pénétrante action sur la jeunesse. 
J'espère y arriver, car je vois que vous êtes très ouverts à la vérité, et 
par conséquent très disposés à m'aider dans cette démonstration qui est 
tout à fait digne de l'attention la plus sérieuse. (Applaudissements.) 
Les résultats obtenus par la pratique constante et habituelle des 
exercices de plein air et des sports athlétiques sont nombreux: je vous 
signalerai les principaux. 
Le premier, c'est le développement, la multiplication de l'activité 
physique. Mais, direz-vous, ce n'est pas là une vertu morale! Comment, 
Messieurs, l'activité physique n'est pas une vertu morale? Convenez du 
moins qu'elle est la condition de grandes vertus morales? N'a-t-on pas 
dit spirituellement et en toute vérité que la propreté et l'hygiène étaient 
des vertus? Pourquoi, alors, n'en pourrait-on pas dire autant de l'activité 
physique? Quand vous verrez des enfants inertes, paresseux 
physiquement, soyez certains qu'ils le sont moralement, et quand vous 
voyez des enfants actifs jusqu'à la turbulence, soyez sûrs qu'il y a en 
eux des vertus en germe. Eh bien! cette mise en activité des vertus 
physiques par les exercices de plein air, voilà le premier résultat obtenu 
par les sports athlétiques. 
Le second, c'est l'esprit de combativité et de lutte. 
De même que dans la plupart des enfants, Mesdames, vous observez 
une paresse native qu'il faut vaincre à tout prix, parce que cette paresse 
native se répand dans toutes les facultés et les endort, de même vous 
surprenez en eux une lâcheté originelle. L'enfant commence par avoir 
peur: l'humanité est d'abord craintive et timide. Il faut qu'elle fasse 
preuve de vaillance, et pour cela il est nécessaire de développer l'esprit 
de combativité. (Vifs applaudissements.)
Ne vous effrayez pas de cet esprit. Peut-être, direz-vous, nous ne 
pourrons plus tenir nos enfants, ils seront toujours ivres de luttes, 
toujours rêvant plaies et bosses. N'oubliez donc jamais que les 
combatifs sont les forts, que les forts sont les bons, mais que les 
paresseux sont les rusés et les faibles, et que les faibles sont dangereux, 
parce qu'ils sont traîtres. (Applaudissements.) 
Développons donc l'esprit de combativité, c'est-à-dire l'amour de la 
lutte: tel est le but. Il y a un obstacle, renversons-le! Mais si nous le 
tournions, ne pouvant le renverser? Soit! Mais si, en le tournant, nous 
sommes poursuivis, ne craignons pas d'attaquer. Voilà l'esprit combatif, 
voilà une des plus belles vertus physico-morales de l'homme, car si 
l'homme contient en germe une lâcheté native, il possède également en 
germe une bravoure native. Et il s'agit de savoir qui l'emportera, de la 
lâcheté ou de la bravoure. Les sports font prédominer l'esprit de 
combativité, c'est-à-dire l'esprit de vaillance et de bravoure originelles 
qui dorment chez l'enfant. Les sports font de l'enfant un adolescent 
vaillant, qui ne sait pas se détourner devant l'obstacle et qui n'a de 
tranquillité qu'après l'avoir brisé, dompté, vaincu. 
Le troisième résultat consiste à donner la force ou l'endurance. 
L'être fort, c'est celui qui sait endurer, ce n'est pas toujours celui qui 
attaque,--l'être fort se révèle bien plus par l'endurance et la 
patience,--c'est celui qui ne recule jamais. Voilà l'adolescent qu'il faut 
fabriquer, et, certes, il n'est pas difficile d'en fabriquer de semblables 
dans le pays des Gaulois. Ce ne sont pas les Gaulois qui sont des 
paresseux, ils sont trop gais, trop expansifs. Ce sont toujours ceux qui 
ne craignaient rien qu'une chose: «que le ciel ne tombât sur leurs têtes.» 
Ils poussaient la force jusqu'à la présomption. Eh bien, je le déclare 
hautement, je préfère les présomptueux aux timides. 
(Applaudissements.) 
Je vais dire quelque chose qui va plaire aux mères françaises, que je 
crois bien connaître. Elles ont toujours peur, les mères françaises, elles 
ont le génie de la préservation. Permettez-moi donc de vous donner, 
Mesdames, un moyen de préserver vos fils, c'est-à-dire d'en faire des 
tempérants qui n'aiment ni le vin ni l'alcool, qui ne commencent pas à
fumer à douze ans, qui savent mettre le plaisir à sa place. 
J'ai observé et j'observe tous les jours que, dans le milieu où il nous a 
été donné à M. de Coubertin et moi d'organiser ces associations 
athlétiques, ces jeunes gens ne fument presque pas, ne vont pas sur les 
champs de courses pour parier; qu'ils sont très modérés et qu'en fait de 
plaisirs, ils pourraient arriver à donner des leçons, non seulement à 
Épicure qui était un raffiné de modération, mais à l'autre, le chef des 
stoïques, qui était un austère, et j'ai observé aussi qu'ils savaient se 
priver, se condamner même à une dure hygiène dans un but supérieur. 
Pour compléter ces résultats d'ordre moral et psychique, je vous en 
signalerai un autre d'ordre civique. 
Les sports, en groupant la jeunesse pour un but qui répond à sa nature, 
à son besoin de mouvement, font les natures unies et préparent le bon 
groupement de l'école. S'il m'est permis de parler de    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
