A free download from http://www.dertz.in       
 
 
La sirène 
 
The Project Gutenberg EBook of La sirène, by Gustave Toudouze This 
eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no 
restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it 
under the terms of the Project Gutenberg License included with this 
eBook or online at www.gutenberg.net 
Title: La sirène Souvenir de Capri 
Author: Gustave Toudouze 
Release Date: December 9, 2005 [EBook #17264] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA SIRÈNE 
*** 
 
Produced by Carlo Traverso, Massimo Blasi and the Online Distributed 
Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. This file was produced 
from images generously made available by the Bibliothèque nationale 
de France (BnF/Gallica) 
 
GUSTAVE TOUDOUZE
LA SIRÈNE 
SOUVENIR DE CAPRI 
 
Paris 
E. Dentu, Éditeur 
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES Palais-Royal, 
17 et 19, Galerie d'Orléans. 
MDCCCLXXV 
* * * * * 
A MON AMI ET CHER CAMARADE JULES LECOMTE DU 
NOUY 
Souvenir reconnaissant. 
GUSTAVE TOUDOUZE. 
Octobre 1874. 
* * * * * 
LA SIRÈNE 
 
I 
C'est le matin: Naples s'éveille sous les premiers baisers du soleil. Mille 
cris se heurtent et se croisent déjà, les gestes le disputant en vivacité 
aux paroles. 
Nus comme la main, des bambins se roulent sur les dalles, rongeant un 
fruit, s'arrachant un jouet, courant après le sou du passant généreux ou
du forestiere charmé de leur bonne mine. Sales, la figure barbouillée et 
les cheveux en broussailles, ils ont les chairs merveilleuses, le ton et la 
forme des enfants peints par Raphaël. A quelques pas, leurs mères et 
leurs soeurs, assises auprès d'un panier de fruits ou surveillant un 
fourneau allumé pour cuire le macaroni, se coiffent en plein air, faisant 
gravement la chasse à un insecte importun, lissant leurs cheveux et 
n'interrompant la natte commencée que pour crier leur marchandise, 
invectiver une voisine ou administrer une taloche à un marmot 
récalcitrant. Sur toute la longueur du quai, adossées au parapet qui 
borde le golfe, du Fort de l'OEuf au Palais du Roi, se dressent les 
légères boutiques à claire-voie où l'on débite les fiori et les frutti di 
mare, coquillages, poissons, mollusques encore vivants, qui grouillent 
pêle-mêle dans les baquets pleins d'eau de mer. A travers la foule des 
marchands, des flâneurs napolitains et des étrangers, les cochers lancent 
à toutes brides leurs chevaux sans écraser un enfant ni renverser un 
étalage, et ne se font pas faute d'interpeller les passants. De temps en 
temps s'avance plus calme un paysan conduisant une voiture de 
légumes; le mulet secoue gaiement son collier dont les cuivres 
étincellent, et un carillon de sonnettes suit chaque mouvement de sa 
tête. 
Mais comment ne point pardonner à ce quai Santa-Lucia sa saleté et 
son tapage, son peuple remuant et criard, son encombrement et ses 
puces, en le voyant, exubérant de vie et de gaieté, baigné par le soleil, 
s'étendre paresseusement en face du Vésuve, s'allonger avec une sorte 
de volupté au bord du golfe magique dont les eaux bleues le caressent? 
Descendants des fameux lazzaroni, peut-être même leurs fils, des 
pêcheurs, étendus à plat ventre sur la crête du parapet, dorment ou 
causent, et par moments jettent un regard nonchalant sur le petit bateau 
à vapeur, encore amarré au quai, en partance pour Capri; de grands 
gamins, vêtus d'un lambeau de chemise ou culottés d'une loque de 
pantalon maintenue sur l'épaule par une bretelle en corde, fixent leurs 
yeux noirs du même côté. 
La cloche tintait à coups précipités, lançant dans la pureté de l'air sa 
note stridente, et les ondes sonores allaient, s'élargissant, porter au loin
l'appel monotone du bateau. S'échappant avec un sifflement aigu, une 
sorte de cri déchirant et prolongé, la vapeur mêlait son nuage 
impalpable à l'épaisse fumée noire vomie par le tuyau principal, 
pendant que la machine haletait et rugissait, communiquant ses 
trépidations à toute la membrure de la Speranza. Quelques voyageurs 
français, des touristes anglais, gouailleurs à la mine épanouie, farceurs 
aux traits gourmés et impassibles, s'amusaient à lancer dans l'eau des 
pièces de monnaie, et une dizaine de jeunes Napolitains de dix à seize 
ans, complètement nus, nageaient et plongeaient autour du vapeur, à la 
recherche de cette manne de nouvelle espèce. Les passagers joignaient 
leurs rires aux cris, aux lazzis, aux provocations comiques de ces tritons 
bruns et agiles qui s'ébattaient dans l'écume de la vague, enveloppant de 
leurs jeux les flancs polis et glissants du bateau. 
Ce tapage aquatique avait un indifférent: le marin en long bonnet de 
laine qui frappait sans relâche la cloche d'appel, n'écoutant rien, ni les 
réclamations des voyageurs impatients, ni les plaintes des passagères 
nerveuses, et attendant patiemment l'ordre du capitaine. Celui-ci, 
appuyé au bastingage, fumait lentement un long cigare traversé    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
