La capitaine 
 
The Project Gutenberg EBook of La capitaine, by Émile Chevalier This 
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Title: La capitaine 
Author: Émile Chevalier 
Release Date: June 8, 2006 [EBook #18535] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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CAPITAINE *** 
 
Produced by Rénald Lévesque 
 
LA CAPITAINE 
 
PAR
EMILE CHEVALIER 
 
A M. JULES LECOMTE 
Chroniqueur du Monde illustré. 
Vous avez bien voulu, mon cher confrère, accepter la dédicace de ce 
livre; je vous en remercie sincèrement, car il ne sera un moyen de payer 
une partie de la dette de gratitude que j'ai contractée envers vous. Mais 
soyez assuré que je ne me considère pas comme quitte, et que, toujours, 
je conserverai, avec l'appréciation de vos éminentes qualités, le 
souvenir de cette précieuse bienveillance que vous mettez si 
généreusement au service de tous les artistes. 
H.-EMILE CHEVALIER. 
Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or), août 1862. 
 
LA CAPITAINE 
 
LE MASQUE DE SOIE 
PROLOGUE 
LA FUITE 
Les deux époux restèrent seuls. 
Durant ce dernier repas de chasse, où il devait dire adieu aux aimables 
folies de la jeunesse, suivant son expression, M. de Grandfroy avait fait 
des libations inaccoutumées. 
Ses yeux étaient rouges, son teint animé, ses lèvres ardentes. 
Il quitta son cigare, le jeta au feu, et, s'établissant sur le canapé où
Clotilde travaillait à une tapisserie: 
--Palsembleu! ma chère, lui dit-il, vous êtes ravissante, ce soir. Jamais 
je ne vous vis si belle; les lys et les roses de votre visage effacent les 
fleurs les plus parfumées; je me sens rajeuni à cet aspect adorable, et je 
voudrais n'avoir que vingt ans pour jouir de la charmante perspective 
d'un demi-siècle à passer près de vous. 
Avec ces paroles de goût équivoque, et ponctuées d'un regard dont la 
signification n'était guère douteuse, M. de Grandfroy se pencha vers 
Clotilde, et essaya de lui dérober un baiser. 
Mais la jeune femme fit un mouvement dans le sens opposé, et le baron, 
perdant son équilibre, roula du canapé vers le garde-feu. 
Madame de Grandfroy dissimula un sourire méprisant derrière son 
ouvrage. 
Son mari se releva bravement en s'écriant: 
--Palsembleu! j'ai failli tomber! Ces diablesses de nouvelles 
inventions--et du bout du pied il frappa le canapé--sont tellement 
étroites et peu profondes, qu'on n'y peut tenir à l'aise. Parlez-moi des 
sofas, des bons et spacieux fauteuils comme il y en avait jadis. Ah! 
dans notre temps, en 17... 
Mais il se reprit, comme si cette réminiscence lointaine lui paraissait 
inopportune: 
--C'est-à-dire, enfin, quand j'étais à mon printemps. Alors on se 
disputait mon coeur; c'était la duchesse de L..., la marquise de B..., la 
petite vicomtesse de R..., une délicieuse créature! Ah! oui; elle vous 
ressemblait, ma chère. J'étais difficile, pourtant, oh! très-difficile: on 
m'avait tant gâté! croiriez-vous que j'ai fait attendre un an la princesse 
de P..., et que la présidente D... est morte de chagrin parce que je lui 
tenais rigueur. Ce n'est pas qu'elle manquât d'attraits, la présidente! 
Palsembleu! on se l'arrachait à la cour où elle avait ses petites entrées. 
Grands yeux noirs assassins, nez à la Roxelane, carnation qui faisait
pâlir la palette de M. Boucher; fossette au menton, et une bouche! Oh! 
ma toute belle, une bouche à la vôtre seulement comparable! 
Pour confirmer sans doute la justesse de la comparaison, le baron de 
Grandfroy, qui s'était replacé près de Clotilde, lui passa sournoisement 
un bras autour de la taille et l'attira à lui. 
--Ah! monsieur, vous êtes inconvenant! dit la jeune femme en se 
dégageant. 
--Inconvenant! ma chère, moi, votre mari? 
--Permettez que je me retire dans mon appartement. 
--Un moment, un moment, ma diva. Causons un peu! Que diable, vous 
êtes plus sauvage et plus prude qu'au sortir du couvent! Dirait-on 
jamais qu'il y a un an que vous êtes mariée? 
Et il lui prit la main. 
--Laissez-moi, monsieur, laissez-moi, je vous prie! dit Clotilde d'un ton 
suppliant. 
--Vous laisser! fit le baron en lui roulant des yeux qui voulaient être 
tendres et n'étaient que lubriques; vous laisser! Mais si je vous laissais, 
vous diriez que je suis le plus grand sot du monde, et vous auriez mille 
fois raison. Allons, rasseyez-vous, mon ange, et faisons la causette 
comme de bons époux. Eh! je ne suis ni aussi vieux, ni aussi cassé que 
j'en ai l'air. Demandez à nos amis: à peine pouvaient-ils me suivre à la 
chasse, aujourd'hui. Et soyez sûre que si je renonce à ce plaisir, ce n'est 
point par impuissance: c'est afin de vous consacrer désormais tous mes 
instants! Nous autres hommes nous n'avons point d'âge, voyez-vous, et 
tant que    
    
		
	
	
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