Le naturalisme au théâtre: les 
théories et 
 
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Title: Le naturalisme au théâtre: les théories et les exemples 
Author: Émile Zola 
Release Date: October 25, 2004 [EBook #13866] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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NATURALISME AU THÉÂTRE: *** 
 
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ÉMILE ZOLA 
 
LE NATURALISME AU THÉÂTRE 
LES THÉORIES ET LES EXEMPLES 
 
Durant quatre années, j'ai été chargé de la critique dramatique, d'abord
au _Bien public_, ensuite au Voltaire. Sur ce nouveau terrain du théâtre, 
je ne pouvais que continuer ma campagne, commencée autrefois dans 
le domaine du livre et de l'oeuvre d'art. 
Cependant, mon attitude d'homme de méthode et d'analyse a surpris et 
scandalisé mes confrères. Ils ont prétendu que j'obéissais à de basses 
rancunes, que je salissais nos gloires pour me venger de mes chutes, 
parlant de tout, de mes oeuvres particulièrement, à l'exception des 
pièces jouées. 
Je n'ai qu'une façon de répondre: réunir mes articles et les publier. C'est 
ce que je fais. On verra, je l'espère, qu'ils se tiennent et qu'ils 
s'expliquent, qu'ils sont à la fois une logique et une doctrine. Avec ces 
fragments, bâclés à la hâte et sous le coup de l'actualité, mon ambition 
serait d'avoir écrit un livre. En tout cas, telles sont mes idées sur notre 
théâtre, j'en accepte hautement la responsabilité. 
Comme mes articles étaient nombreux, j'ai dû les répartir en deux 
volumes. _Le naturalisme au théâtre_ n'est donc qu'une première série. 
La seconde: _Nos auteurs dramatiques_, paraîtra prochainement. 
E. Z. 
 
LES THÉORIES 
LE NATURALISME 
I 
Chaque hiver, à l'ouverture de la saison théâtrale, je suis pris des 
mêmes pensées. Un espoir pousse en moi, et je me dis que les 
premières chaleurs de l'été ne videront peut-être pas les salles, sans 
qu'un auteur dramatique de génie se soit révélé. Notre théâtre aurait tant 
besoin d'un homme nouveau, qui balayât les planches encanaillées, et 
qui opérât une renaissance, dans un art que les faiseurs ont abaissé aux 
simples besoins de la foule! Oui, il faudrait un tempérament puissant 
dont le cerveau novateur vînt révolutionner les conventions admises et 
planter enfin le véritable drame humain à la place des mensonges 
ridicules qui s'étalent aujourd'hui. Je m'imagine ce créateur enjambant 
les ficelles des habiles, crevant les cadres imposés, élargissant la scène 
jusqu'à la mettre de plain-pied avec la salle, donnant un frisson de vie 
aux arbres peints des coulisses, amenant par la toile de fond le grand air 
libre de la vie réelle. 
Malheureusement, ce rêve, que je fais chaque année au mois d'octobre,
ne s'est pas encore réalisé et ne se réalisera peut-être pas de sitôt. J'ai 
beau attendre, je vais de chute en chute. Est-ce donc un simple souhait 
de poète? Nous a-t-on muré dans cet art dramatique actuel, si étroit, 
pareil à un caveau où manquent l'air et la lumière? Certes, si la nature 
de l'art dramatique interdisait cet envolement dans des formules plus 
larges, il serait quand même beau de s'illusionner et de se promettre à 
toute heure une renaissance. Mais, malgré les affirmations entêtées de 
certains critiques qui n'aiment pas à être dérangés dans leur criterium, il 
est évident que l'art dramatique, comme tous les arts, a devant lui un 
domaine illimité, sans barrière d'aucune sorte, ni à gauche ni à droite. 
L'infirmité, l'impuissance humaine seule est la borne d'un art. 
Pour bien comprendre la nécessité d'une révolution au théâtre, il faut 
établir nettement où nous en sommes aujourd'hui. Pendant toute notre 
période classique, la tragédie a régné en maîtresse absolue. Elle était 
rigide et intolérante, ne souffrant pas une velléité de liberté, pliant les 
esprits les plus grands à ses inexorables lois. Lorsqu'un auteur tentait de 
s'y soustraire, on le condamnait comme un esprit mal fait, incohérent et 
bizarre, on le regardait presque comme un homme dangereux. Pourtant, 
dans cette formule si étroite, le génie bâtissait quand même son 
monument de marbre et d'airain. La formule était née dans la 
renaissance grecque et latine, les créateurs qui se l'appropriaient y 
trouvaient le cadre suffisant à de grandes oeuvres. Plus tard seulement, 
lorsqu'arrivèrent les imitateurs, la queue de plus en plus grêle et débile 
des disciples, les défauts de la formule apparurent, on en vit les 
ridicules et les invraisemblances, l'uniformité menteuse, la déclamation 
continuelle et insupportable. D'ailleurs, l'autorité de la tragédie était 
telle, qu'il fallut deux cents ans pour la démoder.    
    
		
	
	
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