LIle des Pingouins

Anatole France
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L'Ile des Pingouins

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Title: L'?le Des Pingouins
Author: Anatole France
Release Date: July, 2005 [EBook #8524] [This file was first posted on July 19, 2003]
Edition: 10
Language: French
Character set encoding: ISO Latin-1
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Juliet Sutherland, Tonya Allen, Charles Franks and the Online Distributed Proofreading Team.

ANATOLE FRANCE
DE L'ACADEMIE FRAN?AISE
L'ILE DES PINGOUINS
PARIS
1908

PRéFACE
Malgré la diversité apparente des amusements qui semblent m'attirer, ma vie n'a qu'un objet. Elle est tendue tout entière vers l'accomplissement d'un grand dessein. J'écris l'histoire des Pingouins. J'y travaille assidument, sans me laisser rebuter par des difficultés fréquentes et qui, parfois, semblent insurmontables.
J'ai creusé la terre pour y découvrir les monuments ensevelis de ce peuple. Les premiers livres des hommes furent des pierres. J'ai étudié les pierres qu'on peut considérer comme les annales primitives des Pingouins. J'ai fouillé sur le rivage de l'océan un tumulus inviolé; j'y ai trouvé, selon la coutume, des haches de silex, des épées de bronze, des monnaies romaines et une pièce de vingt sous à l'effigie de Louis- Philippe 1er, roi des Fran?ais.
Pour les temps historiques, la chronique de Johannès Talpa, religieux du monastère de Beargarden, me fut d'un grand secours. Je m'y abreuvai d'autant plus abondamment qu'on ne découvre point d'autre source de l'histoire pingouine dans le haut moyen age.
Nous sommes plus riches à partir du XIIIe siècle, plus riches et non plus heureux. Il est extrêmement difficile d'écrire l'histoire. On ne sait jamais au juste comment les choses se sont passées; et l'embarras de l'historien s'accro?t avec l'abondance des documents. Quand un fait n'est connu que par un seul témoignage, on l'admet sans beaucoup d'hésitation. Les perplexités commencent lorsque les événements sont rapportés par deux ou plusieurs témoins; car leurs témoignages sont toujours contradictoires et toujours inconciliables.
Sans doute les raisons scientifiques de préférer un témoignage à un autre sont parfois très fortes. Elles ne le sont jamais assez pour l'emporter sur nos passions, nos préjugés, nos intérêts, ni pour vaincre cette légèreté d'esprit commune à tous les hommes graves. En sorte que nous présentons constamment les faits d'une manière intéressée ou frivole.
J'allai confier à plusieurs savants archéologues et paléographes de mon pays et des pays étrangers les difficultés que j'éprouvais à composer l'histoire des Pingouins. J'essuyai leurs mépris. Ils me regardèrent avec un sourire de pitié qui semblait dire: ?Est-ce que nous écrivons l'histoire, nous? Est-ce que nous essayons d'extraire d'un texte, d'un document, la moindre parcelle de vie ou de vérité? Nous publions les textes purement et simplement. Nous nous en tenons à la lettre. La lettre est seule appréciable et définie. L'esprit ne l'est pas; les idées sont des fantaisies. Il faut être bien vain pour écrire l'histoire: il faut avoir de l'imagination.?
Tout cela était dans le regard et le sourire de nos ma?tres en paléographie, et leur entretien me décourageait profondément. Un jour qu'après une conversation avec un sigillographe éminent, j'étais plus abattu encore que d'habitude, je fis soudain cette réflexion, je pensai:
?Pourtant, il est des historiens; la race n'en est point entièrement disparue. On en conserve cinq ou six à l'Académie des sciences morales. Ils ne publient pas de textes; ils écrivent l'histoire. Ils ne me diront pas, ceux-là, qu'il faut être vain pour se livrer à ce genre de travail.
Cette idée releva mon courage.
Le lendemain (comme on dit, ou l'en demain, comme on devrait dire), je me présentai chez l'un d'eux, vieillard subtil.
--Je viens, monsieur, lui dis-je, vous demander les conseils de votre expérience. Je me donne grand mal pour composer une histoire, et je n'arrive à rien.
Il me répondit en haussant les épaules:
--à quoi bon, mon pauvre monsieur, vous donner tant de peine, et pourquoi composer une histoire, quand vous n'avez qu'à copier les plus connues, comme c'est l'usage? Si vous avez une vue nouvelle, une idée originale, si vous présentez les hommes et les choses sous un aspect inattendu, vous surprendrez le lecteur. Et le lecteur n'aime pas à être surpris. Il ne cherche
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