Laméricaine

Jules Claretie
L'américaine, by Jules Claretie

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Title: L'américaine
Author: Jules Claretie
Release Date: March 28, 2006 [EBook #18064]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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L'AMÉRICAINE ***

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JULES CLARETIE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
OEUVRES COMPLÈTES

=L'AMÉRICAINE=
ROMAN CONTEMPORAIN
* * * * *

A MADAME H.-S. S.
Permettez-moi, madame, de vous envoyer, de Paris à Philadelphie, ce
livre où vous rencontrerez plus d'une observation et plus d'un trait qui
m'ont été donnés par l'éminent homme d'État, le profond philosophe et
le causeur charmant dont vous portez le nom respecté. Je n'ai pas eu la
prétention, dans ce roman quasi-parisien, de peindre les moeurs intimes
de vos compatriotes. J'ai saisi au passage les Américains que j'ai vus, et
je n'ai voulu faire ni un tableau ni une satire de la vie du Nouveau
Monde. Ne cherchez pas sous ce titre: l'Américaine, l'étude spéciale
d'une race; cherchez-y ce que vous trouverez, j'espère:--un portrait de
femme.
Ce que j'ai surtout visé, à vrai dire, dans le roman que je vous envoie,
madame, ce n'est pas l'Amérique, c'est le divorce qui, du reste, est
d'importation américaine. On divorce avec une facilité prodigieuse chez
vous. Nous n'en sommes pas tout à fait là en France, mais nous
marchons vite, et il n'est pas mauvais de réagir. Et vous m'approuverez
d'autant plus, madame, je le sais, que votre foyer d'Amérique est
comme un nid d'affections et de souvenirs, avec l'image chère de celui
qui m'a honoré de son amitié.
Recevez, madame, à travers le temps et l'éloignement, l'hommage de
mon profond respect.
Jules Claretie.

L'AMÉRICAINE

I
En juillet, à Trouville, par un beau temps clair, sous le ciel d'un bleu
doux, légèrement ouaté de nuages blancs, devant la mer plate et verte
aux bords vaseux dentelés d'écume blanche, le docteur Fargeas, le
savant névrologiste, causait à l'ombre d'un grand parasol planté dans le
sable fin. Il causait, tout en regardant de ses profonds yeux noirs des
barques filer à l'horizon, un vapeur passer avec sa blanche fumée droite,
et, en amateur d'art qu'il était, comparant aux marines accrochées à
Paris, dans son cabinet, la côte violacée qui se montrait au fond, très
loin, plaquée de tons rosés ou jaunes, vers le cap de la Hève, là-bas.
Il se laissait aller, le docteur, à ces lents bavardages des jours de repos,
assis entre un homme de trente-cinq ans environ, à l'air militaire, le
marquis de Solis, retour du Tonkin et descendu l'avant-veille aux
Roches Noires, et un jeune homme coiffé du petit chapeau paillasson à
large ruban qui, dans un tonneau d'osier, les jambes croisées, battait sa
bottine gauche du bout de son ombrelle de toile écrue. Joli garçon, ce
M. de Bernière, un peu cousin du marquis de Solis; mais aussi
spirituellement flâneur, railleur, décadent ou pessimiste, selon la mode,
que Georges de Solis était--avec dix années de plus sur les
épaules--enthousiaste, crédule, courant la mode à la conquête de
quelque vérité scientifique, et que Fargeas lui-même, restait ardent et
alerte, sous ses longs cheveux gris, encadrant son visage maigre.
Ils s'étaient, après le déjeuner, rencontrés et assis machinalement sur la
plage, dans le far niente délicieux de la vie des eaux, le docteur
descendant de sa villa, bâtie dans le nid de verdure de la côte de Grâce,
Bernière et M. de Solis sortant du même hôtel où ils se retrouvaient
sans s'y être donné rendez-vous.
Fargeas avait jadis soigné la marquise de Solis et donnait, de temps à
autre, des conseils hygiéniques à M. de Bernière qui ne les suivait pas.
Un ami de tous ses clients, le bon docteur. Et appliquant à ces faux
malades, simplement anémiés ou rendus dyspepsiques par la vie de
Paris, une méthode curative à lui: la causerie, le laisser-passer, le

haussement d'épaules et le: «Bah! ce n'est rien! Vous en verrez toujours
la fin!»
--Eh bien! docteur, et vos malades? lui demandait justement Bernière,
en continuant à frapper de son ombrelle sa cheville qui faisait saillie
sous le caoutchouc de la bottine.
--Mes malades? Tous bien portants!
Et le docteur ajouta, en riant:
--Je les visite si peu!
--Vous seul avez le droit de parler ainsi, de ce petit ton railleur, de votre
science, cher docteur!... dit M. de Solis, avec un évident respect, une
sorte de reconnaissance affectueuse. Vous,
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