces vers mâles et vigoureux, où il rappelle ses modestes plaisirs 
hors de la caserne: 
Le soir tombait, un soir équivoque d'automne Les bonnes se pendant rêveuses à nos bras, 
Dirent alors des mots si spéciaux, tout bas, Que notre âme depuis ce temps tremble et 
s'étonne. 
Et ce sont ces gens là qui ne connaîtraient d'autre distraction que les plaisirs malsains des 
maisons de débauche, dont ils mettraient les filles en coupe réglées! 
Ce n'est pas à dire, certes--et M. Edmond Lepelletier en a fait la judicieuse 
remarque--qu'on ne voie jamais la capote à galons étalée sur des canapés suspects. Mais, 
si certains civils mettaient un peu plus de discrétion dans les invitations qu'ils adressent à 
nos sous-officiers, de pareils faits n'auraient guère d'exemple. 
D'ailleurs, une chute n'est jamais irrémédiable. Si bas qu'on soit entraîné, on peut toujours 
s'arracher à l'influence néfaste des mauvais conseils et rentrer dans le chemin du devoir et 
de l'honneur. 
Nous n'en voulons pour témoin que cette citation d'un beau livre de C.-J. Lecour, la 
Prostitution à Paris et à Londres: «Le tragique, c'est ce militaire qui, en 48, entré pendant 
la nuit dans un lieu de débauche, se réveillait le lendemain dans les bras de sa soeur.» 
L'auteur ne nous donne pas la suite de cet épouvantable récit, mais d'autres la connaissent. 
Le militaire, devenu sous-officier, sut faire des économies pour payer les dettes de sa 
soeur et l'arracher à l'infamie. Il la maria à un de ses collègues. Elle fut bonne épouse et 
bonne mère. 
* * * * * 
Nous n'avons pas parlé jusqu'ici du mariage des sous-officiers. C'est un sujet que M.
Descaves a traité avec son venin habituel. Il n'a pas hésité à nous montrer le cantinier du 
régiment qu'il met en scène, marié avec une coquine de bas étage, dont la seule 
préoccupation est    
    
		
	
	
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