Les etranges noces de Rouletabille | Page 9

Gaston Leroux
couleur de feu qui paraissait un peu folle et qui sortait de chez vous sans manteau, et le chapeau en bataille sur son postiche qui avait perdu tout ��quilibre. --Oh! monsieur Rouletabille, que vous a fait la princesse pour que vous la traitiez de la sorte?... --Elle m'a dit tout simplement ceci, mon cher monsieur Vladimir: ?C'est bien �� monsieur Rouletabille que j'ai le plaisir de parler?... Vladimir m'a beaucoup parl�� de vous. Je vous prie! permettez-moi de me pr��senter �� vous! Je suis une vieille amie de la famille de Vladimir et je m'int��resse �� ce gar?on qui a beaucoup de talent et qui envoie au journal _l'��poque_ de Paris de si jolis articles, ma parole!? --La princesse vous a dit cela? fit Vladimir qui, cette fois avait rougi jusqu'�� la racine des cheveux. --Naturellement... je lui ai m��me r��pondu: ?Mais parfaitement, madame... c'est Vladimir qui ��crit mes articles et c'est moi qui porte �� la poste les articles de Vladimir!? --Dieu, que c'est dr?le! exprima assez nonchalamment Vladimir. --Pour savoir si c'est dr?le, j'attendrai la suite de l'histoire... d��clara, d'une voix mena?ante, Rouletabille. Rappel�� �� l'ordre, Vladimir toussa et continua: --Je vous disais donc, �� propos de cette fourrure, qu'il n'e?t tenu qu'�� moi de la vendre, car enfin la princesse--la princesse Kochkaref... de la fameuse famille Kochkaref de Kiew... les Kochkaref sont bien connus... --Allez!... mais allez donc... --... Car enfin la princesse, qui est une vieille amie de ma famille et qui me veut beaucoup de bien, m'a dit plus d'une fois, cependant que j'admirais ce magnifique manteau: ?Vladimir, s'il vous fait envie, mon ami, il est �� vous!? --Petit mis��rable! jeta Rouletabille... --Ah! monsieur, calmez-vous, je ne mange pas de ce pain-l��! interrompit Vladimir avec une admirable expression de d��go?t! C'est ce que, chaque fois qu'elle parlait ainsi, j'ai fait comprendre �� la princesse qui, voyant qu'elle me froissait dans mes sentiments naturels, voulut bien ne pas insister. Mais voici ce qui arriva. Ce manteau ��tait l'objet de la jalousie de quelques amies de la princesse qui en discutaient le prix de fa?on fort d��plaisante et qui ne voulaient point croire qu'elle l'e?t pay�� cinquante mille roubles �� un marchand de Moscou... �� cause de quoi la princesse m'avait dit: ?--Vladimir, pour les faire taire, ces p��ronnelles, vous devriez un jour ou l'autre porter ma fourrure au clou, la faire estimer, refuser bien entendu le prix que l'on vous en offrirait, et revenir avec mon manteau en proclamant la somme que l'on ��tait pr��t �� vous avancer dessus!...? ?Voil�� ce que m'avait dit la princesse, et voil�� ce que j'ai fait, monsieur, pas autre chose!... je le jure!... --Et moi, je jure que je ne comprends pas tr��s bien, dit Rouletabille. --Vous allez comprendre, monsieur, et vous auriez d��j�� compris si votre impatience ne vous faisait m'interrompre tout le temps... Voil�� la chose... Elle est simple... Le jour m��me de notre d��part de Sofia, quand vous nous e?tes annonc�� que nous partions pour une grande et longue exp��dition, quel a ��t�� mon premier mouvement?... Mon premier mouvement a ��t�� de courir chez la princesse pour me d��barrasser de ce pr��cieux manteau, que je ne voulais pas conserver plus longtemps sous ma responsabilit��; le hasard fit que je pris justement par la rue o�� se trouve le Mont-de-Pi��t��, et que, me trouvant en face de cette institution dont il avait ��t�� si souvent question entre la princesse et moi, je me suis mis �� penser: ?Tiens! voil�� l'occasion de faire estimer le manteau!? J'entrai. On m'offrit de me pr��ter dessus la valeur de 43.000 francs!... --Et vous avez accept��?... --Non, monsieur, j'ai refus��. J'ai dit: Non! --Alors? --Alors, je ne sais par quelle fatalit��, l'employ��, qui ��tait sans doute distrait, comprit que je lui r��pondais: Oui. Et voil�� comment on m'allongea 43.000 levas sans que j'aie eu m��me le temps de protester! --Mais vous avez eu le temps de les ramasser!... --Ne me jugez pas mal, monsieur. En sortant du Mont-de-Pi��t��, mon premier soin a ��t�� _de renvoyer �� la princesse sa ?reconnaissance!_? --Ah! ah! vous lui avez renvoy�� sa ?reconnaissance?... r��p��ta Rouletabille, stupide devant un si prodigieux toupet... --Oui, monsieur, c'est comme je vous le dis! Je lui ai renvoy�� sa ?reconnaissance?, et ainsi elle pourra retirer son manteau quand elle le voudra! --Oui-da! j'esp��re que la bonne dame vous sera reconnaissante d'une aussi d��licate attention!... --Elle n'y manquera point, monsieur, je la connais.. --Et qu'elle vous remerciera d'avoir pens�� �� un aussi infime d��tail... --Monsieur, entre nous, je lui devais bien ?a!... --Mais vous lui devez aussi les 43.000 francs! --Qui est-ce qui le nie? monsieur. En m��me temps que je lui faisais parvenir sa ?reconnaissance?, qu'elle pourra montrer �� ses amis, ce qui lui sera, comme elle le d��sirait, un motif de triomphe,
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