d��ceptions de ce genre pour ��tre �� la hauteur de la morale philosophique que lui pr��chait la belle infid��le. Puis, apr��s quelques tours, il aper?ut �� terre la seconde lettre, qu'il avait compl��tement oubli��e. Deux ou trois fois encore il passa pr��s d'elle en la regardant avec une superbe indiff��rence; enfin, comme il pensa qu'elle ferait peut-��tre diversion �� la premi��re il la ramassa d��daigneusement, l'ouvrit avec lenteur, regarda l'��criture, qui lui ��tait inconnue, chercha la signature, qui ��tait absente, et, ramen�� par cet air de myst��re �� quelque curiosit��, il lut ce qui suit:
?Chevalier,
Si vous avez dans l'esprit le quart du romanesque et dans le coeur la moiti�� du courage que vos amis pr��tendent y reconna?tre, on est pr��t �� vous offrir une entreprise digne de vous et dont le r��sultat sera �� la fois de vous venger de l'homme que vous d��testez le plus au monde et de vous conduire �� un but si brillant que, dans vos plus beaux r��ves, vous n'avez jamais rien esp��r�� de pareil. Le bon g��nie qui doit vous mener par ce chemin enchant��, et auquel il faut vous fier enti��rement, vous attendra ce soir, de minuit �� deux heures, au bal de l'Op��ra. Si vous y venez sans masque, il ira �� vous; si vous y venez masqu��, vous le reconna?trez �� un ruban violet qu'il portera sur l'��paule gauche. Le mot d'ordre est: S��same, ouvre-toi! Prononcez-le hardiment, et vous verrez s'ouvrir une caverne bien autrement merveilleuse que celle d'Ali-Baba.?
--�� la bonne heure! dit d'Harmental; et si le g��nie au ruban violet tient seulement la moiti�� de sa promesse, ma foi! il a trouv�� son homme!
Chapitre 3
Le chevalier Raoul d'Harmental, avec qui, avant de passer outre, il est n��cessaire que nos lecteurs fassent plus ample connaissance, ��tait l'unique rejeton d'une des meilleures familles du Nivernais. Quoique cette famille n'e?t jamais jou�� un r?le important dans l'histoire, elle ne manquait pas cependant d'une certaine illustration, qu'elle avait acquise, soit par elle-m��me, soit par ses alliances. Ainsi, le p��re du chevalier, le sire Gaston d'Harmental, ��tant venu en 1682 �� Paris, et ayant eu la fantaisie de monter dans les carrosses du roi, avait fait, haut la main, ses preuves de 1399, op��ration h��raldique qui, s'il faut en croire un m��moire du parlement, aurait fort embarrass�� plus d'un duc et pair. D'un autre c?t��, son oncle maternel, monsieur de Torigny, ayant ��t�� nomm�� chevalier de l'Ordre, �� la promotion de 1694, avait avou��, en faisant reconna?tre ses seize quartiers que le plus beau de son visage, comme on le disait alors, ��tait fait des d'Harmental, avec qui ses anc��tres ��taient en alliance depuis trois cents ans. En voil�� donc assez pour satisfaire aux exigences aristocratiques de l'��poque sur laquelle nous ��crivons.
Le chevalier n'��tait ni pauvre ni riche, c'est-��-dire que son p��re en mourant lui avait laiss�� une terre situ��e dans les environs de Nevers, laquelle lui rapportait quelque chose comme vingt-cinq ou trente mille livres de rente.
C'��tait de quoi vivre fort grandement dans sa province; mais le chevalier avait re?u une excellente ��ducation, et il se sentait une grande ambition dans le coeur; il avait donc, �� sa majorit��, c'est-��-dire vers 1711, quitt�� sa province, et ��tait accouru �� Paris.
Sa premi��re visite avait ��t�� pour le comte de Torigny, sur lequel il comptait fort pour le mettre en cour. Malheureusement, �� cette ��poque, le comte de Torigny n'y ��tait pas lui-m��me. Mais comme il se souvenait toujours avec grand plaisir, ainsi que nous l'avons dit, de la famille d'Harmental, il recommanda son neveu au chevalier de Villarceaux, et le chevalier de Villarceaux qui n'avait rien �� refuser �� son ami le comte de Torigny, conduisit le jeune homme chez madame de Maintenon.
Madame de Maintenon avait une qualit��: c'��tait d'��tre rest��e l'amie de ses anciens amants. Elle re?ut parfaitement le chevalier d'Harmental, grace aux vieux souvenirs qui le recommandaient aupr��s d'elle, et quelques jours apr��s le mar��chal de Villars ��tant venu lui faire sa cour, elle lui dit quelques mots si pressants en faveur de son jeune prot��g��, que le mar��chal, enchant�� de trouver une occasion d'��tre agr��able �� cette reine in partibus, r��pondit qu'�� compter de cette heure il attachait le chevalier d'Harmental �� sa maison militaire, et s'empresserait de lui offrir toutes les occasions de justifier la bonne opinion que son auguste protectrice voulait bien avoir de lui.
Ce fut une grande joie pour le chevalier que de se voir ouvrir une pareille porte. La campagne qui allait avoir lieu ��tait d��finitive.
Louis XIV en ��tait arriv�� �� la derni��re p��riode de son r��gne, �� l'��poque des revers. Tallard et Marsin avaient ��t�� battus �� Hochstett, Villeroy �� Ramillies, et Villars lui-m��me, le h��ros de Friedlingen, venait de perdre la fameuse bataille de Malplaquet contre Marlborough et Eug��ne. L'Europe, un instant ��touff��e sous la main

Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.