La confession d'un abbé 
 
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Title: La confession d'un abbé 
Author: Louis Ulbach 
Release Date: January 31, 2006 [EBook #17643] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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CONFESSION D'UN ABBÉ *** 
 
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LA CONFESSION D'UN ABBÉ 
PAR
LOUIS ULBACH 
TROISIÈME ÉDITION 
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR, PARIS 
1883 
* * * * * 
PROLOGUE 
 
I 
M. le garde des sceaux donnait son premier dîner, un dîner 
d'installation. 
Il était nommé depuis huit jours; il ne pouvait pas savoir pour combien 
de jours; aussi, en homme prudent, rompu aux habitudes officielles, 
ayant été déjà cinq fois appelé au ministère et cinq fois obligé d'en 
sortir, s'était-il hâté de lancer ses invitations. 
Il savait que le premier fonctionnaire à faire fonctionner, dans une 
administration où l'inamovibilité est un principe, c'est celui qui est plus 
inamovible que tous les juges du monde, le cuisinier. 
Les autres grands fonctionnaires, convoqués pour rendre hommage à 
celui-là, s'étaient promis d'être exacts. 
M. le ministre était vieux. Son estomac, resté puritain et n'ayant jamais 
varié dans les hasards d'une vie politique qui comptait cinquante ans 
d'opposition, entrecoupés de ministères, sous trois régimes différents, 
restait fidèle à l'habitude de six heures. 
La seule concession que le progrès eût arrachée à cet estomac farouche, 
depuis la République, c'était d'ajouter une demi-heure de répit à l'heure 
sacramentelle. Mais, jamais, chez M. le garde des sceaux, on ne
prolongeait l'opportunisme jusqu'à sept heures. Le président de la 
Chambre des députés, les jours de dîner à la place Vendôme qui 
pouvaient coïncider avec des jours de grande discussion parlementaire, 
s'arrangeait toujours pour que les ministres fussent libres vers six 
heures, et, la plupart du temps, faisait remettre la suite de la discussion 
au lendemain. 
On comprend donc qu'avec un chef hiérarchique si ponctuel, le 
sous-secrétaire d'État au ministère de la justice, M. Barbier, eût pris la 
précaution d'être en cravate blanche et en habit noir, dès cinq heures, et 
achevât, dans cette toilette qui est la livrée égalitaire des hommes du 
monde et de leurs maîtres d'hôtel, la lecture des dossiers ou l'expédition 
des quelques affaires que M. le ministre lui avait laissé à terminer. 
Il était plus de six heures, près de six heures un quart. 
M. Barbier qui avait pris, par superstition, pour aimanter son ambition, 
la place de son ministre, devant le beau bureau, incrusté de bois variés, 
qui a appartenu, dit-on, à Louis XVI, dans le grand cabinet du 
rez-de-chaussée, mit en équilibre les paperasses représentant les 
sollicitations des magistrats, les rapports des procureurs généraux, les 
suppliques des condamnés, poussa un soupir pour refouler la nuée 
confuse de toutes ces exhalaisons de consciences échauffées par le 
désir d'avancement ou de libération, recula son fauteuil, se frotta les 
mains, comme si elles avaient pris de la poussière en feuilletant ces 
confidences, se leva, se regarda dans la glace, rectifia le noeud de sa 
cravate, et se dit: 
--Je crois qu'il est temps de monter! 
M. le sous-secrétaire d'État était jeune, presque nouveau venu à Paris, 
où son département l'avait envoyé comme député depuis moins d'un an, 
et l'idée de monter était, à propos de toutes choses, son idée fixe. 
Il sortit, en chantonnant, du cabinet solennel, traversa le grand salon 
d'attente où les portraits en pied de quelques chanceliers célèbres 
intimident les solliciteurs naïfs, et entra sans précaution dans le grand 
vestibule fermé où se tiennent les huissiers, ne prévoyant pas qu'il dût,
à cette heure-là, se heurter à des quémandeurs d'audience. 
Mais, précisément, l'huissier en chef, celui qui n'était pas obligé d'aller 
servir à table, et qui, par formalisme, restait seul, le dernier, à son poste, 
attendant le départ du sous-secrétaire d'État, paraissait en train 
d'éconduire, difficilement un vieillard, fort convenablement vêtu, qui 
n'avait pas de lettre d'audience et qui voulait, disait-il, parler à M. le 
ministre, ou à son secrétaire. 
M. Barbier, avec la pétulance et l'imprudence d'un néophyte, peut-être 
avec la tentation orgueilleuse de jeter en passant un rayon de sa jeune 
gloire sur cet importun, s'arrêta, se raidit et, d'un ton haut, qu'il avait 
rapporté d'un parquet de province: 
--Qu'est-ce? demanda-t-il. 
L'huissier, soulagé de ce renfort, ou bien dépité de l'intervention de M. 
Barbier, quand il avait répété lui même à satiété qu'il n'y avait personne 
au cabinet de M. le garde des sceaux, ou    
    
		
	
	
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