La femme du mort, Tome II

Alexis Bouvier

La femme du mort, Tome II (1897), by

Alexis Bouvier (1836-1892) This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org
Title: La femme du mort, Tome II (1897)
Author: Alexis Bouvier (1836-1892)
Release Date: February 10, 2006 [EBook #17739]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LA FEMME DU MORT
PAR
ALEXIS BOUVIER
TOME II
QUARANTE--CINQUIEME ��DITION

PARIS ERNEST FLAMMARION, ��DITEUR RUE RACINE, 26, PR��S L'OD��ON

TROISI��ME PARTIE

I
LA VEUVE D'UN VIVANT
Un soir, las, ��puis�� d'une longue trotte, Simon, faisant la moue, maussade, les yeux gonfl��s d'avoir pleur��, ��tait assis devant la haute chemin��e de campagne qui se trouvait dans la grande salle du rez-de-chauss��e de la petite maison de Charonne. Le balancier de l'horloge battait son tic tac m��lancolique, le chien maugr��ait en se roussissant les poils pr��s du foyer, le chat ronronnait endormi sur une chaise, la lampe fumeuse s'��tait ��teinte, et la grande salle n'��tait ��clair��e que par la flamme du foyer.
Simon machait sa praline en grognant; le n��gre avait voulu parler, disant:
--Simon est triste ce soir.
Et le matelot avait grogn��
--C'est �� cause que t'es fonc�� que tu vois tout en noir.
Et tout ��tait redevenu silencieux
Pierre rentrait du jardin. En voyant �� la lueur du foyer deux grosses larmes qui coulaient sur les joues de son fid��le serviteur, il s'avan?a vers lui et dit affectueusement:
--Qu'as-tu, mon vieux fid��le?
Cette fois, le matelot ne put se contenir; il fit la plus laide grimace et se mit �� pleurer comme un enfant.
--Qu'as-tu, donc? demanda encore Pierre inquiet.
--J'ai... j'ai... j'ai... je ne voudrais pas vous dire ?a! mais je ne peux plus y tenir!
Il y eut quelques minutes de silence pendant lesquelles Simon essuyait de sa manche ses gros yeux, cherchant �� dominer son ��motion.
--V'l�� l'histoire, mon lieutenant: c'est la f��te �� Charonne. Ce matin, je m'avais mis l'uniforme, tout le grand tralala, toutes voiles dehors; je m'avais ras��. Je m'��tais dit: Esp��re, esp��re! je vais aller �� la foire, je vais acheter la f��te �� mademoiselle. Je me sors en disant: Simon, faut ��tre sobre... J'��tais gai, quoi! �� la porte, je rencontre Mlle Jeanne, elle me fait son petit rire et le nez en l'air, se cramponne et elle me dit: ?Je veux que tu m'emm��nes.? Mon lieutenant, je ne sais rien refuser �� ma petite ma?tresse.
--Commandez! que j'y dis.
--O�� que tu vas? qu'elle me dit.
--�� la f��te, que je dis, et elle boudait, et je dis: Esp��re!... esp��re!... je vas l'emmener cette enfant-l��. Je la m��ne devant les baraques, devant les boutiques, et elle me tire, elle me tire, j'y montre ci... j'y montre ?a... Elle ne veut rien et elle me tire. Je me dis: Non, elle n'est pas gourmande, je vais la mener aux saltimbanques; je la m��ne devant le paillasse; il faisait des grimaces...; il disait des b��tises... Tout un chacun riait, et riait, et moi j'y allais; je regarde mademoiselle... elle pleure... et elle me tire, et elle me tire, c'��tait trop b��te. Je me dis: Mais quoi qu'elle veut donc, cette petite-l��? C'��tait trop b��te!
J'y dis: Mais, qu'est-ce que vous avez donc, mademoiselle? Je vous montre des joujoux, t'en veux pas... des sucres de couleurs, t'en veux pas, des com��dies... t'en veux pas. Qu'est-ce que tu veux, mademoiselle?... V'l�� qu'elle se met �� pleurer, �� pleurer. Qu'est-ce que vous vouliez que je fasse, moi? Je pleure, que j'en ai manqu�� de m'��touffer; je pleure, elle pleure et elle me tire... Mais o�� donc qu'elle veut aller? que je me dis.
--Viens donc, qu'elle me dit.
--Mais o��? que je dis.
--Viens o�� vont les petites filles de l'��cole... Tu sais bien, les petites en noir, qui vont par la petite porte, derri��re chez nous.
--Comment que je fais, au cimeti��re?...
--Oui! qu'elle me dit...
Et puis elle me dit toute suppliante:
--Simon, je t'en prie, m��ne-moi o�� est endormie maman.
--Ah! vous pensez si je me suis mis �� pleurer, mon lieutenant; qu'est-ce que vous vouliez que je r��ponde �� cette enfant? et elle se fachait, et elle m'a dit que j'��tais sans coeur, et elle est remont��e pr��s de Mme Madeleine; elle ne voulait plus me parier. Je ne pouvais rien lui dire, �� cette petite; ?a fait que je pleurais.
Et, en disant ces mots, le matelot fondait en larmes.
Pierre, ��mu, regardait son d��vou�� serviteur, dissimulant l'impression douloureuse qu'il avait ressentie; puis il exclama tout �� coup:
--La situation n'est pas tenable, il faut en finir.
Et Simon, hochant la t��te, dit:
--Oui, au fait, mon lieutenant, vous ne vous
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