Le fils du Soleil

Gustave Aimard
Le fils du Soleil (1879), by
Gustave Aimard

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Title: Le fils du Soleil (1879)
Author: Gustave Aimard
Release Date: April 17, 2007 [EBook #21124]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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DU SOLEIL (1879) ***

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LE FILS DU SOLEIL
PAR
GUSTAVE AIMARD

[NOTE du transcripteur: Extrait du quotidien Canadien-Français La
Patrie où cet ouvrage a été publié en feuilleton dans les éditions du 20
octobre au 1 décembre 1879.]
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PREMIERE PARTIE -----
I.--LE CONSEIL
La Patagonie est aussi inconnue aujourd'hui qu'elle l'était lorsque Juan
Diaz de Solls et Vincente Yanez Pinzon y débarquèrent en 1508, seize
ans après la découverte du Nouveau-Monde.
Les premiers navigateurs, involontairement ou non, ont couvert ce pays
d'un voile mystérieux que la science et des relations fréquentes n'ont
pas encore entièrement soulevé. Le célèbre Magalës (Magellan) et son
historien le chevalier Pigafetta, qui touchèrent ces côtes en 1520, furent
les premiers qui inventèrent ces géants patagons si haut que les
Européens atteignaient à peine à leur ceinture, ou grands de plus de
neuf pieds et ressemblant à des cyclopes. Ces fables, comme toutes les
fables, ont été acceptées pour des vérités, et, au siècle dernier, devinrent
le thème d'une très-vive polémique, entre les savants. Aussi donna-t-on
le nom de Patagons (grands pieds) aux habitants de cette terre qui
s'étend du versant occidental des Andes à l'océan Atlantique.
La Patagonie est arrosée, dans toute sa longueur, par le Rio-Colorado
au N., et le Rio-Négro à l'E.-S.-E. Ces deux fleuves, par les méandres
de leurs cours, rompent agréablement l'uniformité du terrain aride, sec,
sablonneux, où croissent seulement des buissons épineux, et dispensent
la vie à la végétation non interrompue qui court le long de ses rives. Ils
s'enroulent autour d'une vallée fertile ombragée de saules et tracent
deux profonds sillons au milieu d'une terre presque unie.
Le Rio-Négro coule dans une vallée cernée par de hautes falaises
coupées à pic, que les eaux viennent battre encore. Là où elles se sont
retirées, elles ont laissé des terrains d'alluvion revêtus d'une végétation
éternelle, et ont formé des îles nombreuses peuplées de saules et

contrastant avec l'aspect triste des falaises nues des coteaux.
Les singes, les grisons, la moufette, le renard, le loup rouge parcourent
incessamment et dans tous les sens les déserts de la Patagonie, en
concurrence avec le cougouar, lion d'Amérique, et les imbaracayas, ces
chats sauvages si féroces et si redoutables. Les côtes fourmillent de
carnassiers amphibies, tels que les otaries et les phoques à trompe. Le
quya, caché dans les marais, jette dans les airs son cri mélancolique; le
guaçuti, le cerf des Pampas, court léger sur les sables, pendant que le
guanaco, ce chameau américain, s'accroupit rêveur sur le sommet des
falaises. Le majestueux condor plane à travers les nues, en compagnie
des dégoûtants cathartes, urubus et auras, qui, comme lui, rôdent autour
des falaises du littoral pour y disputer des restes de cadavres aux
voraces caracaras. Voilà quelles sont les plaines de la Patagonie!
Monotone solitude, vide, horrible et désolée!
Un soir du mois de novembre, que les indiens Aucas nomment
kèkil-kiyen, le mois d'émonder, un voyageur monté sur un fort cheval
des pampas de Buenos-Ayres, suivait au grand trot un de ces milles
sentiers tracés par les Indiens, inextricable dédale qu'on retrouve sur le
bord de tous les fleuves d'Amérique.
Ce voyageur était un homme de trente ans au plus, vêtu du costume,
semi-indien semi-européen, particulier au gauchos. Un poncho, de
fabrique indienne, tombait de ses épaules sur les flancs de son cheval,
et ne laissait voir que les longues Paienas chiliennes qui Lui montaient
au-dessus du genou. Un laço et des bolas pendaient de chaque côté de
sa selle, et il portait en travers devant lui une carabine rayée.
Son visage, à demi-caché par les larges ailes de son chapeau de paille,
avait une expression de courage brutal et de méchanceté; ses traits
étaient comme modelés par la haine. Son nez long et recourbé,
surmonté de deux yeux assez rapprochés, vifs et menaçants, lui donnait
une lointaine ressemblance avec un oiseau de proie; sa bouche pincée
se plissait d'une façon ironique, et ses pommettes saillantes indiquaient
l'astuce. On reconnaissait un Espagnol à son teint olivâtre. L'ensemble
de cette physionomie, encadrée par des cheveux noirs en désordre et
une barbe touffue, inspirait la crainte et la répulsion. Les épaules larges

et les membres fortement attachés dénotaient chez cet homme, qui
paraissait d'une
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