Le conte futur

Paul Adam
镖Le conte futur

The Project Gutenberg EBook of Le conte futur, by Paul Adam This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Le conte futur
Author: Paul Adam
Release Date: May 30, 2005 [EBook #15943]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE CONTE FUTUR ***

Produced by Carlo Traverso, Chuck Greif and the Online Distributed Proofreading Team. This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica)

CONTE FUTUR
PAUL ADAM
Il a été tiré:
10 exemplaires sur papier de Hollande à 4 fr. 500 ? ? vélin blanc à 2 fr.
Le Conte Futur
OUVRAGES DU MêME AUTEUR
I
Les Volontés Merveilleuses 3 vol.
II
L'Epoque 6 vol.
III
Critique des Moeurs 1 vol.
IV
Princesses Byzantines (_sous presse_) 1 vol.
* * * * *
E. Kolb, Firmin Didot, Tresse, Stock et Savine, éditeurs.
PAUL ADAM
Le Conte Futur
PARIS
_LIBRAIRIE DE L'ART INDéPENDANT_
11, RUE DE LA CHAUSSéE-D'ANTIN, 11
Tous droits réservés
1893
POUR ERNEST KOLB
LE
Conte Futur

I
Philippe pressentit dans les lettres de son oncle le dessein d'unir Philomène au commandant de Chaclos. L'angoisse extrême qui le prit alors au coeur l'étonna d'abord. Sa cousine comptait cinq ans de plus que lui. En outre, elle avait un caractère grave, et elle agréerait certes mal les turbulences du cornette aux Guides qu'il était.
Mais, à l'encontre de ces raisonnements et à mesure que le colonel, par sa correspondance, dissipait l'espoir d'une négation, Philippe apprit à conna?tre la douleur. L'image de la jeune fille veilla sans pitié sur la torture de son esprit amoureux.
Maintenant, le voici sans force, étendu contre les coussins du wagon. Avec hébétude, il suit les maigres allures du commandant attentif aux cent petits cartons rapportés de la capitale, et qui renferment les cadeaux de corbeille. Comment ne s'aper?oivent-ils pas de son désespoir, ni cet homme, ni le colonel? Comment ne le virent-ils pas blêmir, lorsqu'ils entrèrent au mess des Guides en brandissant la permission obtenue de son général ?pour assister à un mariage dans la famille??
Ils ne remarquent rien, ni l'atroce crispation du sourire par lequel il répond à leurs phrases joyeuses, ni la sueur qui glace ses tempes, le cuir de son bonnet de police.
Le colonel commence même à dormir en paix.
Aux portières le paysage déroulé lui précise dans le souvenir les heures de ce même voyage fait naguère avec elle. Son oncle était venu le chercher à l'Ecole militaire après les examens de sortie, et, durant ce voyage, elle lui était apparue ainsi qu'une ame extraordinaire, instruite en toutes les sciences et portant sur le monde des jugements inattendus.
--Oui, répond le commandant, des jugements inattendus. Elle a tout étudié, n'est-ce pas, recluse dans ce fort où l'attache la situation de son père.... Il n'y a plus un mur, chez elle, qui ne soit tapissé de livres....
--Voici le centre de notre patrie, mon commandant, vous l'a-t-elle appris... ici même, où le sol ferrugineux se révèle par cette pente soudaine surgie devant les batisses plates des fabriques....
--Le coeur de notre république du Nord? Voyez, comme il monte, ce sol, vers le pale firmament de brumes. Il recouvre, peu à peu, sur l'horizon les tours fumantes des distilleries et des forges.
--Elle vous a confié son amour pour les pauvres?
--Elle a un extraordinaire amour pour les pauvres.
--Ici, disait-elle, sur la hauteur, le patre vit plus heureux parce que la masse des terres abat le son des cloches industrielles, l'appel à la souffrance quotidienne des troupeaux ouvriers....
--C'est une ame élue, Philippe, une ame élue.... Pourrai-je lui valoir assez de bonheur?
Ils s'examinèrent; ils écoutèrent leur silence.
--Le plateau! dit le commandant.
Là, le sol semblait avoir bondi tout à coup hors des plaines brunes de labour, et avoir entra?né dans ce saut des falaises de craie, d'inaccessibles roches, des touffes de sapins et de bouleaux, des pans de prairie, un bois entier de hêtres, même quelques villages blottis dans des cavités pleines de fougères et d'yeuses.
--Avez-vous connu sa mère?
--Non, mon commandant, je n'ai pas connu sa mère. Elle est morte si jeune!
--... Philomène lui ressemble d'ame. Sa mère contemplait toujours son idée de Dieu; elle contemple aussi la douleur du monde....
--Le Christ, le même Christ sous ses deux formes....
--Des mystiques!... Tenez, voici le plateau qui s'étale par dessus le pays.... La terre est rouge de matières ferrugineuses....
--Ah! ah!... Le fer ne fait-il pas couler le sang, tout rouge....
--N'empêche! La terre est si rouge que les gens, à force d'y peiner, en ont pris la couleur....
--Oh! je comprends.... Elle vous l'a dit aussi, cette chose; qu'ici les petits enfants portent déjà sur leur corps rouge le blason du métal dispensateur de leur existence.
--Philippe, pourquoi cette amertume dans votre voix?
--Pour rien, commandant... pour rien.... Nous arrivons à la contrée des Hauts-Fourneaux, et des corons pleins de peuple,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 11
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.