de cette femme l'avait 
charmé, mais qu'il n'avait pas pour elle la passion qu'il avait pour moi... 
J'en arrivai à lui écrire dans ce sens, je lui pardonnai cette infidélité... le 
suppliant de revenir à moi!... Cette fois encore je fus repoussée... 
Écoutez, monsieur, lorsqu'une femme aime, lorsqu'elle se trouve dans 
la situation où je me trouve, il ne faut plus parler de raison,--la preuve 
c'est ma présence chez vous,--il ne faut plus parler que de moyens 
indignes.... Je fis interroger les domestiques ... et j'appris que cette 
femme avait dirigé Fernand dans son indigne conduite, que c'était elle 
qui avait exigé que je fusse honteusement chassée de chez lui ... et 
qu'elle s'était servie pour me qualifier de noms que je ne veux pas 
répéter.... Cette fois, la nature humaine est bizarre, l'amour se changea 
en haine, je résolus de me venger de lui et d'elle que je confonds dans 
une haine mortelle.... Mais je suis femme, et par cela incapable de la 
vengeance terrible que je rêve.... Il faut avec moi un homme décidé.... 
--Et c'est moi? fit avec stupéfaction Pierre Davenne, c'est moi que vous 
avez choisi.... 
--Je vous en supplie, monsieur, écoutez-moi jusqu'au bout, la force 
nerveuse qui me soutient à cette heure me fera défaut tout à l'heure. 
Le jeune homme se tut, hochant la tête, étourdi de ce qu'on venait de lui 
dire. 
Madeleine continua: 
--Un homme décidé, et plein de la même haine, du même désir de 
vengeance....
Pierre écouta, car cette condition lui manquait, ce n'était donc pas de lui 
qu'il était question. 
--Je n'ai pas à vous dire par quel moyen je réussis à pénétrer chez lui à 
une heure où il était absent.--Je vous ai dit qu'il y a des situations où on 
ne recule pas devant l'indignité des moyens.--Je voulais connaître sa 
maîtresse, j'allai chez lui, je fouillai le coffre où se trouvaient autrefois 
mon portrait et mes cheveux, le coffret du souvenir.--Sa banalité 
m'assurait que je ne me tromperais pas.... On avait déchiré mon 
portrait,--la femme, la nouvelle,--je le savais, et je trouvai le portrait de 
ma rivale, et deux lettres.... 
--Avec le nom de la femme? demanda Pierre. 
La jeune fille fit un signe affirmatif de la tête. 
--Les imprudents, dit Davenne à mi-voix, et plus haut: Alors, 
qu'avez-vous fait? 
--Ce que j'ai fait, répondit Madeleine étonnée de la question, ce que j'ai 
fait?... J'ai pris le médaillon, j'ai écrit au mari. 
--Elle est mariée?... dit Pierre avec un tremblement dans la voix. 
La jeune fille, les yeux ardents, la voix sifflante, poursuivit: 
--Et je me suis rendue chez lui, pour lui livrer les preuves que j'avais 
volées.... Les voici, voyez.... 
Et en disant ces mots, elle plaça sur la table les lettres et le portrait. 
Pierre Davenne les avait à peine regardés, qu'il jeta un cri et se redressa, 
pâle, menaçant, terrible; il s'écria: 
--Vous mentez, madame, vous mentez.... 
Devant l'attitude agressive de Pierre Davenne, la jeune fille ne bougea 
pas; elle affirma avec calme:
--Monsieur, votre femme est la maîtresse de mon amant, de votre ami 
Fernand Séglin, et je viens vous le révéler, pour que vous vous vengiez 
en me vengeant moi-même.... 
Pierre Davenne regarda les lettres, le portrait.... Il restait sans voix, sans 
mouvement, les yeux fixes, oubliant celle qui lui avait parlé. 
Celle-ci avait vivement ramassé son châle, s'était enveloppée dedans et 
se sauvait, insoucieuse de la pluie et du fracas du tonnerre; elle se fit 
ouvrir la grille de la rue par Simon stupéfait, et lui remettant sa carte 
elle lui dit: 
--Dites à M. Davenne qu'il m'écrive à cette adresse ... s'il a besoin de 
moi. 
Le matelot clignait de l'oeil et hochait la tête en murmurant: 
--Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là? Affalons la langue et 
mystère! 
Et il remonta le perron pour remettre la carte à son maître. 
Quand Pierre avait entendu la porte se fermer derrière la jeune fille, il 
avait regardé autour de lui, puis avait pris les lettres, les avait lues, 
relues.... 
Elles ne laissaient aucun doute, car le malheureux s'écria: 
--La misérable!... 
Et fou de rage, de colère et de douleur, s'arrachant les cheveux, il 
marchait dans le salon, se buttant aux meubles.... Tout à coup il s'arrêta 
devant la panoplie, et l'oeil ardent, les lèvres moussues, les dents 
serrées, il décrocha un pistolet, s'assura qu'il était chargé, l'arma et 
poussant un cri rauque il courut vers le vestibule, grimpa l'escalier, 
entra dans la chambre de sa femme où la veilleuse ne jetait qu'une lueur 
douteuse; il s'élança vers le lit et dirigea le canon de son arme sur sa 
femme endormie.
Il fit feu! 
Un éclair illumina la chambre, dévoilant le plus charmant tableau. 
Geneviève était endormie sur son bras inondé de ses admirables 
cheveux bruns, sa tête reposait souriante, et, couchée sur elle, mêlant 
ses    
    
		
	
	
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