Le château des Désertes

George Sand

Le chateau des Désertes, by George Sand

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Title: Le chateau des Désertes
Author: George Sand
Release Date: October 7, 2004 [EBook #13668]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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[Illustration: 001.png.]
LE CH?TEAU DES DéSERTES

NOTICE
Le Chateau des Désertes est une analyse de quelques idées d'art plut?t qu'une analyse de sentiments. Ce roman m'a servi, une fois de plus, à me confirmer dans la certitude que les choses réelles, transportées dans le domaine de la fiction, n'y apparaissent un instant que pour y dispara?tre aussit?t, tant leur transformation y devient nécessaire.
Durant plusieurs hivers consécutifs, étant retirée à la campagne avec mes enfants et quelques amis de leur age, nous avions imaginé de jouer la comédie sur scénario et sans spectateurs, non pour nous instruire en quoique ce soit, mais pour nous amuser. Cet amusement devint une passion pour les enfants, et peu à peu une sorte d'exercice littéraire qui ne fut point inutile au développement intellectuel de plusieurs d'entre eux. Une sorte de mystère que nous ne cherchions pas, mais qui résultait naturellement de ce petit vacarme prolongé assez avant dans les nuits, au milieu d'une campagne déserte, lorsque la neige ou le brouillard nous enveloppaient au dehors, et que nos serviteurs même, n'aidant ni à nos changements de décor, ni à nos soupers, quittaient de bonne heure la maison où nous restions seuls; le tonnerre, les coups de pistolet, les roulements du tambour, les cris du drame et la musique du ballet, tout cela avait quelque chose de fantastique, et les rares passants qui en saisirent de loin quelque chose n'hésitèrent pas à nous croire fous ou ensorcelés.
Lorsque j'introduisis un épisode de ce genre dans le roman qu'on va lire, il y devint une étude sérieuse, et y prit des proportions si différentes de l'original, que mes pauvres enfants, après l'avoir lu, ne regardaient plus qu'avec chagrin le paravent bleu et les costumes de papier découpé qui avaient fait leurs délices. Mais à quelque chose sert toujours l'exagération de la fantaisie, car ils firent eux-mêmes un théatre aussi grand que le permettait l'exigu?té du local, et arrivèrent à y jouer des pièces qu'ils firent, eux-mêmes aussi, les années suivantes.
Qu'elles fussent bonnes ou mauvaises, là n'est point la question intéressante pour les autres: mais ne firent-ils pas mieux de s'amuser et de s'exercer ainsi, que de courir cette bohème du monde réel, qui se trouve à tous les étages de la société?
C'est ainsi que la fantaisie, le roman, l'oeuvre de l'imagination, en un mot, a son effet détourné, mais certain, sur l'emploi de la vie. Effet souvent funeste, disent les rigoristes de mauvaise foi ou de mauvaise humeur. Je le nie. La fiction commence par transformer la réalité; mais elle est transformée à son tour et fait entrer un peu d'idéal, non pas seulement dans les petits faits, mais dans les grands sentiments de la vie réelle.
GEORGE SAND.
NOHANT 17 janvier 1853

A M. W.-G. MACREADY.
Ce petit ouvrage essayant de remuer quelques idées sur l'art dramatique, je le mets sous la protection d'un grand nom et d'une honorable amitié.
GEORGE SAND.
Nohant, 30 avril 1847.

I.
LA JEUNE MèRE.
Avant d'arriver à l'époque de ma vie qui fait le sujet de ce récit, je dois dire en trois mots qui je suis.
Je suis le fils d'un pauvre ténor italien et d'une belle dame fran?aise. Mon père se nommait Tealdo Soavi; je ne nommerai point ma mère. Je ne fus jamais avoué par elle, ce qui ne l'empêcha point d'être bonne et généreuse pour moi. Je dirai seulement que je fus élevé dans la maison de la marquise de..., à Turin et à Paris, sous un nom de fantaisie.
La marquise aimait les artistes sans aimer les arts. Elle n'y entendait rien et prenait un égal plaisir à entendre une valse de Strauss et une fugue de Bach. En peinture, elle avait un faible pour les étoffes vert et or, et elle ne pouvait souffrir une toile mal encadrée. Légère et charmante, elle dansait à quarante ans comme une sylphide et fumait des cigarettes de contrebande avec une grace que je n'ai vue qu'à elle. Elle n'avait aucun remords d'avoir cédé à quelques entra?nements de jeunesse et ne s'en cachait point trop, mais elle e?t trouvé de mauvais go?t de les afficher. Elle eut de son mari un fils que je ne nommai jamais mon
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