dans les actes quotidiens de la vie, tu éprouves la nécessité 
de l'existence d'un Dieu? Tu vis sans lui et en dehors de lui, et n'y 
songerais jamais si certains n'avaient intérêt à sans cesse te rappeler son 
nom et à affirmer son existence. 
Et ceux-là sont les exploiteurs de tes faiblesses et de tes lâchetés. 
Oui, Dieu est nécessaire pour établir le dogme de l'autorité et de la 
hiérarchie. C'est sur l'idée de son existence qu'est basée toute 
l'organisation anti-égalitaire de la Société. 
L'idée de Dieu est le substratum de toute domination qui, ne pouvant se 
justifier par aucun autre titre, s'en réfère à une sorte d'investiture 
céleste. 
Pour le roi, pour le chef, pour le possédant, pour l'accapareur, l'idée de 
Dieu est nécessaire parce que c'est d'elle seule qu'ils tiennent 
l'apparence d'un droit. Ils ont inventé le maître pour pouvoir s'en 
déclarer les délégués et opprimer les masses en son nom. 
Dieu est nécessaire pour le propriétaire: car s'il n'avait pas inventé cette 
fiction d'un Dieu répartiteur du sol, il n'aurait pu imaginer cette sinistre 
fantaisie de l'appropriation perpétuelle, fondée sur la conquête, 
c'est-à-dire sur le vol. C'est la Force qu'ils ont acclamée Dieu, et toutes 
leurs énergies se sont concentrées sur la défense de ce mensonge, qu'ils 
utilisèrent à leur profit. 
L'idée de Dieu n'est nécessaire que pour les oppresseurs, pour les 
envahisseurs, pour les négateurs du droit collectif. 
Pour l'inculquer aux masses, on a eu l'infernale habileté de la 
compliquer de l'idée de compensation. Qui a souffert sur la terre jouira 
d'un bonheur éternel. Plus vous aurez été malheureux ici-bas, et plus 
vous serez heureux dans le ciel. 
D'où la résignation, d'où l'abandon par l'homme du bien qui lui
appartient, la terre, au profit des brutaux et des aigrefins. 
À ceux-là, l'idée de Dieu est nécessaire parce que, grâce à elle, ils ont 
pu, pendant des siècles, arrêter les revendications du droit humain, 
parce que les ignorants, les humbles, les faibles ont été courbés sous la 
violence, et ont baisé la main qui les frappait et les dépouillait, dans 
l'espoir insensé d'une revanche céleste. 
Libère-toi de l'idée de Dieu, et, ne t'hypnotisant plus dans la 
contemplation du ciel, regarde la terre. C'est là ton outil de bien-être. 
Tu n'admettras plus que quelques-uns détiennent les biens qui sont à 
tous, tu n'admettras plus d'être soumis, pour toutes les nécessités de la 
vie, aux spéculations qui sont des meurtres organisés. 
Tu sentiras que la charité qui est faite au nom de Dieu n'est en réalité 
que la perpétuation de la misère. 
Tu sentiras la vérité de cette parole trop tôt proférée pour qu'elle fût 
bien comprise: 
Dieu, c'est le mal. 
Car Dieu, c'est la tyrannie sous toutes ses formes, c'est la propriété avec 
tous ses accaparements, c'est la divinisation de la souffrance, c'est la 
négation du droit au bien-être, au bonheur, à la jouissance des biens 
terrestres. C'est la souillure de nos aspirations physiques, de l'amour, de 
la génération. C'est la déshumanisation de l'humanité. 
Et cette idée, qui ne produit que de la souffrance, de la haine, de 
l'iniquité, serait nécessaire, fatale! 
Ceux qui disent cela et se croient de pensée libre sont des pusillanimes 
qui n'osent point user de leur raison. 
Il est au contraire nécessaire que l'idée de Dieu s'efface et disparaisse. 
Alors seulement, l'homme sera maître de sa force cérébrale tout entière 
et appliquera son effort à la réalisation du bien-être général, par 
l'exploitation solidaire du seul domaine qui soit à sa portée, la terre.
L'esprit désobscurci du préjugé religieux, l'homme exercera sa pensée 
réellement libre, et pour lui, la vie changera de face. Cette liberté 
reconquise, il en usera dans toutes les circonstances, les préjugés 
engourdisseurs disparaîtront un à un et la vraie lumière éclatera. 
Voyons maintenant le penseur--déjà libéré du mensonge divin--aux 
prises avec les autres faux axiomes qui n'en sont d'ailleurs que des 
résultantes. 
* * * 
Te voilà au milieu des hommes, tes semblables, et en face de la terre 
dont, eux et toi, vous devez tirer votre subsistance. 
Les hommes sont tes égaux, tu es leur égal. 
Ici je te demande un peu d'attention. 
Quand tu parles d'égalité, aussitôt on te rabroue, en affirmant que 
l'égalité est une utopie, que la nature même la dénie, que les hommes 
viennent sur la terre avec des organismes dissemblables, les uns plus 
forts, les autres plus débiles; les uns, très intelligents, les autres, de 
faible cerveau, et de ces prémisses, on part pour justifier les inégalités 
sociales, la misère en face de la richesse, le salariat et le capitalisme, 
l'ignorance et l'éducation supérieure, et par suite, la bataille humaine 
avec ses égorgements et ses épouvantes. 
Et l'égalitaire se trouve pris de court et hésite à répondre. 
C'est qu'en ce point, comme dans toutes les discussions sociales, nous 
nous laissons tromper par une définition fausse, passée    
    
		
	
	
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