La San-Felice, Tome VI | Page 3

Alexandre Dumas, père
comme d'habitude, couch��e �� ses pieds.
Lady Hamilton, ��pargn��e par le mal de mer, s'��tait enti��rement vou��e aux soins �� donner �� la reine, aux jeunes princesses et aux deux jeunes princes, Albert et L��opold. Elle ne se levait des pieds de la reine que pour donner une tasse de th�� aux uns, un verre d'eau sucr��e aux autres, pour embrasser au front sa royale amie, en lui disant quelques-unes de ces paroles qui rendent le courage en indiquant le d��vouement.
Au bout d'une demi-heure, Nelson descendit �� son tour. Le grain ��tait pass��; mais un grain qui n'est parfois qu'un simple accident destin�� �� ��purer le ciel, est parfois aussi l'avant-coureur d'une temp��te. Il ne pouvait donc dire �� la reine que tout ��tait fini et lui promettre une nuit parfaitement tranquille.
Sur son invitation, il s'assit et prit une tasse de th��. Les enfants de la reine, le jeune prince Albert except��, s'��taient endormis, et la fatigue et l'insouciance de l'age, avaient triomph�� de la crainte qui, autant que le malaise, tenait leurs parents ��veill��s.
Nelson ��tait depuis un quart d'heure �� peu pr��s dans la grande chambre, et, depuis cinq minutes d��j��, il semblait interroger les mouvements du vaisseau, lorsque l'on gratta �� la porte, et que, sur l'invitation de la reine, cette porte s'ouvrant, un jeune officier parut sur le seuil.
C'��tait ��videmment pour Nelson qu'il venait.
--C'est vous, monsieur Parkenson? dit l'amiral. Qu'y a-t-il?
--Milord, c'est M. le capitaine Henry, r��pondit le jeune homme, qui m'envoie dire �� Votre Seigneurie que, depuis cinq minutes, les vents ont pass�� au sud, et que, si nous continuons la m��me bord��e, nous serons jet��s sur Capri.
--Eh bien, dit Nelson, virez de bord.
--Milord, la mer est dure, le navire fatigue et a perdu toute sa vitesse.
--Ah! ah! dit Nelson. Et vous avez peur de manquer �� virer?
--Le navire cule.
Nelson se leva, salua la reine et le roi avec un sourire, et suivit le lieutenant.
Le roi, nous l'avons dit, ne savait pas l'anglais; la reine le savait; mais, les termes de marine ne lui ��tant pas familiers, elle avait compris seulement qu'il venait de surgir un nouveau danger; elle interrogea Emma des yeux.
--Il para?t, r��pondit Emma, qu'il y a �� ex��cuter une manoeuvre difficile, et qu'on n'ose le faire en l'absence de milord.
La reine fron?a Le sourcil et poussa une esp��ce de g��missement; Emma, chancelant sur le plancher mobile, alla ��couter �� la porte.
Nelson, qui comprenait le danger, ��tait remont�� vivement sur la dunette. Le vent, comme l'avait dit le lieutenant Parkenson, avait saut�� au sud; il faisait sirocco, et le batiment avait le vent compl��tement debout.
L'amiral jeta un regard rapide et inquiet autour de lui. Le temps, nuageux toujours, s'��tait cependant ��clairci. Capri se dessinait �� babord, et l'on s'en ��tait approch�� au point de distinguer, �� la pale lueur de la lune, tamis��e �� travers les nuages, les points blancs indiquant les maisons. Mais ce que l'on distinguait surtout, c'��tait une large frange d'��cume blanchissant sur toute la longueur de l'?le et indiquant avec quelle fureur la vague s'y brisait.
A peine Nelson eut-il jet�� un coup d'oeil autour de lui, qu'il jugea la situation. Le vent du sud avait masqu�� la voilure: les mats, surcharg��s de toile, craquaient. De sa voix bien connue de l'��quipage, il cria:
--Changez la barre! changez derri��re!
Et, s'adressant au capitaine Henry:
--Virons en culant! ajouta-t-il.
La manoeuvre ��tait hasardeuse. Si le vaisseau manquait son abatt��e, il ��tait jet�� �� la c?te.
A peine fut-elle commenc��e, qu'on e?t cru que le vent et la mer avaient compris le commandement de Nelson et s'entendaient pour s'y opposer. La voile du petit hunier pesant de plus en plus sur le mat de hune, le mat plia comme un roseau et fit entendre un craquement terrible. S'il se rompait, le batiment ��tait perdu.
En ce moment d'angoisses, Nelson sentit quelque chose peser l��g��rement �� son bras gauche. Il tourna la t��te: c'��tait Emma.
Ses l��vres s'appuy��rent au front de la jeune femme avec une fi��vreuse ��nergie, et, frappant du pied, comme si le navire e?t pu l'entendre:
--Vire donc! murmura-t-il, vire donc!
Le navire ob��it. Il fit son abatt��e, et, apr��s quelques minutes de doute, se trouva courant, babord amures, �� l'ouest-nord-ouest.
--Bon! murmura Nelson en respirant, nous avons maintenant cent cinquante lieues de mer devant nous avant de rencontrer la c?te.
--Ma ch��re lady Hamilton, dit une voix, ayez la bont�� de me traduire en italien ce que vient de dire milord.
Cette voix ��tait celle du roi, qui, ayant vu sortir Emma, l'avait suivie, et, derri��re elle, ��tait mont�� sur la dunette.
Emma lui donna l'explication des paroles de Nelson.
--Mais, dit le roi, qui n'avait aucune notion de l'art maritime, il me semble que nous n'allons point en Sicile et qu'au contraire le batiment, comme disent les marins, a le cap sur la Corse.
Emma transmit �� Nelson l'observation du roi.
--Sire, r��pondit Nelson avec une
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