écueils: région solitaire, triste, orageuse, 
couverte de nuages, où le bruit des vents et des flots est éternel.--Aussi 
les légendes naissent nombreuses dans l'imagination vive et néanmoins 
mélancolique des Bretons, si attachés à leur religion et à leurs 
foyers.--Tout le monde connaît les ouvrages d'Emile Souvestre, de Paul 
Féval et de Brizeux: ces écrivains évoquent souvent des souvenirs 
bretons qui nous ont fourni de précieux documents sur les usages de 
Noël au pays des dolmens et des menhirs. 
Parmi les nombreux amis que nous ont faits nos recherches sur les 
coutumes de Noël, il y en a plusieurs que nous voudrions nommer ici, 
mais nous craindrions de blesser leur modestie. Quelques-uns nous ont 
écrit avec autant d'empressement que de grâce et de talent: que ceux-là 
surtout soient cordialement remerciés. Dans le cours de cet opuscule, 
nous nous sommes permis de citer quelques initiales; la reconnaissance 
nous en faisait un devoir; nous avons tenu cependant à garder la plus 
absolue discrétion. 
Montrer combien la fête de Noël est populaire dans le monde entier, 
faire connaître et aimer davantage le divin Enfant de Bethléem, tels 
sont les deux sentiments qui nous ont inspiré ce long travail, qu'avec la 
grâce de Dieu et le concours de nos amis, nous espérons mener à bonne 
fin. 
Cette brochure et les deux précédentes «Noël dans les Pays étrangers» 
et «Les Crèches de Noël dans tous les Pays» se vendent au profit des 
trois Ecoles libres et des Oeuvres paroissiales de Pithiviers. Nous 
prions nos lecteurs de les faire connaître autour d'eux.
LA NUIT DE NOËL DANS TOUS LES PAYS 
 
CHAPITRE PREMIER 
LA VEILLÉE DE NOËL ET LES LÉGENDES QU'ON Y RACONTE 
Quelles douces heures que celles des veillées de décembre et quel 
charme elles ont laissé dans nos souvenirs d'enfance! 
Alors au foyer brillent les joyeuses flambées, pendant que le vent 
ébranle la maison et que la pluie bat les vitres. Vous voyez d'ici, 
n'est-ce pas, la salle bien close la lampe sous son abat-jour, le feu de 
sarments qui pétille avec un bruit sec, illuminant le plafond à solives. 
Bébé, heureux et affairé, trottine dans la chambre; il touche au soufflet, 
renverse la pelle et regarde avec étonnement et envie son père qui 
tisonne, tandis que les flammes bleuâtres, longues et minces, lèchent 
l'écusson de la vieille cheminée aux teintes noires et luisantes. 
Assis au coin du feu, le grand-père se chauffe tout pensif, tandis que la 
marmite fait «glouglou» et que de chaque côté de son lourd couvercle 
s'échappe un mince filet de vapeur. 
La maîtresse du logis a quitté sa belle coiffe et pris le bonnet du soir; 
debout, la main gauche posée sur la hanche, elle tourne et retourne, de 
sa main droite, sa grande cuillère de bois dans le ragoût qui «mijote» 
sur le fourneau. 
Dans un coin de la chambre, grand'mère explique à sa petite-fille les 
enluminures d'un vieil almanach déjà noirci par les années. 
La vieille horloge, au large balancier de cuivre, frappe lourdement ses 
coups... 
Telles sont à peu près les veillées d'hiver dans la plupart des 
campagnes.
La veillée de Noël revêt un caractère particulier, surtout dans le Midi de 
la France. 
Elle comprend: 
Le repas maigre (appelé en Provence _gros souper_); 
Les _divertissements_; 
Les _légendes_. 
 
I.--LE REPAS MAIGRE. 
«Il existe dans notre Auvergne des coutumes qui, pour être moins 
éclatantes, n'en ont pas moins un charme tout particulier et un sens 
profondément chrétien. La veille de Noël, la nuit venue, la table est 
dressée devant le foyer. On la couvre d'une nappe bien blanche, et, au 
centre d'une magnifique brioche, on place un chandelier en cuivre 
soigneusement fourbi. La maîtresse de la maison fouille dans la grande 
armoire et revient avec une chandelle précieusement enveloppée dans 
du papier gaufré. 
«La belle chandelle prend place au milieu de la table. 
«... Les préparatifs termines, mon vieux père, quoique malade, veut 
assister au repas. Il prend, de sa main tremblante, la chandelle de Noël, 
l'allume, fait le signe de la croix, puis l'éteint et la passe au frère aîné. 
Celui-ci, debout et tête nue, l'allume à son tour, se signe, l'éteint, puis la 
passe à sa femme. La chandelle passe ainsi de main en main, pour que 
chacun, à son rang d'âge, puisse l'allumer. Elle arrive enfin entre les 
mains du dernier né. Aidé par sa mère, celui-ci l'allume à son tour, se 
signe et, sans l'éteindre, la place au milieu de la table, où elle 
brille--bien modestement--pendant tout le repas. 
«N'est-ce pas là le souvenir touchant de la _Lumière qui éclaire tout 
homme venant en ce monde_[1]?
[Note 1: Joann. I, 9.] 
«Ce rite accompli, le repas commence joyeux, animé, assaisonné par le 
jeûne de la vigile, agrémenté par l'apparition de la traditionnelle soupe 
au fromage et par les surprises que ménage la cuisinière. Et quand les 
grâces    
    
		
	
	
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