approche; c'est à toi que je 
remets ces témoins muets. Non contens de ce meurtre abominable, les 
lâches se sont encore emparés de l'argent que je portais et de quatre 
médailles; ils en ont chacun deux sur eux en ce moment.» 
»Voilà, juges et concitoyens, ce que j'avais à dire. La mort redemande 
sa proie; la nature ne peut souffrir plus long-temps que son ordre soit 
troublé. Mon corps va se rendre au néant et mon âme à sa destination.» 
A mesure qu'Olivier prononçait ces derniers mots d'une voix faible et 
languissante, on voyait son corps se flétrir, son visage se décolorer, son 
oeil s'éteindre; il retomba enfin dans l'état de mort, dont une main
puissante venait de le retirer. Un engourdissement profond, une froide 
stupeur s'étaient emparés de l'assemblée à la vue de ce prodige; mais 
bientôt des cris d'indignation succédèrent au plus morne silence. Tous 
les indices donnés par Olivier, furent vérifiés et trouvés véritables. Les 
scélérats furent condamnés au dernier supplice, et traînés sur l'échafaud, 
où ils expirèrent chargés de malédictions. 
Olivier vengé, apparut à Baudouin, sous la forme aérienne que nous 
donnons aux anges de lumière. Il engagea son ami à épouser la 
charmante Appolline; et le vengeur d'Olivier devint aisément son 
successeur. Le père d'Appolline mourut de chagrin d'avoir vu son fils 
monter sur l'échafaud. Sa mort laissa sa fille libre de contracter un 
mariage auquel ses autres parens l'engageaient vivement. Les deux 
époux vinrent s'établir à Paris; leur union fut heureuse, et Olivier, sans 
cesse présent aux yeux de Baudouin, lui servit de guide jusqu'à la mort. 
 
SPECTRES QUI EXCITENT LA TEMPÊTE 
Le prince de Radziville, dans son Voyage de Jérusalem, raconte une 
chose fort singulière dont il a été le témoin: 
Il avait acheté en Égypte deux momies, l'une d'homme, l'autre de 
femme, et les avait enfermées secrètement dans des caisses qu'il fit 
mettre dans son vaisseau, lorsqu'il s'embarqua à Alexandrie pour 
revenir en Europe. Il n'y avait que lui et deux domestiques qui le 
sussent, parce que les Turcs ne permettent que difficilement qu'on 
emporte ces momies, croyant que les chrétiens s'en servent pour des 
opérations magiques. Lorsqu'on fut en mer, il s'éleva une tempête qui 
revint à plusieurs reprises avec tant de violence, que le pilote 
désespérait de sauver son vaisseau. Tout le monde était dans l'attente 
d'un naufrage prochain et inévitable. Un bon prêtre polonais, qui 
accompagnait le prince de Radziville, récitait les prières convenables à 
une telle circonstance; le prince et sa suite y répondaient. Mais, le 
prêtre était tourmenté, disait-il, par deux spectres (un homme et une 
femme), noirs et hideux, qui le harcelaient et le menaçaient de le faire 
mourir. On crut d'abord que la frayeur et le danger du naufrage lui avait
troublé l'imagination. Le calme étant revenu, il parut tranquille; mais la 
tempête recommença bientôt. Alors ces fantômes le tourmentèrent plus 
fort qu'auparavant, et il n'en fut délivré que quand on eût jeté les deux 
momies à la mer, ce qui fit en même temps cesser la tempête. 
 
L'ESPRIT DU CHÂTEAU D'EGMONT. 
ANECDOTE. 
On lit l'anecdote qui suit dans le Segraisiana: «M. Patris avait suivi M. 
Gaston en Flandre; il logea dans le château d'Egmont. L'heure du dîner 
étant venue, et étant sorti de sa chambre pour se rendre au lieu où il 
mangeait, il s'arrêta en passant à la porte d'un officier de ses amis, pour 
le prendre avec lui. Il heurta assez fort. Voyant que l'officier ne venait 
pas, il frappa une seconde fois, en l'appelant par son nom. L'officier ne 
répondit point. Patris ne doutant pas qu'il ne fut dans sa chambre, parce 
que la clef était à la porte, ouvrit, et vit en entrant son ami assis devant 
une table et comme hors de lui-même». 
Il s'approcha de fort près et lui demanda ce qu'il avait? L'officier 
revenant à lui, dit à son ami: «Vous ne seriez pas moins surpris que je 
le suis, si vous aviez vu comme moi ce livre changer de place, et les 
feuillets se tourner d'eux-mêmes». C'était le livre de Cardan sur la 
subtilité.--«Bon! dit Patris, vous vous moquez; vous aviez l'imagination 
remplie de ce que vous venez de lire, vous vous êtes levé de votre place, 
vous avez mis vous-même le livre à l'endroit où il est, vous êtes revenu 
ensuite à votre fauteuil, et ne trouvant plus votre livre auprès de vous, 
vous avez cru qu'il était allé là tout seul. Ce que je vous dis est très-vrai, 
reprit l'officier, et pour marque que ce n'est pas une vision, c'est que la 
porte que voilà s'est ouverte et refermée, et c'est par-là que l'esprit s'est 
retiré[1].....» Patris alla ouvrir cette porte qui donnait sur une galerie 
assez longue, au bout de laquelle il y avait une grande chaise de bois, si 
pesante que deux    
    
		
	
	
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