qu'il 
ne serait pas désavoué par l'Allemagne. 
Au mois d'octobre 1886, M. Tisza s'exprima ainsi: «Lorsque j'ai eu 
pour la première fois, en 1868, l'occasion de me prononcer sur la 
question d'Orient, j'ai déclaré que s'il se produisait des changements 
dans cette région, nos intérêts exigeaient que les populations qui 
habitent ces pays devinssent des États indépendants. Je pense, comme 
notre ministre des affaires étrangères, que cette solution est encore 
aujourd'hui celle qui répond le mieux aux intérêts de notre monarchie et 
que celle-ci, repoussant toute idée d'agrandissement ou de conquête, 
doit employer tous ses efforts et toute son influence à favoriser le 
développement de ces États et à empêcher l'établissement, non admis 
par les traités, du protectorat ou de l'influence prépondérante d'une 
puissance étrangère dans la presqu'île des Balkans... Le gouvernement 
s'en tient à l'opinion déjà plusieurs fois exprimée par lui que, d'après les 
traités existants, aucune puissance n'est autorisée à prendre dans la 
péninsule des Balkans l'initiative d'une action armée isolée, non plus 
qu'à placer cette région sous son protectorat, et qu'en général toute 
modification dans la situation politique ou dans les conditions 
d'équilibre dans les pays balkaniques ne peut avoir lieu qu'en vertu d'un 
accord des puissances signataires du traité de Berlin.» 
Le 13 novembre, au sein de la commission des affaires étrangères de la 
Délégation hongroise siégeant à Pesth, le comte Kálnoky parla d'une 
façon non moins nette, faisant de plus allusion aux alliances sur 
lesquelles il croyait pouvoir compter: «Tant que le traité de Berlin est 
en vigueur, dit-il, les intérêts de l'Autriche-Hongrie seront en sécurité, 
et si nous étions forcés d'intervenir pour faire respecter ce traité, nous 
pourrions compter sur la sympathie et sur le concours de toutes les 
puissances qui sont décidées à maintenir les traités européens. L'an 
dernier, j'ai dit que l'union de la Bulgarie et de la Roumélie n'était pas
contraire à nos intérêts et que c'était la Turquie qui avait négligé de 
restaurer en Roumélie l'autorité qui lui était garantie par le traité de 
Berlin. Si cependant la Russie avait pris prétexte de cette union pour 
envoyer un commissaire en Bulgarie et pour y prendre en mains les 
rênes du gouvernement, et si elle avait pris des mesures pour occuper 
les ports ou le pays tout entier, nous aurions, quoi qu'il pût arriver, pris 
une décision. Mais le gouvernement crut qu'il était nécessaire d'abord 
de prévenir des actes semblables, et c'est dans ce sens que nous avons 
agi. Je pense qu'il est désirable que les discussions de nos Délégations 
montrent que personne dans notre monarchie ne veut la guerre. Tous 
nous désirons la paix, mais point cependant à tout prix.» 
Ces paroles de MM. Kálnoky et Tisza signifiaient clairement qu'une 
intervention armée de la Russie en Bulgarie serait un casus belli. Elles 
répondaient au sentiment général de l'Autriche-Hongrie, car les deux 
présidents élus des Délégations, M. Smolka pour la Cisleithanie, et M. 
Tisza, le frère du ministre, pour la Transleithanie, avaient, à l'ouverture 
des séances, prononcé des discours encore plus fermes et même plus 
belliqueux. «Les peuples de la monarchie, et en première ligne les 
Hongrois, avait dit M. Tisza, pensent avec raison que les grands intérêts 
qu'a le pays en Orient ne sauraient, à aucun prix, être abandonnés et 
qu'il faudrait les sauvegarder, dût-on même pour cela affronter un 
conflit armé.» De son côté, M. Smolka, après avoir constaté que 
l'empereur François-Joseph a su maintenir la paix, avait posé la 
question de savoir si, en présence des graves événements extérieurs, 
cette même paix est assurée pour l'avenir, et il avait répondu en élevant 
des doutes à cet égard. «Fidèle à sa tradition, avait ajouté M. Smolka, la 
Délégation, cette fois encore, ne se refusera pas à reconnaître que 
maintenant, plus que jamais, il convient de tout mettre en oeuvre pour 
que l'Autriche-Hongrie soit à même de prendre, dans le conseil des 
nations, la place qui impose le respect à laquelle elle a droit, de telle 
sorte qu'on sache bien que ses peuples loyaux sont fermement résolus à 
sauvegarder, quoi qu'il arrive, sa haute situation, à la défendre par tous 
les moyens, même par l'ultima ratio.» 
Dans son discours du 13 novembre, le comte Kálnoky avait clairement 
fait entendre qu'en barrant le chemin à la Russie, il pouvait compter sur
l'appui de l'Angleterre et de l'Italie. «Les vues identiques, avait-il dit, 
du gouvernement anglais, au sujet de l'importante question européenne 
engagée en ce moment, et son désir de maintenir la paix nous 
permettent d'espérer que l'Angleterre se joindrait aussi à nous, en cas de 
nécessité.» 
Quant à l'Italie, il avait insisté sur les relations amicales existant entre 
ce pays et l'Autriche-Hongrie et il avait admis «toute l'importance des 
intérêts de l'Italie comme puissance méditerranéenne, qui ne pouvait 
voir sans s'émouvoir un changement dans la balance des pouvoirs en 
Orient. L'Italie, de son    
    
		
	
	
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