Lart russe | Page 4

Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
et Varègues (Scandinaves).
Les Khosars ou Khasars, qui habitaient les côtes occidentales de la mer
Caspienne et qui ravagèrent l'Arménie, l'Ibérie et la Médie sans que les
empereurs d'Orient essayassent de s'y opposer, apparurent les armes à
la main au commencement du VIIIe siècle sur les rives du Dnjeper et
subjuguèrent les populations slaves Kiéviens[1], Sévériens[2],
Radimitches et Viatitches[3].
[Note 1: Les habitants du territoire de Kiew.]
[Note 2: Voisins des Polaniens, sur les bords de la Desna, de la Séma et
de la Soula, dans les Gouvernements de Tchernigov et Pultava.]
[Note 3: Sur les bords de la Seja, dans le gouvernement de Mohilof et
sur l'Oka, dans les gouvernements de Kalouga, de Toula et d'Oral.]
Qu'étaient ces Khosars? Ils appartenaient à ces races hunniques, à ces
Turks descendus de la région de l'Altaï, dans les plaines du Touran des

Iraniens, et qui, du temps de Khosroès, étaient maîtres des contrées
situées entre le nord-ouest de la Chine et les frontières de la Perse. Ils
obéissaient au Khâ Kan ou Grand Khan des Turks[4].
[Note 4: Vivien de Saint-Martin, Histoire de la géographie.]
Encore au temps de Constantin Porphyrogénète (911-959), les
populations qui occupaient les rivages de la mer Noire, sur une grande
profondeur, étaient les Petchenègues, les Khosars, les Ouses, les Ziches,
les Alains et, derrière ces peuples, vers le nord, les Bulgares noirs ou
Bulgares de la Kama[5].
[Note 5: L'Empire grec au Xe siècle, par Alfred Rambaud.]
Il ne paraît pas que les Khosars, les plus civilisés parmi ces nations,
aient imposé un joug très-dur aux races slaves au milieu desquelles ils
s'établirent. Les Novgorodiens et les Krivitches, au delà de l'Oka,
conservèrent leur indépendance.
Mais, en 859, apparurent au nord les Varègues qui, traversant la
Baltique, imposèrent des tributs aux Tchoudes, aux Slaves d'Ilmen, aux
Krivitches et aux Mériens.
Suivant leur coutume, ces peuplades normandes paraissent s'être
présentées d'abord plutôt en pirates qu'en conquérants.
Cependant, d'après l'annaliste Nestor, les Slaves, en proie aux discordes
et à l'anarchie, auraient appelé, en 862, trois frères Varègues pour leur
remettre le pouvoir. Ces trois frères s'appelaient Rurick, Sinéous et
Trouvor[6].
[Note 6: Ces noms sont on effet scandinaves.]
Sans attacher à ces traditions plus d'importance qu'il ne convient, on
constate cependant la présence des Varègues en Russie jusqu'au
commencement du règne de Vladimir, comme mercenaires, alliés
souvent gênants, parfois utiles; mais possédant une influence notable.

Le récit de Nestor rapporte à la seconde moitié du IXe siècle la
conversion des Russes au christianisme, et, dès lors, les relations avec
Constantinople deviennent de plus en plus fréquentes.
«Les Russes, dit le patriarche Photius dans ses lettres aux évoques
d'Orient[7], si célèbres par leur cruauté, vainqueurs de leurs voisins, et
qui, dans leur orgueil, osèrent attaquer l'Empire romain, ont déjà
renoncé à leurs superstitions et professent maintenant la religion de
Jésus-Christ. Naguère nos ennemis les plus redoutables, ils sont
devenus nos fidèles amis; déjà nous leur avons donné un évêque et un
prêtre et ils témoignent du plus grand zèle pour le christianisme[8].»
[Note 7: En 866.]
[Note 8: Karamsin, Histoire de Russie.]
D'autre part, Constantin Porphyrogénète écrit que les Russes ne furent
baptisés que du temps de Basile le Macédonien et du patriarche Ignace,
c'est-à-dire vers l'an 867.
Cependant il fallut un temps assez long pour que la religion nouvelle
pénétrât sur toute l'étendue de ce territoire occupé dès lors par les
Russes, et les Varègues paraissent avoir persisté très-tard encore dans
l'observation du culte Scandinave.
Au commencement du Xe siècle, un fait important est signalé par
l'annaliste Nestor. Pendant les expéditions brillantes d'Oleg et ses
conquêtes entreprises pour donner de la cohésion aux diverses
provinces occupées par des populations vivant à peu près à l'état
d'indépendance les unes envers les autres, la nouvelle capitale du prince
russe, Kiew, vit dresser devant ses murs les tentes des Ougres[9] qui,
sortis des rampes orientales de l'Oural, s'étaient établis pendant le IXe
siècle dans la Libédie à l'orient de Kiew. Ces Ougres pendant leur
longue migration, poussés par les Petchenègues, s'étaient divisés.
[Note 9: Madjares, Hongrois de nos jours.]
Une partie avait passé le Don, se dirigeant vers la Perse; l'autre se

présentait devant les rives du Dnjeper.
Qu'ils aient traversé la province de Kiew de gré ou de force, le fait est
qu'ils allèrent s'établir le long du Danube, dans la Moldavie et la
Valachie.
Oleg, d'origine Scandinave, tolérait le christianisme dans les provinces
russes soumises à son pouvoir, mais n'était pas chrétien. Suivant les
habitudes de piraterie si chères aux peuplades scandinaves, il réunit les
Novgorodiens, les Finnois de Bielo-Osero, les Mériens de Rostov, les
Krivitches, les Polanes de Kiew, les Radimitches, les Doulèbes, les
Gorvates et les Tivertses; il embarque son armée sur des bateaux légers
qui descendent le Dnjeper, suivent les côtes du nord-ouest de la mer
Noire et se
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