L'archipel en feu 
 
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Title: L'archipel en feu 
Author: Jules Verne 
Release Date: February 1, 2006 [EBook #17660] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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L'ARCHIPEL EN FEU *** 
 
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Jules Verne 
L'ARCHIPEL EN FEU 
(1884)
Table des matières 
I Navire au large II En face l'un de l'autre III Grecs contre Turcs IV 
Triste maison d'un riche V La côte messénienne VI Sus aux pirates de 
l'archipel! VII L'inattendu VIII Vingt millions en jeu IX L'archipel en 
feu X Campagne dans l'archipel XI Signaux sans réponse XII Une 
enchère à Scarpanto XIII À bord de la «Syphanta» XIV Sacratif XV 
Dénouement 
 
I 
Navire au large 
Le 18 octobre 1827, vers cinq heures du soir, un petit bâtiment levantin 
serrait le vent pour essayer d'atteindre avant la nuit le port de Vitylo, à 
l'entrée du golfe de Coron. 
Ce port, l'ancien Oetylos d'Homère, est situé dans l'une de ces trois 
profondes indentations qui découpent, sur la mer Ionienne et sur la mer 
Égée, cette feuille de platane, à laquelle on a très justement comparé la 
Grèce méridionale. Sur cette feuille se développe l'antique Péloponnèse, 
la Morée de la géographie moderne. La première de ces dentelures, à 
l'ouest, c'est le golfe de Coron, ouvert entre la Messénie et le Magne; la 
seconde, c'est le golfe de Marathon, qui échancre largement le littoral 
de la sévère Laconie; le troisième, c'est le golfe de Nauplie, dont les 
eaux séparent cette Laconie de l'Argolide. 
Au premier de ces trois golfes appartient le port de Vitylo. Creusé à la 
lisière de sa rive orientale, au fond d'une anse irrégulière, il occupe les 
premiers contreforts maritimes du Taygète, dont le prolongement 
orographique forme l'ossature de ce pays du Magne. La sûreté de ses 
fonds, l'orientation de ses passes, les hauteurs qui le couvrent, en font 
l'un des meilleurs refuges d'une côte incessamment battue par tous les 
vents de ces mers méditerranéennes.
Le bâtiment, qui s'élevait, au plus près, contre une assez fraîche brise 
de nord-nord-ouest, ne pouvait être visible des quais de Vitylo. Une 
distance de six à sept milles l'en séparait encore. Bien que le temps fût 
très clair, c'est à peine si la bordure de ses plus hautes voiles se 
découpait sur le fond lumineux de l'extrême horizon. 
Mais ce qui ne pouvait se voir d'en bas pouvait se voir d'en haut, 
c'est-à-dire du sommet de ces crêtes qui dominent le village. Vitylo est 
construit en amphithéâtre sur d'abruptes roches que défend l'ancienne 
acropole de Kélapha. Au-dessus se dressent quelques vieilles tours en 
ruine, d'une origine postérieure à ces curieux débris d'un temple de 
Sérapis, dont les colonnes et les chapiteaux d'ordre ionique ornent 
encore l'église de Vitylo. Près de ces tours s'élèvent aussi deux ou trois 
petites chapelles peu fréquentées, desservies par des moines. 
Ici, il convient de s'entendre sur ce mot «desservies» et même sur cette 
qualification de «moine», appliquée aux caloyers de la côte 
messénienne. L'un d'eux, d'ailleurs, qui venait de quitter sa chapelle, va 
pouvoir être jugé d'après nature. 
À cette époque, la religion, en Grèce, était encore un singulier mélange 
des légendes du paganisme et des croyances du christianisme. Bien des 
fidèles regardaient les déesses de l'antiquité comme des saintes de la 
religion nouvelle. Actuellement même, ainsi que l'a fait remarquer M. 
Henry Belle, «ils amalgament les demi-dieux avec les saints, les 
farfadets des vallons enchantés avec les anges du paradis, invoquant 
aussi bien les sirènes et les furies que la Panagia». De là, certaines 
pratiques bizarres, des anomalies qui font sourire, et, parfois, un clergé 
fort empêché de débrouiller ce chaos peu orthodoxe. 
Pendant le premier quart de ce siècle, surtout -- il y a quelque cinquante 
ans, époque à laquelle s'ouvre cette histoire -- le clergé de la péninsule 
hellénique était plus ignorant encore, et les moines, insouciants, naïfs, 
familiers, «bons enfants,» paraissaient assez peu aptes à diriger des 
populations naturellement superstitieuses. 
Si même ces caloyers n'eussent été qu'ignorants! Mais, en certaines 
parties de la Grèce, surtout dans les régions sauvages du Magne,
mendiants par nature et par nécessité, grands quémandeurs de drachmes 
que leur jetaient parfois de charitables voyageurs, n'ayant pour toute 
occupation que de donner à baiser aux fidèles quelque apocryphe image 
de saint ou d'entretenir la lampe d'une niche de sainte, désespérés du 
peu de rendement des dîmes, confessions, enterrements et baptêmes, 
ces pauvres gens, recrutés d'ailleurs dans    
    
		
	
	
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