Les tendres ménages, by Paul 
Jean Toulet 
 
The Project Gutenberg EBook of Les tendres ménages, by Paul Jean 
Toulet This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and 
with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away 
or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included 
with this eBook or online at www.gutenberg.net 
Title: Les tendres ménages 
Author: Paul Jean Toulet 
Release Date: May 11, 2005 [EBook #15815] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES 
TENDRES MÉNAGES *** 
 
Produced by Carlo Traverso, Renald Levesque and the Online 
Distributed Proofreading Team. This file was produced from images 
generously made available by the Bibliothèque nationale de France 
(BnF/Gallica) 
 
P.-J. TOULET
Les Tendres Ménages 
 
I 
MARIAGE DE PROVINCE 
(La scène est dans les Pyrénées.) 
Sylvère Noël de Ribes avait, entre autres choses, apporté en dot au 
baron de Mariolles-Sainte-Mary, son récent époux, un bien assez vaste, 
mi-château, mi-ferme, sis à l'ombre des Pyrénées, parmi des arbres 
noirs, des sources brusques et froides. Mariolles, qui avait de bonnes 
raisons de ne plus croire à la candeur des lits d'hôtel, avait choisi de 
mener là Sylvère pour la première nuit de leurs noces. Mme de Ribes 
avait souri à ce dessein où elle croyait démêler cet amour de la terre, 
sans lequel il ne lui semblait pas qu'il pût se fonder une famille durable. 
--Vous connaissez Hargouët, demanda-t-elle. 
--Oui, j'y ai passé encore, l'autre mois, avec votre mari--et un sanglier: 
le sanglier devant. Je n'ai pas eu beaucoup le loisir de me rendre 
compte. Il y a une église--des arbres. 
--Et des maisons--oui. Si jamais Boedeker meurt.... 
--Je voudrais vous y voir, Madame.... Je veux dire que ça n'est pas 
ultra-commode de prendre des croquis à cheval, et par ces petits 
chemins. D'autant que je ne monte pas comme feus les centaures. 
--Oui, je sais. 
--Merci, Madame. Et M. de Ribes, à côté de moi qui jurait: «Nous 
allons le manquer, nous allons le manquer; il va se jeter dans les bois 
d'Athos.» Et ça n'a pas raté. Il s'est jeté dans les bois d'Athos. Quelle 
idée aussi de chasser à courre dans ce joli pays en biseaux. 
--Le principal, c'est qu'Hargouët est à quatre lieues seulement de Ribes.
Vous pourrez partir à cinq heures et demie, quand les petits cousins 
réclameront de danser, et seront fatigués de champagne... 
--... fatigants. 
--Vous n'arriverez pas beaucoup avant sept heures, à cause des côtes. 
--Je me demande, remarque rêveusement M. de Mariolles, ce que nous 
y ferons. 
--Comment, ce que vous y ferez! 
--Mon Dieu, Madame, à sept heures, nous ne pouvons pas décemment 
nous remettre à table; et il sera peut-être un peu tôt pour--dormir. Enfin, 
ça vaut toujours mieux que d'aller à l'hôtel. 
--Et le pays est si beau. Quelles terres! Vous verrez le maïs qu'il y a 
cette année. 
Il espère y découvrir d'autres trésors. Sa fiancée est grande, souple, 
mince. Elle donne l'impression aussi de quelque chose qui rebondit 
sous les doigts. Et M. de Mariolles se dit que son imagination ne 
respecte vraiment pas assez Mlle Sylvère de Ribes. Aussi bien n'a-t-il 
guère exercé sa tendresse que sur des personnes peu intactes, jusqu'au 
jour où l'idée de faire une fin lui est apparue dans les yeux pers de cette 
incomparable personne. Jusqu'à sa trentaine, qu'il a peu dépassée, les 
cités-auberges des Pyrénées (et Dieu sait s'il y en a, au bord de la mer, 
sur les montagnes, ou entre les deux) ont, plus encore que Paris, suffi à 
satisfaire chez lui ces trois instincts de boire, de jouer et d'embrasser, 
qui sont proprement la triple noblesse de l'homme, et le mettent si fort 
au-dessus des autres bêtes. 
--Si vous voulez, continue Mme de Ribes, je me chargerai de 
l'installation, avec un tapissier de la ville. Qu'est-ce qu'il vous faudrait? 
--Eh bien, deux chambres à coucher pas trop Liberty, et deux cabinets 
de toilette, le mien entre les deux chambres.
--On peut arranger ça, avec un petit salon pour Sylvère, au-dessus de 
l'orangerie. Il y a un étage très haut qui sert de grenier. Comme ça on 
ne changera rien à la maison, où nous garderons nos mêmes 
appartements, si on y va l'été. 
--Gentil, quand il pleuvra, ce petit système. 
--Je vous achèterai deux parapluies. 
--Rouge, le coton, de préférence. 
Survient, à ce moment, Mlle de Ribes, de son pas allongé qui rase le sol 
comme l'onde lente d'un rivage. Elle va à son fiancé et lui sourit. Ses 
joues sont toutes roses; elle halette un peu, entr'ouvre la bouche, et l'on 
voit s'enfler tour à tour ou décroître la courbe pâle de son cou. 
--Tu as couru, lui dit sa mère. 
--Oui, un peu, avec les chiens. J'ai cru que Tom allait me    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
