Journal des Goncourt (Troisième volume)

Edmond de Goncourt
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Journal des Goncourt (Troisième volume)

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Title: Journal des Goncourt (Troisième volume) Mémoires de la vie littéraire
Author: Edmond de Goncourt, Jules de Goncourt
Release Date: November 21, 2005 [EBook #17123]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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JOURNAL DES GONCOURT MéMOIRES DE LA VIE LITTéRAIRE
TROISIèME VOLUME 1866-1870.

PARIS, G. CHARPENTIER ET Cie, éDITEURS, 11, RUE DE GRENELLE. 1888
QUATRIèME MILLE

JOURNAL DES GONCOURT

ANNéE 1866
_1er janvier_.--Le Havre. J'entendais, ce soir, à table d'h?te, des capitaines de vaisseaux marchands, parler, la rougeur au front, du règne de la paix à tout prix de Louis-Philippe, et où le canon fran?ais saluait toujours le premier. Un gouvernement a encore plus besoin qu'un homme, de donner de lui l'idée qu'il est capable de se battre.
* * * * *
--J'avais bu hier du porto. Voici ce que j'ai rêvé cette nuit.
J'arrivais en Angleterre avec Gavarni. A l'entrée d'un jardin, où se pressait beaucoup de monde, j'ai perdu Gavarni.
Alors je suis entré dans une maison, et je me suis senti transporté, comme par des changements à vue, de pièce en pièce, où des spectacles extraordinaires m'étaient donnés.
De ces spectacles, je ne me rappelle que cela; le reste avait disparu de moi au réveil,--quoique j'aie gardé une vague conscience que cela avait duré longtemps, et que bien d'autres scènes s'étaient déroulées dans mon rêve. J'étais dans une chambre, et un monsieur, en chapeau noir, donnait de furieux coups de tête dans les murs, et au lieu de s'y briser la tête, y entrait, en sortait, y rentrait encore. Puis je me trouvais couché dans une grande salle, sur un lit, dont la couverture était faite de deux figures pareilles à ces monstrueux masques de grotesques des baraques de saltimbanques, et cette couverture à images en relief se levait et s'abaissait sur moi, et bient?t la couverture ne fut plus faite de ces visages de carton, mais d'un dessus d'homme et d'un devant de femme, semblables à ces peaux de bêtes dont on fait des descentes de lit, et d'un immense semis de fleurs, à propos desquelles je faisais la remarque que j'avais la sensation de leurs couleurs, mais non la perception:--la couleur dans le rêve est comme un reflet dans les idées et non une réflexion dans l'oeil. Et cela aussi, fleurs et couple, s'agitait sur moi, absolument comme les flots de la mer du théatre, et sur tout mon corps, je sentais un chatouillement dardé.
Après, dans une autre salle, étroite, haute comme une tour, j'étais attaché par les pieds, la tête en bas, nu, sous une cloche de verre, et il me tombait sur le corps une masse de petites étincelles, d'une lumière verdatre, qui m'enveloppaient la peau, et qui à mesure qu'elles tombaient, me procuraient le sentiment de fra?cheur d'un souffle sur une tempe baignée d'eau de Cologne.
Enfin j'étais lancé, précipité de très haut, et j'éprouvais une volupté non pas douloureuse, mais d'une anxiété délicieuse: il me semblait passer par des épreuves ma?onniques, dont je n'avais pas l'effroi, mais dont la surprise m'apportait un imprévu saisissant.
C'étaient des jouissances, comme l'émotion d'un péril d'où l'on serait s?r de sortir, et qui vous ferait passer dans le corps un frisson de plaisir peureux.
* * * * *
--La Normandie est le pays de tous les poncifs: l'architecture gothique, le port de mer, la ferme rustique avec de la mousse sur le toit.
--Balzac a supérieurement compris la mère dans BéATRIX, dans LES PARENTS PAUVRES, etc. Les petites pudeurs n'existent pas pour les mères: elles sont, comme les saintes et les religieuses, au-dessus de la femme. Une mère est tombée chez moi, un matin, me demander où était son fils, en me disant qu'elle irait le chercher n'importe où!--On devine le n'importe où.
--C'est un malheur pour voyager en France d'être Fran?ais. L'aile du poulet d'une table d'h?te va toujours à l'Anglais. Et pourquoi? C'est qu'un Anglais ne regarde pas le gar?on comme un homme, et que tout domestique qui se sent considéré comme un être humain, méprise celui qui le regarde ainsi.
--En France, la femme se perd bien plus par le romanesque que par l'obscénité de ce qu'elle lit.
* * * * *
_6 janvier_.--D?né avec Flaubert à Croisset. Il travaille décidément quatorze heures par jour. Ce n'est plus du travail: c'est la Trappe. La princesse lui a écrit de nous, au sujet de notre préface: ?Ils ont dit la vérité,
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