Le dangereux jeune homme

René Boylesve
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Le dangereux jeune homme, by René Boylesve

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Title: Le dangereux jeune homme
Author: René Boylesve
Release Date: August 1, 2006 [EBook #18962]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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RENé BOYLESVE
DE L'ACADéMIE FRAN?AISE
LE DANGEREUX JEUNE HOMME
PARIS
CALMANN-LéVY, éDITEURS
3, RUE AUBER, 3
Il a été tiré de cet ouvrage
CENT CINQUANTE EXEMPLAIRES SUE PAPIER DE HOLLANDE
tous numérotés.
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous les pays.
Copyright, 1921, by CALMANN-LéVY.

LE DANGEREUX JEUNE HOMME
A Pierre Villelard.
La soeur a?née du jeune Robert ayant épousé, au printemps, un grand industriel de Paris, Robert devait naturellement être invité a passer le mois d'ao?t dans la villa que son nouveau beau-frère possédait à Folleville-sur-Mer, plage à la mode.
--Il ne faut pas se dissimuler, toutefois, dit M. Carré de la Tour à sa femme, que la présence de ton petit frère à la villa Mondésir n'est pas dépourvue de sérieux inconvénients!...
--Lesquels? demanda la jeune femme, stupéfaite.
--Robert à dix-sept ans et demi; il sort du collège: cela n'est rien. Mais songes-tu qu'il a été élevé à Grenoble, que sa famille est très ?vieux jeu?...
--Dis donc! sa famille est la mienne. Eh! là!...
--Seulement, toi, tu es femme, et j'ai été près de toi pour t'apprendre à ne pas t'effaroucher, à ne pas t'emballer, enfin à conna?tre les règles du jeu nouveau...
--Tu crains le danger pour Robert?
--Pas du tout! Je crois Robert dangereux pour nous.
--Je la trouve bonne, par exemple! Un pauvre gar?on à peine ?dessalé?, comme vous dites, au milieu d'une bande de Parisiens décha?nés: et c'est lui qui constitue le danger?
--Tu verras si je me trompe.
* * * * *
Et le jeune Robert fit néanmoins le voyage de Grenoble à Folleville, pour s'installer, ivre de joie, à la villa Mondésir. Il avait été, comme ses contemporains, fort privé d'agréments, ayant terminé ses études pendant la guerre; et il crut, de bonne foi, en arrivant chez son beau-frère, que la paix du 28 juin le transportait, par un de ces effets merveilleux dont on ne s'étonne plus aujourd'hui, dans une planète totalement différente de la vieille Terre où il avait appris à vivre selon des conventions aussi minutieuses que compliquées et tyranniques.
Il se trouva soudainement en contact avec une société qui semblait faite exprès pour séduire un gar?on de son age. L'important était qu'il f?t vêtu comme il faut; sa soeur y veilla, y mit le prix; et tout alla à souhait.
--Eh bien! disait celle-ci à son mari, tu vois? Robert n'est étonné de rien; il se met aussi vite que moi au diapason; il se mêle à tous les sports, il conna?t tous les jeux: le trouves-tu déplacé?
--Patience! faisait M. Carré de la Tour; ?il conna?t tous les jeux?, c'est bient?t dit. Il y a un jeu qu'on joue du matin au soir, et qui ne s'apprend pas dans l'antichambre, en entrant...
--Lequel donc? et que veux-tu dire? Pourquoi tant de mystère? Et ne pourrions-nous, si quelque emb?che est tendue, avertir au moins ce pauvre Robert?
--Avertir un gar?on de nos jours!... Mais ils n'en croient que leurs yeux, ma chère amie! On ne s'instruit qu'à ses dépens. Laissons aller les choses.
* * * * *
En attendant, Robert s'en donnait impunément à Folleville.
Il y avait, dans la villa, cinq ou six jeunes filles et des femmes d'une élégance extrême. De sa vie, peu longue il est vrai, il n'avait vu d'êtres aussi joyeux d'exister et aussi libres; et il y a plaisir pour un grand gamin à dépasser, dans la conversation, par la hardiesse et le cynisme, ce qu'on a chuchoté, entre gar?ons, dans les cours ingrates d'un lycée dauphinois.
Jeunes filles, jeunes femmes étaient vêtues comme des déesses, c'est-à-dire de rien; elles gardaient les jambes nues à la ville comme au bain, et, en soirée, réduisaient encore leur costume à ce point qu'elles n'eussent pas osé se montrer telles pour se jeter à l'eau. Et Robert ne paraissait pas le moins du monde ému de voir sa soeur, jeune mariée, plus sévèrement élevée que lui, exhiber ses bras, ses mollets, son dos et ses flancs avec la même innocente aisance que, jadis, en province, elle découvrait ses salières.
Du marmot au vieux monsieur, tout le monde, à Mondésir, s'adonnait avec méthode à la culture physique; tout le monde se confiait au masseur aveugle comme au pédicure chinois; tout le monde aimait à affirmer qu'il buvait et
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