Le parfum des îles Borromées

René Boylesve
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Le parfum des ?les Borromées, by René Boylesve

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Title: Le parfum des ?les Borromées
Author: René Boylesve
Release Date: July 1, 2007 [EBook #21940]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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RENé BOYLESVE
Le Parfum des ?les Borromées
SIXIèME éDITION
PARIS
SOCIéTé D'éDITIONS LITTéRAIRES ET ARTISTIQUES
Librairie Paul Ollendorff
50, CHAUSSéE D'ANTIN, 50
1902
Tous droits réservés.
Il a été tiré de cet ouvrage 5 exemplaires sur papier de Hollande, numérotés à la presse.
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à LA MéMOIRE IMMORTELLE
D'ALPHONSE DAUDET
ce livre est pieusement offert.
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LE PARFUM DES ?LES BORROMéES

I
La Reine-Marguerite, beau vapeur blanc du lac Majeur, alluma ses feux en quittant Pallanza, et s'engagea dans l'anse magnifique qui contient les ?les Borromées. La chaleur ayant été accablante, les passagers se félicitaient de ressentir la première fra?cheur du soir. Les uns prenaient plaisir à discerner, sur la gauche, les contours opulents de l'Isola Madre, l'?le Mère, tachant l'ombre de sa grosse masse obscure; les autres, à regarder na?tre au long des contours capricieux du lac, les mille lumières des embarcadères, des h?tels et des villas. Mais un charme très spécial, et nouveau pour la plupart d'entre eux, venu du lac que la nuit flattait, ou bien des rives fleuries de lauriers-roses, enveloppait et pénétrait jusqu'aux natures les plus insensibles.
à ce moment, le poète anglais Dante-Léonard-William Lee monta vivement l'escalier de la passerelle, et, se dirigeant avec un empressement inaccoutumé vers un grand jeune homme à longue moustache blonde qui semblait fort absorbé par le spectacle de la nuit, il lui dit du ton le plus sérieux:
--Mon cher ami, une Sirène vient, sous mes yeux, d'abandonner l'humide séjour de ces eaux pour prendre place à notre bord, et il vous est loisible de la voir, comme je l'ai vue, sur le banc des premières. Sa beauté est remarquable.
Gabriel Dompierre sourit à l'étrange communication qui lui était faite. Il avait eu lieu déjà plusieurs fois, de se méfier des affirmations du poète, car il savait son pouvoir visionnaire développé à l'excès. Mais, ce soir-là, soit que le paysage f?t par trop assombri pour le retenir sur la passerelle, soit que l'heure délicieuse rend?t possibles les miracles, il quitta sa place et descendit avec Dante-Léonard-William, s'assurer de la présence d'une Sirène à bord de la Reine-Marguerite.
Ils virent une jeune femme assise au milieu d'un nombreux bagage, en compagnie d'une fille de sept à huit ans, et d'une femme de chambre. Par suite de la mauvaise lumière, on n'apercevait de son visage à travers la voilette et au-dessous d'une touffe épaisse de cheveux noirs, que la ligne fine et fière d'un nez droit. Elle se sentit observée et leva les yeux, franchement, mais pour les rabaisser avec prestesse sur la fillette dont elle caressa les boucles brunes et redressa le chapeau.
Les deux amis s'éloignèrent par discrétion: mais cette courte entrevue avait suffi pour que Gabriel Dompierre ne doutat pas que le poète n'e?t eu toutes les raisons de voir en cette femme évidemment belle, une divinité du lac. En effet, Dante-Léonard-William idéalisait en même temps qu'il voyait; et il avait une telle foi dans la valeur de ses conceptions, qu'il allait jusqu'à s'halluciner de la présence de ses chimères.
L'heure et le lieu, d'ailleurs, étaient favorables aux enchantements. L'air était tendre et tiède, au point que certains souffles espacés, en fr?lant soudain les nuques, inquiétaient, faisaient retourner la tête, donnaient à quelques-uns l'illusion d'une caresse humaine. Des femmes qui avaient mis de légers chales et des foulards à l'approche du soir, les enlevaient, se dégageaient le cou, du mouvement onduleux et calin d'une chatte, enfin tendaient véritablement aux baisers aériens leurs joues, peut-être leurs lèvres.
à l'approche de la station de Baveno, l'odeur pesante des lauriers arriva très distinctement, quelques minutes avant que l'on p?t apercevoir, à la lueur des feux, leurs grosses fleurs qui font pencher les branches. Le bateau stoppa. Aussit?t apparurent, derrière l'écran frissonnant des feuillages troués de lumières, des gens innombrables, élégants, nonchalants, allongés sur des sièges de jonc, assis et prenant des rafra?chissements, ou se mêlant ici et là en des allées et venues paresseuses. La sourde rumeur de la causerie d'après d?ner était relevée de musique et de chants. Tout à coup, sur la quiétude générale, un mouvement vif: le passage svelte d'une jeune fille qui lance un mot anglais; un bras nu levé; un scintillement de
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