l'intention de se remettre en route au point du jour, pourquoi cette 
illumination de la lisière?... Quelle cérémonie nocturne les tenait 
éveillés à cette heure?... 
«Et je me demande même, fit observer Max Huber, s'ils ont reconnu 
notre caravane, et s'ils savent qu'elle est campée autour des tamarins... 
-- En effet, répondit Khamis, il est possible qu'ils ne soient arrivés qu'à 
la tombée de la nuit, lorsqu'elle enveloppait déjà la plaine, et, comme
nos foyers étaient éteints, peut-être ignorent- ils que nous sommes 
campés à courte distance?... Mais, demain, dès l'aube, ils nous verront... 
-- À moins que nous ne soyons repartis, Khamis.» 
Max Huber et le foreloper reprirent leur marche en silence. 
Un demi-kilomètre fut franchi de telle sorte que, à ce moment, la 
distance jusqu'à la forêt se réduisait à quelques centaines de mètres. 
Rien de suspect à la surface de ce sol traversé parfois du long jet des 
torches. Aucune silhouette ne s'y découpait, ni au sud, ni au levant, ni 
au couchant. Une agression ne semblait pas imminente. En outre, si 
rapprochés qu'ils fussent de la lisière, ni Max Huber, ni Khamis, ni 
Llanga ne parvinrent à découvrir les êtres qui signalaient leur présence 
par ces multiples feux. 
«Devons-nous nous approcher davantage?... demanda Max Huber, 
après un arrêt de quelques instants. 
-- À quoi bon?... répondit Khamis. Ne serait-ce pas imprudent?... Il est 
possible, après tout, que notre caravane n'ait point été aperçue, et si 
nous décampons cette nuit... 
-- J'aurais pourtant voulu être fixé!... répéta Max Huber. Cela se 
présente dans des conditions si singulières...» 
Et il n'en fallait pas tant pour surexciter une vive imagination de 
Français. 
«Retournons au tertre», répliqua le foreloper. 
Cependant il dut s'avancer plus près encore, à la suite de Max Huber, 
que Llanga n'avait pas voulu quitter... Et, peut-être, tous les trois se 
fussent-ils portés jusqu'à la lisière, lorsque Khamis s'arrêta 
définitivement. 
«Pas un pas de plus!» dit-il à voix basse.
Était-ce donc devant un danger imminent que le foreloper et son 
compagnon suspendirent leur marche?... Avaient-ils entrevu un groupe 
d'indigènes?... Allaient-ils être attaqués?... Ce qui était certain, c'est 
qu'un brusque changement venait de se manifester dans la disposition 
des feux sur le bord de la forêt. 
Un moment ces feux disparurent derrière le rideau des premiers arbres, 
confondus dans une obscurité profonde. 
«Attention!... dit Max Huber. 
-- En arrière!...» répondit Khamis. 
Convenait-il de rétrograder dans la crainte d'une agression immédiate?... 
Peut-être. En tout cas, mieux valait ne pas battre en retraite sans être 
prêt à répondre coup pour coup. Les carabines armées remontèrent à 
l'épaule, tandis que les regards ne cessaient de fouiller les sombres 
massifs de la lisière. 
Soudain, de cette ombre, les clartés ne tardèrent pas à jaillir de nouveau 
au nombre d'une vingtaine. 
«Parbleu! s'écria Max Huber, cette fois-ci, si ce n'est pas de 
l'extraordinaire, c'est tout au moins de l'étrange!» 
Ce mot semblera justifié pour cette raison que les torches, après avoir 
brillé naguère au niveau de la plaine, jetaient alors de plus vifs éclats 
entre cinquante et cent pieds au-dessus du sol. 
Quant aux êtres quelconques qui agitaient ces torches, tantôt sur les 
basses branches, tantôt sur les plus hautes, comme si un vent de flamme 
eût traversé cette épaisse frondaison, ni Max Huber, ni le foreloper, ni 
Llanga ne parvinrent à en distinguer un seul. 
«Eh! s'écria Max Huber, ne seraient-ce que des feux follets se jouant 
dans les arbres?...» 
Khamis secoua la tête. L'explication du phénomène ne le satisfaisait
point. 
Qu'il y eût là quelque expansion d'hydrogène en exhalaisons 
enflammées, une vingtaine de ces aigrettes que les orages accrochent 
aussi bien aux branches des arbres qu'aux agrès d'un navire, non, certes, 
et ces feux, on ne pouvait les confondre avec les capricieuses furolles 
de Saint-Elme. L'atmosphère n'était point saturée d'électricité, et les 
nuages menaçaient plutôt de se résoudre en une de ces pluies 
torrentielles qui inondent fréquemment la partie centrale du continent 
noir. 
Mais, alors, pourquoi les indigènes campés au pied des arbres 
s'étaient-ils hissés, les uns jusqu'à leur fourche, les autres jusqu'à leurs 
extrêmes branches?... Et à quel propos y promenaient-ils ces brandons 
allumés, ces flambeaux de résine dont la déflagration faisait entendre 
ses craquements à cette distance?... 
«Avançons... dit Max Huber. 
-- Inutile, répondit le foreloper. Je ne crois pas que notre campement 
soit menacé cette nuit, et il est préférable d'y revenir afin de rassurer 
nos compagnons... 
-- Nous serons plus en mesure de les rassurer, Khamis, lorsque nous 
saurons à quoi nous en tenir sur la nature de ce phénomène... 
-- Non, monsieur Max, ne nous aventurons pas plus loin... Il est certain 
qu'une tribu est réunie en cet endroit... Pour quelle raison ces nomades 
agitent-ils ces flammes?... Pourquoi se sont- ils réfugiés dans les 
arbres?... Est-ce afin d'éloigner des fauves qu'ils ont entretenu ces 
feux?... 
-- Des fauves?... répliqua    
    
		
	
	
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