La San-Felice, Tome V | Page 2

Alexandre Dumas, père
derni��re extr��mit��?
--Oui; mais tout a ��t�� boulevers�� par le meurtre de Ferrari. A dix heures et demie, Sa Majest�� quitte le chateau et s'embarque avec la reine, les princesses, mes deux fr��res, les ambassadeurs et les ministres, �� bord du vaisseau de lord Nelson.
--Et pourquoi pas �� bord d'un vaisseau napolitain? Il me semble que c'est faire injure �� toute la marine napolitaine que de donner cette pr��f��rence �� un batiment anglais.
--La reine l'a voulu ainsi, et, sans doute par compensation, c'est moi qui m'embarque sur le batiment de l'amiral Caracciolo, et, par cons��quent, vous vous y embarquez avec moi.
--A quelle heure?
--Je ne sais encore rien de tout cela: je vous le ferai dire. Tenez-vous pr��t en tout cas; ce sera probablement de dix heures �� minuit.
--C'est bien, monseigneur.
Le prince lui prit la main, et, le regardant:
--Vous savez, lui dit-il, que je compte sur vous.
--Votre Altesse a ma parole, r��pondit San-Felice en s'inclinant, et c'est un trop grand honneur pour moi de l'accompagner pour que j'h��site un moment �� le recevoir.
Puis, prenant son chapeau et son parapluie, il sortit.
La foule, toute grondante encore, encombrait les rues; deux ou trois feux ��taient allum��s sur la place m��me du palais, et l'on y faisait r?tir sur les braises des morceaux du cheval de Ferrari.
Quant au malheureux courrier, il avait ��t�� mis en morceaux. L'un avait pris les jambes, l'autre les bras; on avait tout mis au bout de batons pointus,--les lazzaroni n'avaient encore ni piques ni ba?onnettes,--et l'on portait dans les rues ces hideux troph��es en criant: ?Vive le roi! Mort aux jacobins!?
A la descente du G��ant, le chevalier avait rencontr�� le becca?o, qui s'��tait empar�� de la t��te de Ferrari, lui avait mis une orange dans la bouche, et portait cette t��te au bout d'un baton.
En voyant un homme bien mis,--ce qui ��tait �� Naples le signe du lib��ralisme,--le becca?o avait eu l'id��e de faire baiser au chevalier la t��te de Ferrari. Mais, nous l'avons dit, le chevalier n'��tait pas homme �� c��der �� la crainte. Il avait refus�� de donner la sanglante accolade et avait rudement repouss�� l'ignoble assassin.
--Ah! mis��rable jacobin! s'��cria le becca?o, j'ai d��cid�� que vous vous embrasseriez, cette t��te et toi, et, mannaggia la Madonna! vous vous embrasserez.
Et il revint �� la charge.
Le chevalier, qui n'avait pour toute arme que son parapluie, se mit en d��fense avec son parapluie.
Mais, au cri ?Le jacobin! le jacobin!? pouss�� par le becca?o, tous les mis��rables qui venaient d'habitude �� ce cri ��taient accourus, et d��j�� un cercle mena?ant se formait autour du chevalier,--quand un homme fendit ce cercle, envoya, d'un coup de pied dans la poitrine, le becca?o rouler �� dix pas, tira son sabre, et, se pla?ant devant le chevalier:
--En voil�� un dr?le de jacobin! dit-il; le chevalier San-Felice, biblioth��caire de Son Altesse royale le prince de Calabre, rien que cela! Eh bien, continua-t-il en faisant le moulinet avec son sabre, que lui voulez-vous, au chevalier San-Felice?
--Le capitaine Michele! cri��rent les lazzaroni. Vive le capitaine Michele! il est des n?tres!
--Ce n'est point ?Vive le capitaine Michele!? qu'il faut crier; c'est ?Vive le chevalier San-Felice!? et cela tout de suite.
La foule, �� laquelle il est ��gal de crier: Vive un tel! ou Mort �� un tel! pourvu qu'elle crie, hurla d'une seule voix:
--Vive le chevalier San-Felice!
Seul, le becca?o s'��tait tu.
--Allons, allons, lui dit Michele, ce n'est point une raison parce que c'est devant la porte de son jardin que tu as re?u ta pile, pour que tu ne cries pas: ?Vive le chevalier!?
--Et s'il ne me pla?t pas de le crier, �� moi! dit le becca?o.
--Ce sera absolument comme si tu chantais, attendu qu'il me pla?t, �� moi, que tu le cries! Ainsi donc, continua Michele, vive le chevalier San-Felice, et tout de suite, ou je t'appareille l'autre oeil!
Et il fit tourner son sabre autour de la t��te du becca?o, qui devint tr��s-pale, encore plus de terreur que de col��re.
--Mon ami, mon bon Michele, dit le chevalier, laisse cet homme tranquille. Tu vois bien qu'il ne me conna?t pas.
--Et quand il ne vous conna?trait pas, serait-ce une raison pour vouloir vous forcer de baiser la t��te de ce malheureux qu'il a tu��? Il est vrai qu'il vaudrait mieux encore baiser cette t��te, qui est celle d'un honn��te homme, que la sienne, qui est celle d'un coquin.
--Vous l'entendez! hurla le becca?o, il appelle des jacobins des honn��tes gens!
--Tais-toi, mis��rable! Cet homme n'��tait pas un jacobin, tu le sais bien: c'��tait Antonio Ferrari, le courrier du roi et l'un des plus r��solus serviteurs de Sa Majest��. Et, si vous ne me croyez pas, demandez au chevalier. Chevalier, dites �� ces hommes qui ne sont point m��chants, mais qui ont le malheur de suivre un m��chant, dites-leur ce qu'��tait le pauvre Antonio.
--Mes amis, dit le chevalier, Antonio Ferrari, qui vient d'��tre tu��, a,
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