Les lois sociologiques

Guillaume de Greef
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Les lois sociologiques

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Title: Les lois sociologiques
Author: Guillaume De Greef
Release Date: February 7, 2006 [EBook #17538]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LES LOIS SOCIOLOGIQUES
PAR
GUILLAUME DE GREEF
Docteur agrégé à la Faculté de Droit Professeur a l'école des sciences sociales de l'Université de Bruxelles.

PARIS
1893

CHAPITRE PREMIER
LA CLASSIFICATION DES SCIENCES
Quelles sont les méthodes des sciences sociales? Que faut-il entendre par lois sociologiques? Quel est, en général, le sens de ce mot: loi? Il semble extraordinaire que les juristes, les légistes et les politiciens possèdent les notions les plus confuses à ce sujet, si même ils y ont jamais réfléchi; une longue et constante expérience nous prouve cependant qu'il en est malheureusement ainsi. Ce divorce, ou plut?t cette séparation transitoire entre l'empirisme juridique et politique d'un c?té et la philosophie naturelle ou positive de l'autre, a son explication dans ce fait que les phénomènes juridiques et politiques sont les plus complexes de tous ceux qui sont soumis à nos méditations, L'empirisme et la métaphysique chassés de presque tontes les autres sciences physiques et naturelles proprement dites se sont réfugiés et barricadés dans cette dernière et haute citadelle largement approvisionnée depuis des siècles, en prévision de cet assaut ultime, des munitions les plus lourdes et des subsistances les plus indigestes dont les éternels vaincus du progrès scientifique reconna?tront bient?t eux-mêmes l'irrémédiable insuffisance.
Quand toutes les sciences sociales, y compris le Droit et la Politique, auront emprunté aux sciences antécédentes les armes, c'est-à-dire les méthodes positives qui ont donné la victoire à leurs a?nées, cette forteresse en apparence inaccessible et irréductible s'écroulera d'elle-même ou mieux encore, pareille à ces demeures enchantées défendues par des monstres et des chimères, elle s'évanouira, comme une pure fantasmagorie qu'elle est, pour rejoindre, dans les mystérieuses régions de l'inconnaissable, toutes ces vaines superstitions légendaires où se complaisent les sociétés dans leur enfance.
Avant donc d'aborder l'étude des sciences sociales et surtout de la politique, il convient de mettre de l'ordre dans nos raisonnements, c'est-à-dire dans les procédés ou instruments d'investigation qu'il faut employer dans ce genre de recherches.
Les sciences en général, au point de vue de la méthode, peuvent être envisagées sous trois aspects différents: au point de vue dogmatique, c'est-à-dire de leur enseignement; au point de vue historique, c'est-à-dire de leur formation et de leur évolution réelles dans le temps et dans l'espace; au point de vue logique, c'est-à-dire des procédés ou des lois du raisonnement.
La question se présente tout d'abord de savoir si l'ordre logique des sciences correspond à leur ordre historique et l'un et l'autre à leur ordre dogmatique.
Une première distinction est à faire entre les sciences abstraites et les sciences concrètes: les premières ont pour objet les phénomènes, abstraction faite des corps particuliers dans lesquels ils se manifestent; les secondes considèrent les phénomènes en tant qu'incorporés. La chimie, la physiologie sont des sciences abstraites; la minéralogie, la géologie, la zoologie, des sciences concrètes. La sociologie, en tant qu'ayant pour objet la recherche des lois des civilisations particulières, est une science concrète; lorsqu'elle s'élève jusqu'à l'étude des lois qui règlent les rapports sociaux dans toute société quelconque, indépendamment du moment et de l'espace historiques, elle est une science abstraite. Ce double caractère des sciences ne doit pas être perdu de vue dans les considérations qui vont suivre.
On peut, à la fa?on idéaliste, soutenir que l'histoire des sciences, tant particulière que générale, doit être assimilée à un véritable raisonnement logique; on peut, s'élevant à des hauteurs métaphysiques, au delà même des nuages, prétendre indifféremment ou bien que le noumène est un produit du phénomène ou celui-ci une création du noumène, que l'esprit est le reflet du monde ou le monde le reflet de l'esprit. Ce sont là jeux de princes, des princes de la pensée humaine, nous le concédons, mais de princes qui, à l'exemple des souverains temporels, vivent dans l'absolu et aussi de l'absolu. La philosophie positive ne s'élève pas à ces sublimités; elle n'a pas de ces envolées qui font perdre de vue à la fois et la terre et les hommes; cependant, elle a la prétention d'observer, de classer et de juger même ces grandes doctrines qui semblent échapper à toute loi; elle les ramène à leur relativité naturelle et sociale; elle décrit et explique leurs formes et leurs évolutions successives; ainsi elle réduit ces absolus apparents à ce qu'ils sont et peuvent être socialement: des phénomènes soumis eux-mêmes à un ordre
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