Le chasseur d'ours, by Charles 
Buet 
 
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Title: Le chasseur d'ours 
Author: Charles Buet 
Release Date: December 6, 2005 [EBook #17240] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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CHASSEUR D'OURS *** 
 
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[Illustration: MON ONCLE HILARION BRUNO.]
LE CHASSEUR D'OURS 
PAR 
Ch. BUET 
 
LIMOGES EUGÈNE ARDANT ET Co. ÉDITEURS 
 
LE CHASSEUR D'OURS 
 
I 
Mon oncle Hilarion Bruno est un personnage bien original, et je vous 
demande, ami lecteur, la permission de vous le présenter. 
Figurez-vous une manière de géant, que les cuirasses du moyen âge 
habilleraient mieux que nos pantalons collants et nos vestons étriqués; 
des bras musculeux capables de soulever les fardeaux les plus lourds; 
des jambes nerveuses, infatigables; une poitrine semblable à un soufflet 
de forge. 
Le visage de mon oncle présente le type savoyard le plus pur: nez gros, 
rond au bout, émaillé de rubis et semé de verrues multicolores; yeux 
gris, fendus en amande, ombragés de longs cils et surmontés de sourcils 
énormes qui coupent le front blanc, haut et large, de leur arc nettement 
tracé. 
Le visage respire la bonté, la franchise, la simplicité, j'oserai même dire 
la candeur. 
Tel que je le trace pour vous, ô lecteur, ce portrait n'est point flatté; 
mon oncle n'est pas beau, et, sous ce rapport, tous ses neveux lui 
ressemblent.
Hilarion Bruno est rentier de son état, chasseur de profession, maire de 
son endroit, hâbleur superlatif, parce qu'il est chasseur, plein d'une 
rogue dignité, parce qu'il est maire. 
Il habite, à quelques kilomètres de Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie, 
une charmante maisonnette aux murs couleur de rose, aux persiennes 
grises, que les paysans du village appellent le château et les bourgeois 
de la ville, Maison-Rose. 
Cette maison possède une cave excellente, fraîche en été, chaude en 
hiver, dans laquelle vieillissent les bons vins du pays: le tonique 
Princeps, le capiteux Saint-Julien, le Bonne-Nouvelle et le vin de 
Rippes, dont le parfum se rapproche de celui de la violette. 
Le salon de Maison-Rose est un petit musée où sont réunis pêle-mêle 
des épées flamboyantes et des meubles sculptés; des tableaux de maître 
et des fragments de vitraux. Les merveilles de la céramique italienne s'y 
joignent aux filigranes de Gênes, aux verreries de Venise, aux émaux 
cloisonnés de la Chine, à ces mille objets, en un mot, que l'argot 
parisien nomme bibelots, et que leur propriétaire décore pompeusement 
du titre d'objets d'art. 
Si mes souvenirs ne me trahissent point, la salle à manger et la 
bibliothèque n'étaient point indignes du salon. 
La salle à manger, vaste pièce lambrissée de vieux chêne, était 
encombrée de trophées de chasse, trophées qui s'étalaient même sur le 
grand buffet de poirier sculpté, où mon oncle renfermait sa massive 
argenterie et les belles porcelaines qu'il avait rapportées du Japon. Il y 
avait là des cornes de chamois, des bois de cerf, des défenses de 
sangliers, auxquels s'accrochaient dans un ordre admirable toutes sortes 
de fusils, de poires à poudres, de flasques, de bidons, de carniers. Les 
deux objets qui excitaient le plus vivement mon admiration alors que 
j'avais douze ans,--il y a longtemps de cela!--étaient: 1° une gourde 
faite d'une noix de coco sculptée et 2° une paire d'ours empaillés placés 
en sentinelle aux deux côtés du buffet. 
Oh! que ces deux ours me faisaient peur avec leurs dents blanches et
pointues! leurs yeux de feu, leurs poils bruns, longs et frisés! 
Quant à la bibliothèque, elle se composait uniquement de livres de 
voyage et de chasse. C'était encore une des manies de mon oncle, 
lequel, je vous l'ai déjà dit, était un fier original. 
Il avait un certain nombre de manies. 
D'abord, celle de la chasse; puis, celle de raconter ses chasses. Ensuite, 
celle de raconter ses voyages, en montrant ses bibelots, ou bien en 
sablant le contenu des vieilles bouteilles de sa cave. 
Il n'avait jamais voulu se marier et vivait comme un ours, partageant 
son temps en quatre parties égales qu'il passait dans son salon, sa 
bibliothèque et sa salle à manger; la salle à manger lui prenait deux 
parties sur quatre! 
Chaque mois, il partait un beau matin, après avoir endossé la veste de 
velours à côtes, les culottes grises et les guêtres de peau, qui 
composaient sou costume de chasse, et ne revenait qu'au bout de huit    
    
		
	
	
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