La Saga de Njal | Page 2

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supporter cette s��rie de meurtres qui se suivent l'un l'autre, coup pour coup, et que, tout en nageant dans le sang, on peut ne pas fermer les yeux sur la fermet��, la grandeur d'ame, les nobles sentiments, les fortes passions, les ��v��nements extraordinaires qui se r��v��lent sous ces dehors terribles. Et certes il y en a assez pour attirer l'attention, pour toucher et ��mouvoir, pour frapper et saisir, pour faire trembler et fr��mir, comme aussi pour provoquer des larmes.
Quelle abondance, quelle multiplicit�� n'y trouve-t-on pas de caract��res compl��tement trac��s et bien soutenus? C'est l��, si l'on fait attention �� l'��poque de la Saga, tout ce qu'on peut demander en fait d'art historique: un r��cit v��ridique, qui va droit au fond du coeur, simple et rude, sans ornement et sans ��clat, mais toujours marchant �� son noble but, faire aimer ce qui est grand, faire condamner ce qui est m��prisable. Quel homme que ce Gunnar! Brave quand il faut l'��tre, mais ami de la paix, l'effroi de ses ennemis, et en m��me temps le plus noble des hommes. Il n'aime pas �� se faire valoir devant les autres, �� se vanter de sa renomm��e, �� se mettre en vue, et pourtant il s'��l��ve au-dessus de tous. Cette grandeur, cette v��ritable noblesse se communique �� tout ce qui passe pr��s de lui, jusqu'au chien Sam qui tout d'abord le reconna?t pour son ma?tre, devine en quelque sorte sa pens��e et donne sa vie pour lui en hurlant pour l'avertir. Sa querelle avec Halgerd n'en est que plus saisissante. La beaut�� et les qualit��s brillantes s'allient en elle �� la plus terrible passion de vengeance. Pour se venger elle commet le plus bas, le plus m��prisable de tous les actes humains, elle vole. Pour se venger elle refuse �� son mari la supr��me ressource, une boucle de ses cheveux pour faire une corde d'arc, et elle le livre ainsi froidement �� la mort. C'est �� mon sens, le comble de l'art, ou plut?t la nature m��me prise sur le fait, que cet admirable instinct de fid��lit�� chez un animal mis en face de la r��voltante froideur d'une femme avide de vengeance. Njal aussi est noble, mais d'une autre fa?on. Il a de braves fils, mais lui-m��me ne se sert jamais d'aucune arme. La droiture s'allie chez lui �� un calme admirable, qui le suit jusqu'�� la mort quand il se couche avec sa femme et son enfant sur le lit o�� ils vont mourir; et ce calme prend �� son tour une teinte de prudence pleine de finesse, qui ne fait jamais le mal, mais regarde en face les ��v��nements sans s'��mouvoir et choisit en toute circonstance le moyen le plus s?r pour atteindre son but. Ce n'est pas sans raison que le r��cit tout entier est li�� �� sa vie, et tourne en quelque sorte autour de lui. Il est le h��ros du r��cit, sans en ��tre le personnage actif. Il est l��, comme un rocher dans la mer, de tous c?t��s environn�� de r��cifs o�� les flots viennent se briser autour de lui sans troubler son calme, et c'est par l�� que toute cette histoire, qui autrement se r��soudrait en morceaux d��tach��s, trouve son centre et son lien. La vie de Gunnar, la mort de Njal, la vengeance de Kari sont autant d'��v��nements qui, pris s��par��ment, peuvent faire l'objet d'un r��cit, et ici, tout m��l��s qu'ils sont �� bien d'autres ��v��nements, ils tiennent ensemble et forment un tout. Chaque personnage, pris en lui-m��me, est peut-��tre plus remarquable que Njal, mais l�� encore c'est le comble de l'art, ou plut?t c'est la nature m��me que d'avoir su mettre chaque personnage �� sa vraie place, en face des autres, pour laisser Njal s'��lever au-dessus de tous. Voil�� la vraie ��pop��e. �� c?t�� de Njal est Bergthora. Elle s'attache �� lui comme le flot qui vient laver le pied de la montagne. Elle aussi sent au fond du coeur le courroux et la vengeance,--peut-��tre l'auteur a-t-il pens�� que telle est la nature de la femme, toute les fois qu'elle s'��panche violemment au dehors,--mais c'est la vengeance contre un ennemi, contre une femme ennemie. Elle excite ses fils, mais elle met tranquillement sa t��te sur le sein de son mari; la volont�� de son mari est pour elle une loi, et son unique plaisir est ce qu'elle voit dans les yeux de son mari. Si ch��re que lui soit la vengeance, elle ne se r��soudrait jamais �� faire tuer si elle ne savait que son mari s'y est d��j�� pr��par��, parce qu'il en doit ��tre ainsi. Il le sait si bien qu'il a emport�� avec lui au ting l'argent qui doit ��tre pay�� pour les amendes.
Elle l'a suivi dans la mort, alors qu'elle ��tait libre de sortir, que m��me son ennemi l'engageait �� le faire,
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