La patrie française | Page 2

Francois Coppée
coupable d'avoir enseigné l'amour de la patrie à ses élèves, notre vaillant ami Gabriel Syveton. Ils ont détruit, autant qu'il était en leur pouvoir, les forces vives du pays, supprimé notre surveillance de guerre, congédié nos chefs les meilleurs, traité en suspects nos soldats les plus glorieux. Sentant gronder autour d'eux la colère d'un peuple, ils ont eu recours à la terreur, ont fait fabriquer par leur police un complot chimérique, et ont jeté dans les cachots un certain nombre de bons citoyens, et, d'abord, le patriote par excellence, le Fran?ais exemplaire, notre grand et cher Paul Déroulède. Vous savez quelle honteuse comédie se joue en ce moment à la Haute-Cour, et comment Déroulède va être condamné pour un fait dont il a été absous par le jury, c'est-à-dire par le peuple, avec encouragement formel de poursuivre son oeuvre de purification et de délivrance.
Hier encore, sous l'inspiration directe du ministère, ces juges politiques ont osé rendre ce monstrueux arrêt de compétence. Et je vous propose de saluer avec moi les 91 honnêtes gens que renferme encore cette assemblée, et ces deux illustres défenseurs de la Constitution républicaine, MM. Wallon et de Marcère, qui ont eu le courage et la loyauté de dénoncer l'iniquité de leurs collègues et leur véritable forfaiture. N'oublions pas non plus notre ami du Comité, M. le sénateur Rambaud, qui a voté avec le même courage.
Demain, ce ministère qui a déjà fait tant de mal se présentera devant les Chambres avec une poignée de lois encore plus mena?antes et qui nous promettent de nouveaux attentats contre la justice et contre la liberté. Il se propose de supprimer à peu près les conseils de guerre et de porter ainsi un coup mortel à la discipline, force essentielle des armées. Il prétend exiger, de quiconque aspirera à un grade ou à une fonction quelconque, trois ans de séjour dans les établissements scolaires de l'Etat, instituant par cela même, dans la société moderne, une caste de parias comme dans l'Inde, et violant le droit sacré des pères et des mères sur l'ame de leurs enfants.
Attendons-nous encore, à propos des associations, à des chinoiseries juridiques n'ayant d'autre but que de persécuter lachement les prêtres et les religieux--c'est déjà commencé--et d'humilier l'Eglise chrétienne devant la triomphante synagogue. Tenez aussi pour certain que, dans peu de temps, on essaiera de nous arracher la dernière arme défensive qui nous reste, la liberté de la presse.
Nous n'avons malheureusement pas l'espoir que le Parlement s'oppose demain à tant d'injustices. Il faut s'attendre à toutes les lachetés de la part des parlementaires.
Mais rien ne nous fera désespérer, rien même ne nous découragera. C'est la tache de tous les bons Fran?ais de s'opposer par tous les moyens légaux à la tyrannie qui nous menace. Cette tache, notre courageux, éloquent et admirable ami Jules Lema?tre va nous en tracer le programme, et je ne veux pas retarder plus longtemps le plaisir que vous aurez à l'entendre. Je me contenterai de vous dire encore une fois que, d'après ma profonde conviction, la France, la vraie France, celle qui compte tant d'hommes intelligents, laborieux et honnêtes, tant de femmes dévouées, tant de familles vertueuses, tant de braves et loyaux soldats, tant d'ouvriers et de paysans aimant vraiment leur patrie, finira par triompher de la bande de politiciens qui l'exploitent et la déshonorent, par établir un gouvernement probe et respecté, et par relever son pur et glorieux drapeau. L'oeuvre pourra être longue, sans doute, mais quiconque a le coeur à sa place et le sentiment de l'honneur et du devoir n'y doit point faillir.
Quant aux hommes qui nous oppriment momentanément, je ne puis croire, malgré tout, qu'ils se maintiendront au pouvoir.
L'opinion publique, j'en suis convaincu, ne pourra supporter longtemps cette monstrueuse antithèse: Dreyfus, deux fois condamné comme tra?tre, en liberté, et Déroulède, le défenseur des droits du peuple, en prison.

L'OEUVRE DE LA "PATRIE FRAN?AISE" DISCOURS-PROGRAMME PAR JULES LEMAITRE
L'OEUVRE DE LA "PATRIE FRAN?AISE"

Mesdames, Messieurs,
Nous nous retrouvons donc après quatre mois de séparation. Ces quatre mois ont été très remplis. Ils l'ont été, on peut le dire, abominablement. L'état du pays est lamentable; et la tache de ceux qui voudraient y porter remède para?t démesurée. Elle l'est assurément pour le millier d'hommes assemblés ici; mais elle serait presque facile si tous ceux qui ressentent les maux publics s'unissaient à nous, si tous ceux qui pensent généreusement se mettaient à vouloir et à agir ensemble.
L'ambition de la ?Ligue de la Patrie fran?aise?, c'est de réveiller l'énergie civique dans le coeur de tous les bons Fran?ais; d'être comme le premier noyau d'une résistance nationale à l'iniquité publique; de devenir la ligue de toutes les bonnes volontés de France. Il le faut, et même il n'est que temps.
Je serai obligé de simplifier beaucoup pour rester clair. Je ne vous apporterai que des remarques et des exhortations très
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