La maniere de bien traduire dune langue en aultre

Estienne Dolet
La maniere de bien traduire
d'une langue en
by Estienne
Dolet

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langue en
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Title: La maniere de bien traduire d'une langue en aultre
Author: Estienne Dolet
Release Date: October 6, 2006 [EBook #19483]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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MANIERE DE BIEN TRADUIRE ***

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LA MANIERE DE BIEN TRADVIRE D'VNE LANGVE EN
AVLTRE.
D'aduantage.
De la punctuation de la langue Francoyse.
Plus.
Des accents d'ycelle.
Le tout faict par Estienne Dolet natif d'Orleans.
[SCABRA, & IMPOLITA AD AMVSSIM DOLO, ATQVE
PERPOLIO.]
A Lyon, chés Dolet mesme.
M. D. XL.
Auec priuileige pour dix ans.

AV LECTEVR.
Ly, & puis iuge: ne iuge toutesfois deuant que d'auoir ueu mon Orateur
Francoys, qui (possible est) te satisfaira quant aux doubtes, ou tu
pourras encourir lisant ce liure.

ESTIENNE DOLET A Monseigneur de Langei humble salut, &
recongnoissance de sa liberalité enuers luy.
Ie n'ignore pas (Seigneur par gloire immortel) que plusieurs ne
s'esbaissent grandement de ueoir sortir de moy ce present Oeuure:
attendu que par le passé i'ay faict, & fais encores maintenant
profession totalle de la langue Latine. Mais à cecy ie donne deux

raisons. L'une, que mon affection est telle enuers l'honneur de mon pais,
que ie ueulx trouuer tout moyen de l'illustrer. Et ne le puis myeulx faire,
que de celebrer sa langue, comme ont faict Grecs, & Rommains la leur.
L'aultre raison est, que non sans exemple de [En marge: Autheurs
antiques illustrateurs de leur langue.] plusieurs ie m'addonne à ceste
exercitation. Quant aux Antiques tant Grecs, que Latins, ilz n'ont prins
aultre instrument de leur eloquence, que la langue maternelle. De la
Grece seront pour tesmoings Demosthene, Aristote, Platon, Isocrate,
Thucydide, Herodote, Homere. Et des Latins ie produis Ciceron, Cæsar,
Salluste, Virgille, Ouide. Lesquelz n'ont delaissé leur langue, pour estre
renommés en une aultre. Et ont mesprisé toute aultre: sinon qu'aulcuns
des Latins ont apprins la Grecque, affin de scauoir les arts, &
disciplines traictées par les Autheurs d'ycelle. [En marge: Aulcuns
Autheurs modernes illustrateurs de leur langue, tant en Italien, qu'en
Francoys.] Quant aut modernes, semblable chose que moy a faict
Leonard Aretin, Sannazare, Petracque, Bembe (ceulx la Italiens) & en
France Budée, Fabri, Bouille, & maistre Iacques Syluius. Doncques
non sans l'exemple de plusieurs excellents personnages i'entreprends
ce Labeur. Lequel (Seigneur plein de bon iugement) tu recepuras non
comme parfaict en la demonstration de nostre langue, mais seulement
comme ung commencement d'ycelle. Car ie scay, que quand on uoulut
reduire la langue Grecque, & Latine en art, cela ne fut absolu par ung
homme, mais par plusieurs. Ce qui se faira pareillement en la langue
Francoyse: & peu a peu par le moyen, & trauail des gens doctes elle
pourra estre reduicte en telle parfection, que les langues dessusdictes.
A ceste cause (Seigneur tout humain) ie te requiers de prendre ce mien
labeur en gré, & s'il ne reforme totallement nostre langue, pour le
moyns pense, que c'est commencement, qui pourra paruenir à fin telle,
que les estrangiers ne nous appelleront plus Barbares. Te soubuienne
aussi en cest endroict, qu'il est bien difficille, qu'une chose soit
inuentée, & parfaicte tout a ung coup. Parquoy tu te doibs contenter de
mon inuention, & en attendre ou par moy, ou par aultres la parfection
auec le temps. Ioinct aussi, qu'en choses grandes, & difficilles le
uouloir doibt estre [En marge: Le comble des uertus de Monsieur de
Langei.] asses. Ie laisse ce propos, & te ueulx dire ce, qui m'a esmeu
de te dedier ce Liure. Certes l'opinion, & estime grande, que i'ay de ton
scauoir, eloquence, & iugement en tout esmerueillable, m'a induict à ce

faire, aultant ou plus, que l'humanité, & liberalité, de laquelle tu uses
de iour en iour de plus en plus en mon endroict: & ce sans aulcun mien
merite: car de te faire aulcun seruice meritant telle amour, que me la
portes, & monstres par effect, cela est hors totallement de mon pouuoir.
Toutesfoys pour suppliment du pouuoir la uoulunté te doibt satisfaire:
laquelle est telle, que sans exception d'aulcun Humain ie te reuere,
comme ung Demidieu habitant en ces lieux terrestres, & estincellant de
tous costés par une lumiere de uertus à toy seul octroiées par
l'Omnipotent: Omnipotent enuers toy prodigue de ses graces, si iamais
il en eslargist à aulcune
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