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La mer et les marins 
 
The Project Gutenberg EBook of La mer et les marins, by Édouard Corbière This eBook 
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Title: La mer et les marins Scènes maritimes 
Author: Édouard Corbière 
Release Date: December 19, 2005 [EBook #17353] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MER ET LES MARINS 
*** 
 
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LA MER ET LES MARINS. 
Scènes Maritimes. 
PAR ÉDOUARD CORBIÈRE 
 
Auteur des Pilotes de l'Iroise et du Négrier. 
IMPRIMERIE DE PLASSAN ET COMPAGNIE RUE DE VAUGIRARD, N. 15 PARIS.
JULES BRÉAUTÉ, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DE CHOISEUL, 8 BIS, ET MÊME 
MAISON, PASSAGE CHOISEUL, 60 
1833. 
 
De tous les actes produits par la raison humaine, la navigation est, sans contredit, le plus 
difficile, et celui qui a exigé le plus d'audace. La nature a mis chaque être au milieu de 
ses rapports nécessaires; elle lui a affecté une place qu'il ne peut changer, elle lui a donné 
des organes propres aux éléments qu'il habite, et dont la disposition sert à l'exercice de 
certaines inclinations innées; aussi, ne voit-on jamais les animaux contrarier ses vues. 
Chez eux, l'individu respecte toute sa vie les lois qui gouvernent l'espèce entière. 
L'homme seul, qui fonde toute sa prééminence sur une faculté pour ainsi dire artificielle, 
l'homme, qui a tout tiré de son industrie pour assurer son empire sur la terre, a eu besoin 
d'une industrie plus puissante encore quand il a voulu établir sa domination sur un 
élément auquel la nature ne l'avait point destiné. Sur la terre, en effet, son industrie a pu 
le mettre aux prises avec quelques dangers; mais, sur la mer, il a eu à lutter contre tous. 
La terre était son domaine, et il n'a eu, pour l'assujettir, qu'à obéir à une inclination 
naturelle; ici, au contraire, il a fallu que cette inclination cédât à une volonté qui la 
contrariait. 
Sans doute, le caractère de la raison est non-seulement de tirer parti de tout, mais encore 
d'abuser de tout. L'art de la navigation mérite les mêmes blâmes que tous les autres. En 
étendant l'empire de l'homme sur un élément qui ne lui avait pas été donné, il a fait servir 
cet élément de théâtre à nos fureurs, et il n'est pas aujourd'hui un rivage si ignoré qu'il fut 
jadis, qui n'ait été souillé du sang des hommes. Ainsi, si ce n'est pas, rigoureusement 
parlant, le plus utile des arts, c'est toujours le plus sublime de tous. 
Mais ce n'est ni par ses brillants accessoires, ni par ses résultats plus brillants encore, et 
qui ont été cent fois examinés, que la navigation présente à nos regards un spectacle si 
différent des autres sciences, c'est par les sensations mêmes dont elle remplit l'âme de 
celui qui lui a consacré sa vie. Quelles sensations que celles de l'homme qui, jeune encore, 
quitte pour la première fois cette famille dans laquelle jusqu'ici se sont concentrées toutes 
ses affections; ces amis, qui ont été les confidents de toutes ses pensées; les objets 
insensibles eux-mêmes, qui, n'ayant pas vieilli comme nous, retracent, par leur aspect, 
des souvenirs toujours vivants. Une autre existence, d'autres liens à contracter, d'autres 
hommes à fréquenter, d'autres lieux à visiter, mais rien à aimer sans cesse, rien qu'on 
puisse revoir tous les jours! Quel changement dans l'esprit! quel vide même dans l'âme! 
Et quelle existence monotone! toujours la mer, calme ou irritée sans doute, mais du moins 
toujours devant nous, comme si le navire était immobile. Changer à chaque instant 
d'horizon sans s'en apercevoir, continuer sa route sans autres points de remarque que ceux 
que donne le calcul; avancer ou rester sans que l'impatience puisse se prendre à rien autre 
chose qu'à des vents qui ne dépendent pas de nous, qu'à une planche légère que les 
vagues soulèvent, malgré tous nos efforts; redouter toutes les horreurs du besoin, 
considérer d'un oeil morne le navire qui fuit à la lame dans les tempêtes, comme si, en 
l'abandonnant aux flots, il n'y avait plus d'espoir que dans le hasard, quelles situations
diverses, et comment celui qui a vécu un seul jour de cette vie, la regrette-t-il toujours! 
Ce sont précisément ces situations qui modifient l'âme de telle manière qu'elle n'y peut 
plus renoncer. Qui de nous n'a pas éprouvé, qu'à l'aspect d'un horizon sans bornes, l'âme 
s'étendait    
    
		
	
	
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