sont deux statues à demi-couchées, vêtues de long, et ayant des tours 
sur leurs têtes. Celle qui tient sur ses genoux une couronne fermée et 
fleurdelisée, représente la France. L'autre tient un petit bouclier et 
quelques dards, et désigne l'Espagne. Elles se donnent la main en signe 
d'amitié et d'alliance. 
«L'himen qui est plus haut, au milieu d'un attique en manière de 
piédestal continu, semble approuver et confirmer cette union qu'il a fait 
naître. D'une main il tient son flambeau allumé, et de l'autre un 
mouchoir. Les extrémités de ce piédestal continu sont terminées par 
deux pyramides, aux pointes desquelles sont des fleurs de lys doubles 
et dorées de même que les boules qui portent ces pyramides. Tontes ces 
figures sont de Vanopstal, et de quatre pieds plus grandes que le 
naturel. 
«L'inscription qui est gravée en lettres d'or sur la grande table de 
marbre noir dont j'ai parlé, explique toute cette composition en nous 
disant que la paix des Pyrénées a été faite et cimentée par les armes 
victorieuses de Louis XIV, par les heureux conseils de la Reine Anne 
d'Autriche sa mère, par l'auguste mariage de Marie-Thérèse d'Autriche 
et par les soins assidus du Cardinal Mazarin. 
«Voici les termes dans lesquels cette inscription est conçue: 
Paci victricibus LVDOVICI XIV. Armis. Felicibus ANNÆ conciliis 
augustis. M. THERESIÆ nuptiis, assiduis Julii Cardinalis MAZARINI 
Curis Portæ fondatæ æternum firmatæ Præfectus Urbis Ædilesque 
sacravere Anno M. DC. LX 
«Les deux portes qui sont aux côtés de cette du milieu qui est la plus 
grande, n'ont été percées qu'en 1672. Comme il paroit par les 
inscriptions qui sont dans deux tables de l'attique sur l'une desquelles 
on lit:
LUDOVIGO MAGNO Præfectus et Ædiles Anno R. S. H.[12] 1672. 
«Sur l'autre de ces deux portes est écrit: 
Quod Urbem auxit, Ornavit, Locupletavit. P. C.[13]. 
[Note 12: R. S. H. signifient: Reparatæ salutis hominum.] 
[Note 13: P. C. signifient: Posuerunt Consules.] 
«Avant de quitter cette porte, je dois remarquer qu'elle est bâtie sur une 
des culées du Pont Dormant, ainsi nommé à cause que l'eau qui est 
dessous ne coule point, et est une eau dormante.» 
Enfin, on construisit les deux corps de garde avec fontaine publique, de 
la place Saint-Antoine et devant la Bastille (rue Saint-Antoine en face 
de l'entrée de la forteresse). 
[Illustration] 
 
DESCRIPTION DE LA BASTILLE EN 1789 
EN 1789, la Bastille se composait de huit grosses tours rondes de 73 
pieds de haut avec des murs de 6 pieds d'épaisseur. Elles étaient reliées 
par des massifs de même hauteur et de 10 pieds de large.--L'ensemble 
de ces tours et de ces massifs affectait la forme d'un parallélogramme 
irrégulier, légèrement en saillie du côté du faubourg. Les plates-formes 
garnies de créneaux et de machicoulis étaient armées de 15 pièces de 
canons. 
Un fossé large et profond l'isolait complètement. 
C'est en 1553, quand on modifia une partie des fortifications de la 
capitale, que fut construit, tel qu'il était en 1789, le bastion[14] destiné 
a protéger la Bastille en croisant ses feux avec celui de la poudrière[15] 
et celui de Saint-Antoine[16].
[Note 14: On lit dans Piganiol de la Force (1742), t. IV, p. 420: «Les 
fortifications qu'on y voit furent commencées le 11 d'Août de l'an 1533 
et ne furent achevées qu'en 1559. Elles consistent en une courtine 
flanquée de bastions, et bordée de larges fossés à fond de cuve. Les 
propriétaires de Paris furent taxés pour cette dépense, depuis quatre 
livres, jusqu'à vingt-quatre livres tournois.»] 
[Note 15: Ce bastion était situé à peu près vers le milieu du boulevard 
Bourdon actuel.] 
[Note 16: Cet autre bastion s'élevait sur l'emplacement actuel des 
premiers numéros pairs du boulevard Beaumarchais.] 
Chaque tour avait son nom: la tour de la Chapelle (À du plan, page 60) 
et celle du Trésor (B) furent les premières édifiées. Peu après on 
construisit la tour de la Liberté (C) et celle de la Bertaudière (D). À cet 
ensemble de quatre tours on ajouta celles du Coin (E) et du Puits (F). 
Enfin la tour de la Comté (G) et celle de la Bazinière (H) furent élevées 
les dernières. 
Tour de la Chapelle.--C'est dans cette tour, qu'au XVe siècle, se 
trouvait la chapelle de la Bastille qui fut ensuite transférée dans 
l'épaisseur du massif entre la tour de la Liberté et celle de la 
Bertaudière (P). Linguet en décrit ainsi l'intérieur: «Dans le mur d'un de 
ses côtés, celui qui faisait face à l'autel, il y avait six petites niches sans 
jour ni air. On y enfermait le prisonnier, qui ne pouvait voir l'officiant 
que par une lucarne vitrée et grillée, semblable à un tuyau de lunette. 
En revanche, il avait devant les yeux un tableau représentant Saint 
Pierre aux liens.» 
Tour du Trésor.--Ainsi nommée lorsque Henri IV y déposa les 
économies destinées à créer le Trésor de l'État. Marie de Médicis,    
    
		
	
	
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