La conquête d'une cuisinière I 
 
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Title: La conquête d'une cuisinière I Seul contre trois belles-mères 
Author: Eugène Chavette 
Release Date: October 3, 2005 [EBook #16795] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA CONQUÊTE D'UNE 
CUISINIÈRE I *** 
 
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LA CONQUÊTE D'UNE CUISINIÈRE I 
[Illustration] 
SEUL 
CONTRE TROIS BELLES-MÈRES 
 
PAR 
EUGÈNE CHAVETTE 
 
I
--Des femmes, parbleu! aies-en dix à la fois, vingt... cent même!... Ce n'est pas moi qui 
t'en blâmerai, puisque je te prêche d'exemple. Mais ce que je ne veux pas, ce que je 
t'interdis formellement, c'est ce qu'on appelle vulgairement un collage. 
Ainsi s'exprimait le plus vieux de deux déjeuneurs attablés dans un cabinet du café 
Anglais, ayant vue sur le boulevard. Après un succulent repas, ils en étaient au moment 
du moka. 
Après s'être humecté le palais d'une gorgée de café, le parleur reprit la parole: 
--Non, non, cher neveu, pas de concubinage! Pas de cette liaison bête à ton âge, qui vous 
endort à l'heure d'être frétillant, qui abrutit ces belles années de la jeunesse qu'un homme 
doit employer à jeter sa gourme afin de faire, plus tard, un bon mari! 
Le second convive, un fort beau garçon de vingt-cinq ans, allait répliquer, mais son 
morigéneur ne lui en laissa pas le temps. 
--Quand ta mère, ma bonne et chère soeur, est morte, reprit-il, elle te laissait une 
quarantaine de mille francs. J'ai eu la main heureuse à te placer cette somme qui te donne, 
aujourd'hui, 3,000 francs de rente. Ajoutons-y les trois autres mille francs de ta place, 
puis, enfin, les quatre mille que, bon an mal an, tu me soutires à l'aide de carottes plus ou 
moins longues; c'est donc un total d'une dizaine de mille francs, plus que suffisants pour 
un jeune homme qui, comme toi, n'est pas complètement oisif... Que, ces dix mille francs, 
tu les manges à droite et à gauche, avec la brune et la blonde, bravo!... mais qu'ils ne te 
servent qu'à lutter stupidement contre la gêne d'un collage, pouah! pouah! mon très cher 
neveu! 
Et, après cette tirade, l'ennemi du concubinage huma une nouvelle gorgée de café. 
Le neveu, puisque neveu il y avait, prit un petit air étonné pour demander: 
--Mais, mon oncle, à propos de quoi me dites-vous cela? 
Sans abaisser sa tasse qu'il se passait et repassait sous le nez pour régaler ses narines de 
l'arôme du moka, l'oncle regarda son neveu en face et répliqua d'un ton doucement 
grondeur: 
--Ne fais donc pas la bête, Gontran! As-tu, par hasard, la prétention de rouler un vieux 
singe de ma sorte?... Jadis, neuf fois sur dix, je te trouvais chez toi quand j'allais t'y voir. 
Depuis trois mois, à chaque visite, j'ai beau sonner à tour de bras, tu me laisses le nez 
devant la porte fermée après que, j'en suis certain, tu m'as reconnu par quelque trou 
invisible, donnant sur le carré... Je la connais, cette blague-là; je la faisais autrefois à mon 
bottier. Or, si tu ne me laisses plus mettre le pied dans ton domicile, c'est parce que tu y 
vis maritalement avec une donzelle... Voyons, Gontran, regarde-moi bien en face et 
soutiens-moi le contraire! 
N'osant pas nier, le neveu tenta d'atténuer sa faute:
--Ah! mon oncle, si vous la connaissiez! Jolie, distinguée, bien élevée, avança-t-il. 
--Ta! ta! fit moqueusement l'oncle; si je la connaissais, je trouverais qu'elle ressemble à 
beaucoup d'autres de ma connaissance... Je la vois d'ici ta perle. Une monteuse de coups 
qui pose à l'élève de Saint-Denis, à la princesse en sucre, grimaçant au moindre mot de 
gaudriole, faisant ses yeux sur le plat en broyant sur le piano la _Dernière Pensée de 
Weber_... Ah! si tu savais comme, à moi aussi, on a tenté de me pousser la _Dernière 
Pensée de Weber_! Mais je ne me laissais pas engluer, attendu que ce n'est pas de ce 
côté-là que je cherche, avec les femmes, d'où vient le vent. Aussi, dès la seconde séance 
de piano, je filais à la sourdine en me disant: «A un autre la mijaurée! Je ne la prête pas, 
je la donne!» 
Après cette profession de foi, débitée d'une voix railleuse et pleine d'une fatuité 
passablement ridicule, l'oncle reposa sur la table sa tasse vidée, en ajoutant d'un ton un 
peu sec:    
    
		
	
	
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